Un sondage qui fait mal

david lemelinDavid Lemelin (Photo : Courtoisie)

Le sondage a été publié avec un résultat étonnant : l’ancien ministre libéral Sam Hamad chauffe le maire Bruno Marchand dans les intentions de vote.

Une chronique de David Lemelin

Ça laisse présager une campagne serrée…

Le positif? Une campagne serrée, c’est une bonne nouvelle, car elle poussera les candidats à ne rien négliger, à se défoncer pour l’emporter. Ça rendra la campagne plus intéressante (ça, perso, ça ne me dérange pas), mais surtout, les candidats devront communiquer avec efficacité, plus que lorsque c’est gagné à l’avance. Je l’ai vu de près : Labeaume ne se forçait pas en campagne. Il bougonnait, il se répétait… il n’a même pas été bon dans son débat contre moi, au Capitole, en octobre 2013. Il a pris ça « easy ».

Le négatif? Je ne peux pas croire que Sam Hamad serait de retour.

On est à 39% pour Marchand contre 37% pour Hamad, avec un taux de satisfaction à 46% et d’insatisfaction à 44%. Et pire encore : 53% des répondants souhaitent un changement à la mairie. C’est loin d’être une bonne nouvelle pour Marchand. Il y a certes 64% des gens qui estiment que Québec va plutôt bien, mais je ne pense pas que le maire s’attendait à des chiffres aussi dévastateurs.

Il paie sans aucun doute surtout le prix du tramway, de ses délais, dépassements, hésitations, ratés…

Or, si j’ai à choisir, j’opte sans hésiter pour Marchand. Il a les deux pieds bien ancrés en 2024. Ses valeurs sont connues et sont les bonnes… sa capacité d’action, elle, est plus problématique. On l’a vu avec le tramway: Legault l’a sans peine tassé dans un coin. J’ai déploré ce leadership hésitant, surtout dans la première année de son mandat. On dira que c’est normal : il apprenait le boulot. D’accord.

Mais aujourd’hui, le métier a commencé à rentrer. Quand il n’est pas baveux pour rien, Marchand est pertinent et efficace. Il n’a pas le poids ou le panache de L’Allier, mais faudra aussi réaliser une chose : L’Allier était une exception, pas la règle. Labeaume a eu du front, mais les dommages collatéraux ont été trop nombreux pour que je considère cela comme étant du panache.

Bref, Marchand (à moins qu’il ne se présente quelqu’un d’une trempe exceptionnelle) me semble tout désigné pour poursuivre le travail.

Mais Sam Hamad?

On dit que ce serait un choc des visions rendant la campagne passionnante. Mets-en!

Est-ce que ce serait la ville-centre contre les banlieues? Probablement. Quand on regarde la carte électorale de Québec, on voit aisément cette distinction qui existe (et persiste) entre le centre-ville et les banlieues. L’insatisfaction à l’endroit de Marchand est plus forte en banlieue. L’opposition au tramway aussi. Hamad ramasse sûrement toutes ses intentions dans le présent sondage.

Mais, la campagne n’a pas été menée encore. Hamad a un bilan. Pas rose. Surtout à la fin. Et il lui faudra s’en débarrasser. L’équipe de Marchand (et la presse) veilleront à rappeler sa sortie de piste où on l’a vu mêlé de près à du financement politique pour le moins douteux le plaçant en situation de conflit d’intérêts.

La vérificatrice générale n’a pas blâmé Hamad, c’est vrai. Elle a parlé d’un « certain flou » dans l’aide financière octroyée à l’entreprise soutenue par Hamad. Mais, comme l’a dit Jackie Smith, à Québec, l’image que traine l’ancien ministre est associée aux années de corruption de l’ère Charest. Ça n’a pas été chic du tout. C’est ce qui a poussé Smith à dire qu’Hamad est un politicien d’une autre époque, révolue, aux pratiques « nébuleuses ».

On parle d’image, bien sûr. Mais, l’image, en politique, c’est ce qu’on voit en premier. Ça a du poids. Après tout, la firme de génie-conseil Roche (où Hamad a travaillé) avait décidé de changer de nom au terme de la Commission Charbonneau. Ça devait être parce que l’image, ça compte…

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