Le Courrier de Limoilou : un journal de quartier à découvrir!

courrier limoilou(Photo : Courtoisie)

*Cet article est publié dans le cadre d’une série de textes historiques portant sur Le Courrier de Limoilou. Écrit par Karim Chahine et Julien Renaud-Belleville, deux jeunes historiens résidents du Vieux-Limoilou, ces textes vous permettront de plonger dans l’histoire de ce journal de quartier publié de 1934 à 1975. Ce projet de recherche a été réalisé grâce au soutien de la mesure Première Ovation dans le cadre de l’Entente de développement culturel intervenue entre le gouvernement du Québec et la Ville de Québec.

Par Karim Chahine et Julien Renaud-Belleville

Pendant plus de 40 ans, le quartier Limoilou a eu son propre journal connu sous le nom de Courrier de Limoilou.

Aujourd’hui peu connu des limoulois et limouloises, ses centaines de numéros ont heureusement été conservées dans les archives de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec, de la Ville de Québec et de Bibliothèque et de Bibliothèque et archives nationales du Québec.

Publié de 1934 à 1975, Le Courrier de Limoilou était d’abord publié une fois par mois. Puis, dès le mois de mars 1935, fort de son rapide succès, la direction annonce que le périodique sera dorénavant publié le 1er et le 15 de chaque mois.

Il en sera généralement ainsi durant toute l’existence du journal.

Un journal de plus en plus populaire

Son nombre de pages et son tirage ont énormément varié avec le temps. L’augmentation du nombre de copies distribué va de pair avec l’ajout de nouvelles paroisses dans le quartier.

De ces quatre pages et deux ou trois-mille copies à ses premières années, il est ensuite passé à huit pages et 10 000 copies au courant des années 1950 avant d’atteindre une longueur pouvant varier de douze à vingt-quatre de pages et un de tirage de 25 000 copies. Pas mal pour un journal de quartier!

D’ailleurs, sa distribution a dépassé les berges de la rivière Saint-Charles, puisque le journal est rapidement devenu l’« organe officiel des quartiers Limoilou et St-Roch » puis, éventuellement, l’« organe officiel de Québec-Est », c’est-à-dire la circonscription électorale fédérale où se trouve alors le quartier Limoilou.

Même que dans un numéro de janvier 1961, on annonce en première page que le Courrier passerait à 35 000 copies et qu’il serait distribué dans les paroisses de l’Île d’Orléans et de la côte de Beaupré. Ce projet ambitieux n’a finalement jamais vu le jour.

Un journal de Limoilou pour Limoilou

Fondé par G.-Lucien Émond, un natif du quartier Limoilou, il est ensuite passé entre les mains de son fils, Jean-Marc Émond, en 1963. C’est ensuite Aline Émond, la femme de ce dernier, qui a pris la relève de la direction du bimensuel du quartier.

Deux ans après la publication du dernier numéro, soit en 1977, l’ancien journaliste Bernard Cleary tente de faire revivre le Courrier sous le nom Le nouveau Courrier de Limoilou, mais l’expérience échouera après moins d’un an.

Dès son premier numéro en 1934, la direction du Courrier de Limoilou affiche sa volonté d’être un journal « complètement libre de la politique quelle qu’elle soit ».

Publié sous la devise « coopération et justice », le journal annonce qu’il a « pour but de faire connaître à tous, les principales améliorations que le quartier peut avoir et créer l’union de bonne entente entre tous les citoyens ».

Ainsi, on peut lire en en-tête de chaque numéro le descriptif suivant : « Organe libre et indépendant au service des intérêts religieux, économiques et sociaux du quartier Limoilou ».

Le Courrier de Limoilou est pleinement enraciné dans le quartier. Ses locaux, bien qu’ils aient changé d’adresse à plusieurs occasions, ont toujours été situés en plein cœur de ce que nous désignons de nos jours comme le Vieux-Limoilou.

Tout a commencé au 1, rue St-Martial. Puis, probablement au cours de l’année 1948, les locaux du Courrier déménagent juste à côté au 40, Royal-Roussillon.

En 1953, les bureaux du bimensuel seront déménagés au 2e étage 1066, 3e Avenue, à deux pas de l’ancien théâtre Lairet. Puis, vraisemblablement au milieu des années 1950, on déménagea au 201, rue Des Lilas Est.

Comme un article publié en 1951 intitulé « Le journal de quartier » l’indique, « ce qui distingue tout particulièrement le simple journal de quartier du grand hebdomadaire local, c’est avant tout le public pour lequel il est conçu.

Si le premier, par son importance vise le général, le second, par conséquent, s’attachera un public bien à lui et partant, particulier » (15 novembre 1951).

L’auteur du texte conclut qu’il importe de « continuer à faire claironner bien haut [son] quartier ».

Les colonnes du Courrier

Les textes qu’on retrouve dans le Courrier de Limoilou sont de nature très diverses.

La première page permet généralement de diffuser des textes en lien direct avec l’actualité du quartier et de la Ville de Québec, tandis que le reste des pages est consacré à des textes variés, souvent repiqué à d’autres journaux d’ici et d’ailleurs.

Textes historiques, histoire diverse, textes informatifs, chroniques sur la signification des songes ou des prénoms, les fameuses recettes qui ont d’ailleurs été publiées par la Société historique de Limoilou en 2010, etc. Bref, de tout pour divertir les lecteurs et les lectrices du quartier.

Le Courrier de Limoilou, par sa publication et la vie sociale qu’il a mises en place a participé activement à définir et à pérenniser une identité spécifiquement limouloise en marge d’autres vecteurs d’appartenance comme celui de la ville de Québec, de la basse-ville ou de la banlieue.

Encore aujourd’hui, les rémanences de cette identité persistent à donner au quartier en sentiment d’appartenance qui fait aujourd’hui sa renommée.

Cette identité urbaine distincte a certainement été attisée par les quarante et un ans d’existence du Courrier de Limoilou.

Commentez sur "Le Courrier de Limoilou : un journal de quartier à découvrir!"

Laissez un commentaire

Votre courriel ne sera pas publié.


*


Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.