Un livre pour reprendre le contrôle de son corps

ariane michaud livre corpsL'intention première qu'avait Ariane Michaud en publiant ce livre est d'avoir un regard bienveillant sur l'enjeu d'acceptation de soi. (Photos : L'instant même)

Saint-Sauveur – Ariane Michaud nous parle de son premier livre, intitulé Ma laideur n’influence personne, dans lequel elle raconte avec humour des anecdotes sur des parties de son corps qu’elle n’aimait pas étant adolescente.

Par Mélissa Gaudreault

Pour en résumer les grandes lignes, c’est une réflexion sur le corps des femmes, l’adolescence, la beauté et l’influence des médias sociaux.

Cette œuvre qui est à la fois humoristique, personnelle, une ode à l’amour de soi et avec un potentiel à engendrer le débat sera disponible en librairie dès le 13 février, juste à temps pour la Saint-Valentin, la fête de l’amour.

Dans Ma laideur n’influence personne, Ariane Michaud porte « un regard quand même humoristique sur le corps » en racontant à chaque chapitre des expériences qu’elle a vécues en lien avec différentes parties de son corps qu’elle avait du mal à accepter à l’adolescence.

Son but est « de regarder le rapport, l’amour et la haine que j’ai eu pour ces parties du corps, surtout à l’adolescence, mais aussi qui remonte à l’enfance, pour essayer de le regarder avec les yeux que j’ai actuellement en tant qu’adulte. C’est de constater que tout ce qui était des souffrances quand on était adolescent, on peut regarder ça aujourd’hui et en rire un peu, avoir un regard différent là-dessus. C’est vraiment une œuvre sur toutes les parties de mon corps que je n’aimais pas, que je trouvais laides, et que j’aurais aimé changer quand j’étais plus jeune. »

Elle mentionne qu’elle aime beaucoup le titre du livre, qui est très évocateur. Dans le cas présent, le verbe « influence » fait référence au rapport avec les médias sociaux et aux « influenceurs », qui n’existait pas quand elle était adolescente.

L’autrice est maintenant en paix avec son corps, mais l’enjeu social d’acceptation du corps est encore très omniprésent aujourd’hui, selon elle, et même plus qu’avant avec l’arrivée des médias sociaux et les images de « corps parfaits » qui suscitent l’envie, la jalousie, et surtout la comparaison avec les autres.

Chaque chapitre se concentre sur une partie du corps d’Ariane. « Il y a un texte sur les yeux, sur le fait que j’ai eu des lunettes toute mon adolescence. Il y en a un sur mon nez, sur la bosse sur mon nez que j’ai depuis que je suis vraiment jeune, qui était la partie de mon corps que j’aimais le moins. Il y a aussi un texte sur ma poitrine qui traite du fait que j’avais des très petits seins et que je me faisais taquiner pour ça. Il y en a un sur les hanches, la pilosité, mes bras qui étaient vraiment longs et minces, les dents, etc. »

Et les titres des chapitres ont tous une touche humoristique. Par exemple, celui sur les dents s’intitule « La complainte des marmottes dangereuses. »

Intention d’écriture

Questionnée à ce sujet, Ariane Michaud ne voyait pas l’écriture de ce livre d’un point de vue personnel à la base. Les anecdotes qui se retrouvent dans le livre sont des histoires cocasses qu’elle avait l’habitude de raconter à l’oral à ses ami.e.s pour le plaisir de se replonger dans ses souvenirs.

Elle a voulu les écrire d’abord et avant tout pour le plaisir, et lorsque le projet s’est concrétisé elle a réalisé ce que ça représentait, mais ça ne lui faisait pas peur et elle pense que c’est une œuvre qui va aider beaucoup de gens à s’accepter et favoriser les discussions sur le sujet de l’acceptation de soi.

« D’un coup que ça a été fait, que je sais que ça va être publier, c’est sûr qu’il y a une partie de moi qui fait ok c’est pas de la fiction, c’est pas du roman, je peux pas dire je me cache derrière certains personnages, c’est clairement mon rapport au corps. Mais en même temps, je trouve que c’est ça qui fait la richesse du récit, parce que je peux pas m’assumer à moitié. Je me dis je suis en paix, j’ai envie de conter ces histoires-là, ça peut faire du bien à d’autres personnes de se reconnaitre là-dedans. Je pense à mes nièces qui sont dans cet âge-là, aux personnes qui traversent cette période, et je me dis que j’aurais aimé ça qu’on vienne me faire sentir que je suis pas toute seule et que c’est normal que je me sente comme ça sans me faire ridiculiser mais en même temps avec un regard bienveillant qui dit ça va passer. »

Fait cocasse, c’est la pandémie qui l’a amené à travailler sur ce projet de livre.

« Ça a commencé pendant la pandémie. J’essaie de faire un voyage par été et là j’avais planifié un voyage pour l’été 2020 qui est tombé à l’eau. Je me disais ça me prends un projet d’écriture et j’avais envie de voyager à travers des souvenirs. Je me souviens j’avais des amis qui me disait « conte-nous l’anecdote de quand t’es allée chez l’optométriste pour la première fois ». » C’est de cette façon qu’elle a eu l’idée d’écrire un livre avec ces anecdotes.

Les réseaux sociaux et les standards de beauté

Puisque le livre d’Ariane, Ma laideur n’influence personne, fait un peu référence aux réseaux sociaux, je l’ai questionné sur son rapport avec ceux-ci.

Elle entretient un rapport d’amour-haine avec les réseaux sociaux. Elle ne les consultent pas beaucoup et lorsqu’elle le fait c’est principalement pour regarder du contenu humoristique pour se divertir.

Malheureusement, en raison des algorithmes, elle se retrouve à être exposée à du contenu auquel elle ne s’attendait pas et qu’elle ne souhaite pas voir. Elle se fait ainsi souvent la réflexion qu’elle devrait prendre une pause des réseaux sociaux.

Ariane « trouve que des fois on n’est pas préparé à recevoir de l’information. Je pense que c’est surtout ça qui me dérange. Il suffit que je regarde quelque chose quelques secondes pour que l’algorithme l’enregistre et commence à me bombarder de ce type d’affaire-là et des fois c’est des choses très intenses et ça vient affecter mon humeur. »

Standards de beauté

Le sujet de son livre étant la manière dont on voit notre corps, j’ai voulu savoir ce qu’Ariane pensait des standards de beauté.

Au niveau des standards de beauté, « ça ne m’influence pas à l’âge que j’ai sur le corps, mais je trouve qu’il y a un discours qui est vraiment glissant. J’ai comme l’impression que des fois le discours sur le corps est tellement omniprésent et que si t’es une femme et que tu dis ben là ça a pas de sens ils font juste parler de leurs corps, tu peux rapidement te faire attaquer et te faire dire que t’es antiféministe. »

Ariane Michaud pense que tout le monde a le droit à son opinion, que c’est important et correct d’avoir des opinions divergentes, et surtout qu’il faut débattre de sujets comme le corps et la beauté.

Et il serait essentiel, d’après elle, d’éduquer les jeunes sur les médias sociaux, pour qu’ils soient mieux équiper pour discerner l’information qui est fausse de celle qui est vrai et pour qu’ils ne leur fasse pas plus confiance qu’à eux-mêmes..

Elle constate aussi qu’il y a une pression sociale d’atteindre des standards de beauté. Elle croit pour sa part que la beauté ne devrait pas être un but à atteindre, que ce n’est pas parce qu’on ne ressemble pas aux filles/femmes ou aux gars/hommes que l’on voit dans les magazines qu’on n’est pas belle ou beau.

Enfin, l’autrice souhaite que son expérience, qu’elle partage dans le livre, aide les gens à prendre conscience que ce n’est pas parce qu’on ne se sent pas bien dans notre peau qu’on est bizarre et pas norma. L’acceptation de son corps est un vrai problème et il faut arrêter de le banaliser et de le dénigrer.

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