Heimat/Revenir, un hymne au jeu tout en finesse

Mary-Lee Picknell et Olivier Barrette, dans Heimat/Revenir. (Crédit photo : Vincent Champoux)Mary-Lee Picknell et Olivier Barrette, dans Heimat/Revenir. (Crédit photo : Vincent Champoux)

En entrevue, Mary-Lee Picknell et Vincent Roy nous parlent de la pièce Heimat / Revenir, présentée au théâtre La Bordée depuis quelques jours, et jusqu’au 10 février.

Par Estelle Lévêque

Avec Heimat/Revenir, Mary-Lee Picknell signe sa première création théâtrale à titre d’autrice. Une comédie dramatique intelligente, touchante et drôle, dans laquelle la jeune dramaturge dresse un portrait de famille riche de ces petits détails qui rendent les gestes et dialogues authentiques. 

En plus de l’idée originale et de l’écriture, Mary-Lee Picknell s’implique dans la pièce comme comédienne. Elle interprète Claire sur scène. Avec elle, Christophe (Olivier Barrette), personnage anxieux et attachant, se présente au mariage de son frère, après deux ans d’absence. Entre mensonges, quiproquo et relations complexes, la pièce emmène le spectateur dans une histoire de famille qui sait toucher son public.

Complicité avec le public

Après avoir été sélectionnée au festival Jamais Lu, Heimat/Revenir foule les planches du théâtre de La Bordée depuis le 16 janvier. Lors de notre rencontre, après la deuxième représentation, Vincent Roy (qui interprète Gabriel) et Mary-Lee Picknell affichaient un sourire comblé, alors que la pression de la première était retombée.

« Je savais que la pièce allait rejoindre les gens, parce que c’est une comédie dramatique familiale, dans laquelle les gens peuvent reconnaître leurs familles. Mais à ce point là ? Je suis vraiment surpris du fait que le rire soit aussi contagieux », commente Vincent. En effet, dans le rire comme dans les instants dramatiques, la pièce crée une connivence intime avec son audience.

« Il y a quelque chose de jouissif dans la complicité entre le public et le personnage de Claire. En répétition, je ne pense pas que je le réalisais. Puisque le public est inclus dans le mensonge, ils épient tous mes faits et gestes. Ils sont vraiment avec moi. »

Mary-Lee Picknell

Des portraits sincères

Par ailleurs, les dialogues, les portraits, les échanges sonnent vrais. Au sein d’un schéma familial classique, on ne sombre toutefois pas dans les clichés ou les personnages caricaturaux. Tout en finesse, l’écriture de Mary-Lee Picknell reflète un réel talent pour dépeindre la justesse des relations humaines. 

« Je pense que j’ai un sens de l’observation assez aigu. J’aime aller pêcher dans les comportements de mes amis qui me font rire, leurs tics, les expressions qu’ils utilisent, les anecdotes qu’on a vécues ensemble », souligne-t-elle. Pour dessiner des personnages crédibles, l’autrice puise dans son vécu. En résulte une pièce qui lui ressemble, et qui transpire l’authenticité. 

Synergie sur scène

Aux côtés de Maryse Lapierre, qui signe la mise en scène, Mary-Lee Picknell a fait le choix d’une distribution éclectique. Denis Marchand, qui interprète le père, quitte ici le petit et grand écran pour une interprétation très juste, sur scène, d’une figure paternelle amusante et touchante. 

« Denis est un acteur avec qui j’avais envie de travailler depuis longtemps. Je l’avais vu dans Jusqu’à la lie, il m’avait scié les deux jambes. Mais je ne l’avais jamais vu sur un grand plateau. Je me disais « Mais pourquoi ? Il est extraordinaire ! » Je suis vraiment contente, il est déroutant de naturel. »

Mary-Lee Picknell

Quant au personnage de Gabriel, il prend les traits de Vincent Roy. Pour l’anecdote, celui-ci était au départ choisi pour interpréter Luc, le grand frère un peu rustre et taquin. Finalement, celui-ci sera interprété par Gabriel Fournier, et Vincent Roy se fondera dans la rôle de Gabriel.

« J’ai trouvé ma fibre fluide dans le rôle de Gabriel », affirme le comédien. « Après Cabaret l’an passé, et Hosanna ou la Shéhérazade des pauvres en début de saison, c’est quelque chose qui se fait un peu dans la continuité. J’ai l’impression que ce sont des rôles qui me rapprochent de moi-même. »

À travers le jeu

Dans une famille où chacun évolue et grandit de son côté, il est parfois intriguant de suivre le fil rouge qui maintient les individus liés. Dans la famille dépeinte dans Heimat/Revenir, ce qui relie les membres, c’est le jeu. 

« Ils ont du plaisir à jouer. Ils font beaucoup de jeux de mots, de blagues. Oui, ce sont des frères, et des frères ça se chamaille, mais les parents aussi y participent. Il y a un côté très joueur qui les relie, tous. »

Mary-Lee Picknell

Un hymne au jeu qui se reflète dans les dialogues comme dans l’espace dessiné. Conçus par Ariane Sauvé, les décors font écho au monde de l’enfance, du cocon familial. L’utilisation judicieuse des décors miniatures touche à la nostalgie du spectateur. Heimat/Revenir réconcilie la fragilité de l’enfance de chacun à l’individualité des adultes qu’ils sont devenus. 

Heimat/Revenir est une pièce de Mary-Lee Picknell, mise en scène par Maryse Lapierre et produite par le théâtre La Bordée. Les représentations ont lieu jusqu’au 10 février. Pour en savoir plus, suivre ce lien.

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