Chronique : La mode des saillies de trottoirs

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Par Martin Claveau

Je m’interroge sur une tendance. Celle des saillies de trottoirs. Vous savez ces espèces de renflements de béton qui sont apparues ces dernières années aux intersections de notre ville.

Il semble que les urbanistes, les études et tout et tout justifient maintenant l’usage de ce genre de machins, car ils contribuent à rassurer les piétons et à inciter plus de gens à marcher.

En soi, au premier abord, ça semble plutôt une bonne chose. Le problème que je vois, c’est que ça semble un peu devenir une mode.

La mode est souvent synonyme d’exagérations et n’est pas une industrie très saine. Alors, est-il justifié d’en mettre partout et à tous les coins de rue? Je ne sais pas, mais comme j’ai écrit, je m’interroge.  

Dans certains cas, quand on réaménage des trottoirs de cette manière, on en profite pour planter des arbres. Alors ça me semble bien, surtout dans un coin comme le mien.

Souvent aussi, à ce que je vois, on ne fait qu’engrosser le béton du trottoir pour enlever, pas très subtilement, des espaces de stationnements sans ajouter aucun végétal. C’est du moins l’impression que ça donne.

Dans mon ghetto du sud de Limoilou, après les interminables travaux pour un tramway nommé désir, on a réaménagé un paquet d’intersections de cette façon. Ce faisant, on a retiré des dizaines de places de stationnements sur rue. Sans surprise, cela frustre plusieurs de mes voisins.  

Et voilà maintenant que la lutte pour avoir son stationnement s’apparente à une guérilla féroce et sans merci entre voisins, tant le stationnement disponible se rétrécie comme une peau de chagrin.

Certains soirs, où il y a de la lutte au centre Horizon, près de chez-moi, il est habituel de voir des voitures se stationner et obstruer ma propre entrée de cours, tant l’espace devient rare.

Pour éviter que les nouvelles saillies ne causent d’accidents aux dizaines d’automobilistes qui transitent par le coin, on a installé en bonus des dizaines de grosses barres de métal verticales pour les avertir que sous une fine couche de neige se trouvent désormais des trottoirs gonflés aux stéroïdes que personne n’a réclamé.

On souhaite ainsi éviter que les déneigeurs et les automobilistes endommagent ces nouveaux trottoirs et leurs véhicules. Cela complique encore le déneigement, dans un coin où il est déjà pénible.  

On expliquait récemment qu’une place de stationnement sur rue coûte environ 588$ par année à la ville. Je suis curieux de savoir combien coûtera maintenant l’entretient d’une saillie de trottoir bardée de barres de métal.

Est-ce que les saillies de trottoirs sont une bonne chose?

Sans doute, mais pas partout et pas tout le temps.

En matière de mode, le dosage et le bon goût font souvent foi de tout. Ça vaut pour les vêtements, alors ça vaut probablement aussi pour les saillies de trottoir.

1 commentaire sur "Chronique : La mode des saillies de trottoirs"

  1. Concernant la «perte» de case de stationnement, il faut souligne qu’en général, la mise en place d’une saillie de trottoir se fait dans la zone de 5m de l’intersection, où le stationnement est officiellement interdit.

    Que cette interdiction soit trop peu respectée et surveillée ne légitime pas pour autant l’utilisation de cet espace pour s’y stationner, puisque cela entrave les manœuvres des véhicules lourds (notamment pour les urgences) ainsi que la visibilité pour les personnes qui se déplacent à pied.

    Bref, oui, l’ajout de saillie de trottoir est, d’une façon générale, une bonne mesure qui sécurise et rééquilibre adéquatement le partage de l’espace public.

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