Chronique : Nous sommes toutes des sorcières

sorcieres(Photo : Pixabay)

Qui dit automne dit Halloween et qui dit Halloween dit sorcières. Le terme « sorcière » a longtemps été utilisé à tort pour désigner les femmes et a longtemps été signe de préjudice. Aujourd’hui, les femmes se réapproprient le terme et l’image de la sorcière, qui font partie de leur histoire et de leur identité, moi inclus.

Par Mélissa Gaudreault

Toutes les femmes sont des sorcières, dans le sens où les sorcières sont des êtres magiques, avec des pouvoirs inimaginables, comme le dirait Yoko Ono.

Et quand je dis « pouvoirs », je ne fais pas ici référence à la magie, mais à la force des femmes, à tout ce qu’elles accomplissent jour après jour, à tout ce qu’elles affrontent.  

« L’époque » des sorcières

Autrefois, on qualifiait de sorcières toutes femmes qui ne se conformaient pas à l’idée que l’on se faisait d’une femme, donc en gros toutes les femmes.

Les femmes qui ne voulaient être qu’elles-mêmes, qui voulaient avoir le contrôle sur leurs vies, pouvoir choisir ce qu’elles voulaient faire et qui elles voulaient être.

Les femmes qui étaient différentes et refusaient de se conformer à la place qui leur était attribuée, qui aspiraient à plus dans la vie que ce à quoi elles avaient « droit », selon les règles de la société.

Celles qui étaient les plus persécutées et considérées comme des sorcières étaient les femmes guérisseuses, qui sont les ancêtres des médecins aujourd’hui.

Parce qu’une femme ne pouvait pas avoir plus de pouvoir que Dieu et on pensait qu’elles se prenaient pour Dieu, parce qu’on qualifiait la médecine et plus largement la science comme de la magie.

On qualifiait de miracles ce qu’elles faisaient pour guérir une personne malade, moins gravement que ce que l’on pensait, parce qu’autrefois au moindre maux on croyait qu’on allait mourir.

C’est certain que la médecine n’était pas aussi avancée qu’aujourd’hui, mais les « exploits » qu’elles réalisaient étaient en réalité tout à fait dans leurs cordes. Les femmes étaient plus compétentes que l’on croyait.

Dans les histoires et « l’histoire », on montre souvent les sorcières comme méchantes, mauvaises et que c’est pour cette raison qu’on doit les anéantir.

Mais si on réfléchit un peu à ce que signifiait la période de l’Inquisition et des procès de sorcières, c’était en d’autres mots de la persécution de femmes, comme on l’a vu de différentes manières à travers les époques, la violation de leurs droits et libertés, les juger coupables sans leur laisser l’occasion de prouver leur innocence.

Et tout ceci était basé sur un principe simple mais oh combien dangereux : la peur. Et la peur est souvent fondée sur l’ignorance.

Au fil des époques, on a tranquillement délaissé cette chasse aux sorcières et on a fini par prendre le temps de tenter de connaitre et comprendre les femmes, pour ensuite leur accorder les droits et libertés dont elles avaient plus que droit, et enfin leur accorder une place dans la société, quoiqu’on pourrait encore débattre sur ce point aujourd’hui.

La sorcière contemporaine

Au vu de tout ce que j’ai mentionné plus haut, on ne devrait pas être surpris que les femmes d’aujourd’hui se réapproprient le terme et l’image de la sorcière, qui font partie de leur histoire et leur identité.

Un peu comme les Premières Nations se réapproprient la leur, bien que ce soit une période affreuse que l’on aimerait oublier, le fait de se la réapproprier nous permet de savoir d’où nous venons, de guérir, d’avancer.

Ça nous rappelle que les femmes n’ont pas toujours eu la vie facile et que c’est grâce à nos ancêtres, ces « sorcières », qui se sont battues pour nos droits que l’on peut profiter de la vie que l’on a aujourd’hui.

Pour faire un parallèle avec mon point de vue sur « l’époque » des sorcières, la sorcière d’aujourd’hui est un être aux « pouvoirs magiques », non pas dans les sens où la magie existe mais parce qu’on peut qualifier certaines actions réalisées par des femmes comme de la magie.

Je pense par exemple au fait d’accoucher, de réussir à concilier une vie professionnelle avec une vie de famille, de réaliser de grandes choses comme des avancées en médecine ou science (ex. : Marie Curie, Julie Payette) ou des exploits sportifs hors du commun (ex. : Mylène Paquette).

On pourrait penser que la sorcellerie existe encore aujourd’hui si l’on considère le respect des traditions, le transmettre les savoirs ancestraux, le fait de « parler » aux morts et de leur rendre hommage, de cultiver des plantes médicinales et les savoirs de guérison et autres comme on le voit chez les autochtones, à la Nouvelle-Orléans ou dans la tradition chrétienne latino notamment à l’occasion du Jour des morts comme de la sorcellerie.

Et je me répète, les sorcières d’aujourd’hui sont les femmes qui ne se laissent pas dire quoi faire ni qui être, qui ont pris le contrôle de leur voix et de leur destin et qui ne se laissent pas arrêter par la seule chose qui le pourrait : la peur.

En terminant, j’aimerais dire que bien que la magie n’existe techniquement pas, je veux bien croire qu’elle existe, parce que même si on l’attribue souvent à quelque chose de négatif, elle peut aussi avoir des bons côtés.

Et qui dit qu’elle n’existe pas réellement. Il y a parfois des choses qu’on n’arrive pas à expliquer logiquement. C’est peut-être de la magie et on ne le sait pas!

Je pense qu’il faut croire en la magie ne serait-ce que parce que c’est bon de rêver, pour égayer notre vie. Ça rend le monde plus beau.

Il y a des choses qui sont tellement belles, uniques et inattendues qu’on pourrait à la limite les considérer comme magiques, au sens figuré bien sûr. (Ha! Ha! Ha!)

Bref, je me considère comme une sorcière, une femme forte et fière, et je m’assume complètement.

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