Chronique : Moi et mes bibittes

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Par Martin Claveau

Il y a quelques années nous sommes allés en camping avec des amis, dans une tente Huttopia près du Lac Saint-François. Heureux hasard de la vie, nous sommes, à ce moment béni, ma blonde, ma fille et moi, tombé sur la période de l’année où les chenilles abondaient.

Où que nous allions durant notre bucolique weekend, il y avait toujours une chenille qui se tortillait dans mes cheveux ou sur mes vêtements.

Assis sur le bord d’un bon feu de bois, dont la fumée me suit, depuis, à Limoilou. Marchant gaiement en forêt pour observer le Pluvier kildir. Savourant mon café matinal sur une grosse buche d’agrile du frêne, toujours, une constante.

Chaque fois, une chenille pointait ses mille pattes dans ma bulle et je m’évertuais à m’en débarrasser.

Autre constante, toujours, durant cette fin de semaine, la nature l’emporta sur moi. Dès que je me soustrayais de l’une, cinq autres se pointaient et rendaient mon existence misérable.

Profitant de ma chance de me trouver au sommet de l’évolution, je su donc m’adapter à mon milieu temporairement, mais je jurai, qu’on ne m’y prendrait plus.

Ce weekend en nature m’apprit donc une chose sur moi-même. Ça me gosse moi, les chenilles et les bibittes, alors je vis très bien en ville où il n’y a pas…

Depuis ce temps, je dis toujours à ma blonde en souriant qu’à une époque où l’on recherche désespérément des traces de vie dans l’Univers, moi, je tente de mon mieux de toutes éliminer celles qui se trouvent dans ma cour.

Je mène donc un étrange combat qui consiste à désherber ma cour, où pullulent toutes sortes de machins que je ne désire pas côtoyer.

Je ne suis pas assez assidu par contre, si bien que la nature se venge toujours des affronts que je lui fais et je suis pratiquement toujours envahi par des mauvaises herbes et des renoués japonaises.

Or une des raisons pour lesquelles j’ai choisi d’habiter en ville, c’est justement pour ne pas avoir à transiger avec ces affaires-là comme je le mentionnais plus haut.

Suis-je anormal de ne pas vouloir en avoir dans ma cour? Possiblement, mais c’est comme ça.

Après tout, je suis à contre-courant de mon époque qui en est une où l’on veut déminéraliser les rues pour les rendre éponges et où l’on cherche désespérément à chasser les ilots de chaleurs, mais pas les chevreuils qui envahissent nos parcs.

Avant que tout ça se fasse, je me permets donc de poser la question est ce que nous désirons vraiment tous que la nature envahisse la ville?

La ville n’a-t-elle pas toujours été un rempart pour s’en protéger justement?

En fait, j’avoue que je ne sais pas trop ce je veux. Alors pour ce qui est de vous, je préfère m’abstenir. Je veux respirer mieux, mais pas vivre dans une jungle.  Alors je ne sais pas.

Une chose est sûre, qui dit nature, dit bibittes et qui dit bibittes, dit grosses et petites et les grosses mangent souvent les petites.

Alors il ne faut pas se surprendre que quand on fait plus de place à la nature en ville que les ratons laveurs qui s’invitent deviennent gros comme des chiens et mangent sauvagement les poules qu’ils trouvent sur leur chemin.  

Moi en définitive, je ne veux pas de poule et je n’ai peur que d’une chose, c’est que les chenilles engraissent sur mon terrain contaminé et deviennent grosses comme des serpents.  

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