Que peut-on faire pour contrer la crise de l’itinérance?

bruno marchand maire quebecLe maire de Québec, Bruno Marchand. (Photo : Mélissa Gaudreault)

L’un des sujets dont on entend beaucoup parler à l’heure actuelle est l’itinérance. On vous résume les points de vue de plusieurs personnalités de la scène municipale de Québec sur le sujet.

Par Mélissa Gaudreault

D’abord, le maire de Québec Bruno Marchand applaudit le fait que les gouvernements supérieurs reconnaissent enfin le problème, qu’on ait enfin dressé un portrait sur la situation et qu’on réfléchisse à des solutions à mettre en place pour contrer la crise de l’itinérance.

Cependant, l’argent ne fait pas tout. Il faut aussi agir pour qu’on puisse voir une vraie différence. Selon le maire, on ne doit pas perdre de vue trois choses.

Premièrement, lorsque l’on parle d’itinérance, on parle de détresse, de souffrance, de drames humains (10 000 drames humains pour être plus précis). « Il faudra jamais arrêté de s’indigner. L’itinérance est inacceptable, il faut le dire, affronter ce que ça signifie avec grand courage », affirme-t-il fermement.

Deuxièmement, il « pense qu’il faut être imputable de résultat. Il faut que les choses changent. L’argent n’est pas suffisant. Si on pose pas les bons gestes, ça sert à rien. Si on consacre plus d’argent mais que ça donne pas des résultats, ça sert à rien », répète-t-il.

Troisièmement, il souhaite que tous les politiciens décident dès aujourd’hui qu’il faut rapidement réduire l’itinérance, c’est-à-dire réduire le nombre de personnes en situation d’itinérance.

Le maire s’engage donc « à définir des objectifs, des cibles, un calendrier de travail. À mesurer nos progrès fréquemment et en rendre compte à la communauté. »

Lorsque nous avons questionné le maire sur les actions concrètes que la Ville de Québec allait prendre en matière d’itinérance, il nous a parlé d’un plan de logement qui serait présenté bientôt, mais comme à chaque fois qu’un journaliste lui pose la question nous n’avons pas eu d’exemples précis d’actions pour contrer l’itinérance.

La crise de l’itinérance et la crise du logement sont liées

Jackie Smith, cheffe de Transition Québec et conseillère municipale de Limoilou, ainsi que Patrick Paquet, chef de la deuxième opposition, sont du même avis que le maire sur le fait que la crise de l’itinérance et la crise du logement soit intrinsèquement liées.

« J’entends des citoyens se plaindre d’être évincés à cause des AirBnb. Pendant que j’étais en congé de maternité, des membres de Transition Québec ont fait du porte-à-porte pour ramasser des signatures sur une pétition pour interdire l’hébergement touristique dans Limoilou », nous rapporte la conseillère municipale de Limoilou.

Les AirBnb sont un des facteurs de la crise du logement et par le fait même de l’itinérance, puisque dans certains cas ce sont des gens qui ont perdus leurs logements à prix abordables qui se retrouvent à la rue parce que ceux-ci sont transformés en AirBnb.

Les propriétaires de logements n’ont pas le droit de transformer leurs logements en AirBnb et d’évincer les gens, sauf dans une Zone d’hébergement commerciale C-10, comme c’est le cas dans certains endroits dans Limoilou, par exemple la 3e avenue.

En s’inspirant des modifications réglementaires qui ont récemment eu lieu dans Saint-Roch, Jackie Smith demande à la Ville de Québec d’éliminer complètement ces zones dans Limoilou.

D’après Patrick Paquet, chef de la deuxième opposition, « il faut agir beaucoup plus rapidement. Et la façon dont on doit agir beaucoup plus rapidement, c’est de construire des logements abordables et sociaux, parce que les gens se font parfois évincer de leurs logements parce qu’ils ne sont pas capables de le payer. »

Ce dernier affirme que la Ville attend d’avoir les fonds des gouvernements provincial et fédéral pour construire des logements mais qu’en réalité elle a l’argent, donc elle pourrait en faire plus, plus rapidement. De plus, la Ville n’a pas besoin d’attendre qu’il y ait une autre offre de déposée sur un terrain pour commencer les négociations avec le propriétaire du terrain, ce qu’elle ne fait pas en ce moment.

Il réagit aux chiffres qui sont sortis sur la crise de l’itinérance, surtout sur le 36% de hausse de l’itinérance à Québec, en répondant que « ça s’étale. Avant, on avait des secteurs précis où il y avait de l’itinérance, mais là on voit que c’est beaucoup plus vaste, et ça a un lien direct avec le manque de logements », conclut-il.

L’importance de soutenir le milieu communautaire

Claude Villeneuve, chef de l’opposition officielle, est d’accord avec le maire lorsqu’il s’agit de dire que l’itinérance est de plus en plus présente à Québec et donc que c’est une bonne chose que les gouvernements supérieurs en prennent conscience, et que les sommes annoncées vont beaucoup aider, mais que l’argent ne règle pas tout.

Il est d’avis que l’une des choses à prioriser dans le dossier de l’itinérance, « c’est de soutenir les groupes et les organismes qui travaillent avec la clientèle itinérante et qui comprennent le mieux la problématique, et que si l’administration municipale communiquait plus avec eux et s’intéressait plus à cet enjeu », les choses s’amélioreraient plus.

De plus, le manque de logement n’est pas la seule cause de l’itinérance. Il faut se pencher aussi sur les autres causes, telles que la pauvreté, la toxicomanie et la santé mentale.

L’avis de Jackie Smith rejoint celui du chef de l’opposition sur le sujet de la santé mentale. Selon elle, il ne faut pas uniquement améliorer l’accès aux logements, il faut aussi avoir des personnes-ressources qualifiées pour interagir avec les personnes en situation d’itinérance ayant de la difficulté à s’exprimer, notamment en raison de problèmes de toxicomanie et de santé mentale.

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