L’art de Wartin Pantois s’infiltre au Musée de la civilisation

agora wartin pantois(Photo : Wartin Pantois)

Une œuvre majeure de l’artiste Wartin Pantois a été dévoilée aujourd’hui au Musée de la civilisation à Québec. 

Par Mélissa Gaudreault

Agora, un collage sur mur intérieur de 4,8 mètres de hauteur par 9,4 mètres de largeur, est composé d’une centaine de portraits noir et blanc ainsi que de l’image pixelisée d’une agora usée par temps, sur fond rouge. 

C’est la plus grande œuvre d’art réalisée par l’artiste en intérieur à ce jour. Elle sera exposée au Musée pour deux ans, après quoi elle sera détruite.

Agora est une œuvre solennelle et intrigante qui peut être interprétée de plusieurs manières.

Elle nous invite à réfléchir sur la manière dont nous pouvons penser notre citoyenneté face aux enjeux d’un monde en changement, notamment sa dématérialisation et son accélération numérique.

Elle interroge nos repères, nos identifications personnelles et collectives, ainsi que les différentes temporalités qui les traversent.

Description de l’œuvre

Les visages semblent fixer les visiteurs des yeux, établissant ainsi un lien silencieux avec eux. La disposition en grille des portraits rappelle celle d’un mémorial, un lieu de recueillement où le temps est suspendu.

Alors que la scène semble figée, l’espacement des portraits dessine des intersections qui permettent d’imaginer la circulation d’idées, d’opinions et de savoirs, qui sont essentiels en démocratie.

L’agora en ruine rappelle quant à elle un certain effritement de la démocratie, tandis que la pixélisation réfère aussi bien à sa transformation qu’à sa sauvegarde à l’ère numérique.

Le collage noir et blanc sur fond rouge contraste et renforce l’atmosphère du propos. Pour l’artiste, il s’agit surtout d’un fond de colère sourde liée à un possible effondrement démocratique, soulignant du même coup un espoir dans les luttes collectives pour sa défense.

« J’ai adopté le rouge du mur tel un drapeau. Bien que le noir soit le plus beau, le drapeau rouge a été utilisé par les mouvements ouvriers révolutionnaires aux cours de nombreuses luttes sociales. Le mur de couleur est donc pour moi le rouge des chocs, des passions et des combats, en trame de fond. En juxtaposant le noir et le blanc avec le rouge, l’œuvre crée une tension de forces à la fois opposées et complémentaires. » – Wartin Pantois

Les portraits d’Agora, variés en termes d’âge, de genre et d’origine, ont un point commun. Ils ont été générés par l’artiste à l’aide d’une intelligence artificielle (IA). Leurs expressions et traits souvent énigmatiques et ambigus en donnent un indice. 

L’œuvre soulève des questions sur la démocratie à l’ère numérique. En effet, dans un monde où la technologie permet de créer des images hyperréalistes, les distinctions entre la réalité, la représentation et la fiction peuvent devenir floues. L’identification aux portraits générés à l’aide d’une IA offre une réflexion sur la façon dont la technologie peut affecter nos perceptions.

L’œuvre Agora interroge la manière dont la technologie influence notre relation à l’art, à l’identité, à la démocratie et à la réalité. L’artiste Wartin Pantois y offre un profond questionnement sur la manière dont notre monde est façonné et influencé par la technologie et l’IA, ainsi que sur les implications que cela peut avoir sur la circulation des idées et des idéaux démocratiques.

L’artiste Wartin Pantois

Wartin Pantois est un artiste visuel et sonore engagé. Détenteur d’une maîtrise en sociologie et d’une seconde maîtrise en arts visuels, il vit et crée dans le quartier Saint-Roch à Québec. D’ailleurs, en 2019, une de ses œuvres est entrée à l’Assemblée nationale du Québec dans l’exposition permanente Inspirer dédiée à l’art agissant sur la société.

Son talent rayonne jusqu’à l’international, notamment aux États‑Unis, en France, en Allemagne, au Portugal et au Canada. Il a collaboré avec de nombreux organismes artistiques et communautaires au fil des années.

Fait particulier, Wartin Pantois travaille anonymement. Ses collaborateurs et diffuseurs acceptent de protéger sa véritable identité.

La pratique de l’artiste questionne le monde actuel, ses valeurs et ses dérives. Ses œuvres contextuelles sont autant de mises en perspective qui suscitent réflexions et débats. Elles s’élaborent à partir d’observations, de recherches et d’enquêtes citoyennes.

Ses recherches actuelles interrogent l’histoire, la mémoire et l’archive à travers les images médiatisées, dans leurs dimensions sociologiques et idéologiques, mais également tragiques et intimes, par l’entremise de stratégies telles que l’appropriation, le détournement, la relecture, le montage, la copie et l’accumulation.

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