Chronique : Le troisième rien

david lemelinDavid Lemelin (Photo : Courtoisie)

Par David Lemelin

Bin coudonc.

Dans une récente chronique, j’expliquais en vouloir à la CAQ d’oser promettre n’importe quoi en campagne, même en sachant que ce qui est proposé est ridicule. L’attrait du pouvoir, disais-je.

J’ajoutais qu’on voyait bien que la CAQ se préparait à prendre la voie d’évitement. Hé bin, c’est fait : le troisième lien autoroutier a été flushé.

Pourquoi?

La CAQ explique que des études mises à jour indiquent que le contexte a évolué, que le télétravail est une réalité et que les ponts ne sont plus saturés comme ils l’étaient lorsque ça « justifiait » un lien autoroutier.

La réalité, c’est que le fédéral, en refusant de payer pour ce qui concerne autre chose que le transport collectif, a coupé les ailes de François Legault. Il n’a pas les moyens de se l’offrir tout seul.

Alors? Le premier ministre se rabat sur une mise à jour qui lui a permis de voir la lumière au bout de son tunnel.

Y’était temps. Ça faisait des années qu’on lui disait. Ça faisait des années qu’on savait que ça n’avait aucun bon sens. Les tendances annonçaient ça depuis des années. Aucune étude n’appuyait cette idée.

Mais, le style Legault est copié-collé sur les années 1970 : les grosses annonces, les gros chars, l’asphalte, les jobs, les usines, les ministres qui vont à la chasse avec des chums millionnaires. Comme dans le bon vieux temps.

Aujourd’hui, il propose, en somme, le projet déballé par le Parti Québécois, lors de la dernière campagne : un tunnel consacré au transport collectif.

Pauvre Gilles Lehouillier qui n’a que le troisième lien à la bouche depuis des années. Comment survivra-t-il sans tunnel autoroutier? Et que dire de l’inénarrable Bernard Drainville, dont l’opportunisme burlesque en faisait l’ennemi du bon sens et des GES?

Z’ont l’air fous, ce matin.

En tout cas, une épine – que dis-je – un sabre vient d’être retiré du pied de Bruno Marchand qui pourra faire semblant qu’il n’y a jamais cru.

Voilà donc une saga qui se termine et qui est riche en leçons. Oui, un politicien peut improviser un projet sur une napkin pas propre, en sirotant son rouge de grand cru au restaurant.

Il peut pousser toute une machine gouvernementale à lui préparer une annonce ayant pour but de convaincre les électeurs que les carrés sont ronds. Oui, on peut encore faire ça, en 2023.

Je pourrais essayer de me convaincre que c’est terminé, mais je n’en crois rien. Poilièvre se cache dans le détour, de même qu’une panoplie d’autres vendeurs de chars usagés. Ce n’est qu’un répit.

Alors, l’heure est venue de se parler franchement : il serait temps que les politiciens arrêtent de promettre n’importe quoi.

Il serait temps qu’ils acceptent la réalité comme unité de mesure, au lieu du monde fantasmagorique qui guide la main qui dessine leurs programmes électoraux.

L’environnement n’est pas qu’un enjeu de façade, la justice sociale est un réel problème, l’individualisme et le consumérisme pèsent lourd sur la planète et nos sociétés.

Notre langue et notre culture ont besoin d’amour, le Québec a besoin d’autre chose que des promesses d’une autre époque.

Mais, je vous le demande : vous n’êtes pas tannés de vous faire promettre des conneries?

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