Chronique : Quelques arpents de piège

david lemelinDavid Lemelin (Photo : Courtoisie)

Par David Lemelin

Pis, la zone économique métropolitaine, c’est-tu une bonne chose?

Réponse plate, mais franche : « noui ».

Oui, parce que le développement économique, il est vrai, ne se fait pas en vase clos. Ou, en tout cas, il se fait bien mal, seul dans son coin contre tous les autres. En ce sens, unir les acteurs politiques est une bonne chose : on était dû après les années de guerre entre Labeaume et Lehouillier.

De fait, le développement économique vit bien mal avec des coupures nettes entre les villes. Quand tout le monde court après les mêmes citoyens, les mêmes entreprises, les résultats peuvent être parfois déchirants, contradictoires et contre-productifs.

Oui, une région qui va bien profite à peu près à tout le monde. Et pour faire cela, il faut du respect et de l’ouverture, ce qui semble être mis de l’avant par l’annonce récente faite par les sursouriants Drainville-Julien-Lehouillier-Marchand.

Ainsi, on s’éloigne d’une tendance qui s’est alimentée dans le passé, en particulier lors du passage de Jean Garon à la mairie de Lévis. À l’époque, il plaidait, avec raison, pour qu’on traite sa ville avec respect. Mais, avec Garon, les choses restaient rarement calmes et fades : ça a bardé avec le temps.

Idem entre Labeaume et Lehouillier : leurs visions diamétralement opposées, notamment sur le transport, a eu raison des sourires figés sur les photos. Aujourd’hui, on est heureux. Tant mieux.

Mais…

Question : le maire Marchand est-il tombé dans un piège?

Donc, non (pour revenir à mon « noui »), car le problème de l’histoire récente, c’est que le maire de Québec a tendance à jouer au spectateur quand c’est important.

Le gouvernement Legault a pris grand soin de lui montrer qui était le boss (selon lui) et depuis, le maire rame pour essayer de retrouver la place que mérite la capitale du Québec. Cette annonce d’union est sans doute une manière d’y arriver, espère-t-il.

Or, il est minoritaire dans sa vision et on le sent bien. Déjà, le troisième lien s’est imposé comme un futur sujet de discorde. Même s’il ne faut pas, en effet, être d’accord sur tout, encore faut-il être d’accord sur l’essentiel, sur l’approche du développement économique.

Personne ne croira que la CAQ et Lehouillier pourront avoir la (vraie) même vision que Marchand. Du moins, le maire de Québec doit tenir compte d’intérêts locaux qui divergent du discours « toutes vannes ouvertes au développement » de Legault. On peut légitimement s’attendre à des chocs.

Mais, n’en déplaise à Lehouillier, Québec n’est pas une ville comme les autres et n’a pas les mêmes responsabilités. Elle doit pouvoir occuper la place qui lui revient. Ça veut dire, parfois, dicter le pas dans la région. Ça ne risque pas d’arriver dans le contexte de cette belle entente entre potes.

Que se passera-t-il quand les questions fondamentales vont chauffer l’ambiance? Marchand va s’imposer ou s’effacer au profit du groupe?

Là est la question.

Le développement économique n’est pas son champ d’expertise. Il devra donc rapidement intégrer des arguments pour pouvoir se défendre, sinon, ce sera compliqué de dire non à des acteurs politiques pesants qui lui diront qu’eux, ils savent comment ça marche, l’économie.

Or, l’économie, c’est des intérêts qui s’affrontent. Parfois pour le mieux, parfois pour le pire. De quel côté penchera la balance, pensez-vous, lorsqu’il sera question d’imposer une vision de la chose?

Moi aussi, ça m’inquiète…

Commentez sur "Chronique : Quelques arpents de piège"

Laissez un commentaire

Votre courriel ne sera pas publié.


*


Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.