L’héritage des Ursulines

academie des ursulinesDes pionnières pour l'éducation des jeunes filles. (Photo : Mélissa Gaudreault)

Yohan Bonnette, chargé de la programmation culturelle et de l’expérience visiteur au Pôle culturel des Ursulines, nous parle des expositions Broder comme une Ursuline et L’Académie des demoiselles.

Par Mélissa Gaudreault

D’abord, l’exposition Broder comme une Ursuline présente quelques œuvres réalisées par les religieuses et les techniques de broderie utilisées. L’exposition est présentée depuis 2018 et le sera au moins jusqu’en 2023.

La première broderie était dans la chapelle depuis 1674 et l’autre a été réalisée dans le premier quart des années 1700. On peut voir que les œuvres sont dans un état de conservation incroyable pour leur âge. On peut estimer entre 5000 et 15 000 le nombre d’heures de travail requis pour réaliser l’entièreté d’une œuvre comme celle-ci de A à Z, du patron jusqu’à l’œuvre finale.

(La première œuvre (la verte)) « Ce qui est intéressant, si on regarde le patron, c’est qu’elles ont seulement dessiné la moitié et ce qu’elles faisaient c’est qu’elles pivotaient le patron et c’est comme ça qu’elles atteignaient ce niveau de symétrie. On a des éléments qui sont tri-dimensionnels qui sortent de la composition, le médaillon et les cornes d’abondance. La technique la plus difficile à utiliser est celle que l’on voit dans le médaillon. C’est ce qu’on appelle de la peinture à l’aiguille. Fil par fil reproduire une image. Le médaillon est attribué à une Ursuline qui s’appelle Marie Lemaire des Anges. Elle est arrivée de Paris en 1671 et il y a vraiment un avant/après dans la production textile, elle a vraiment amené beaucoup de techniques. » – Yohan Bonnette

Pour ceux et celles qui se le demanderait, les pierres précieuses que l’on voit sur les œuvres sont fausses.

« Un aspect qui se démarque dans la broderie des Ursulines, c’est l’utilisation de certains matériaux précieux comme l’or et l’argent. » – Yohan Bonnette

Les Ursulines sont des pionnières dans ce domaine puisque dans les années 1600-1700 la pratique artistique était très rare à Québec.

Une chose qui distingue le musée, ce sont les activités familiales offertes régulièrement pour les visiteurs.

« On a un atelier de broderie, donc les gens peuvent essayer. Ça fonctionne vraiment bien avec les visiteurs. On voit parfois des gens qui entrent, ils s’installent à l’atelier de broderie pendant une heure, il regarde leur montre et ils vont faire le reste de la visite à la course parce qu’ils ont passé tout droit. » – Yohan Bonnette

L’Académie des demoiselles

L’exposition L’Académie des demoiselles est présentée depuis 2010 et sera renouvelée en 2024. Elle survole l’histoire de l’école, comment se déroulait une journée et explique l’héritage des Ursulines sur l’éducation des jeunes filles.

L’exposition est axée sur le 19e siècle, qui est considéré comme l’âge d’or de l’école des Ursulines, et montre de quelle manière les religieuses étaient en avance sur leur temps.

La première salle s’appelle le Premier jour et s’intéresse au processus pour devenir une Ursuline.

Elles passaient d’abord par le postulat pendant lequel il y a une période d’essai pour voir si la vie de religieuse leur convenait et si ces dernières convenaient à la communauté.

« Comme c’est une communauté cloitrée, on veut que tout le monde s’entende bien et contribue. Les Ursulines votaient qui pouvait continuer dans le processus pour éviter des problèmes internes. » – Yohan Bonnette

Quand elles étaient acceptées, elles poursuivaient leur cheminement avec la vêture.

« C’est une cérémonie extrêmement symbolique où elles renaissaient au monde en tant que religieuse Ursuline. C’est là qu’elles allaient par exemple adopter leur nom de religion. Marie-de-l’Incarnation, la fondatrice des Ursulines, s’appelait Marie Guyard avant. Après la cérémonie, on se prépare pendant deux ans et demi à notre vocation dans la communauté. C’est pas toutes les Ursulines qui enseignent. Il y a des sœurs de cœur qui enseignent et des sœurs converses qui s’occupent des tâches comme la cuisine, l’entretien. Finalement, la profession où on allait prononcer ses vœux, des vœux de pauvreté, chasteté, obéissance et d’enseignement aux jeunes filles. » – Yohan Bonnette

L’exposition se compose de plusieurs autres salles qui présentent des objets liés à la vie de religieuses, à leurs études, leurs occupations.

Elles apprenaient toutes sortes de choses comme la physique, la chimie, les mathématiques, l’histoire naturelle, l’astronomie, l’arithmétique, l’écriture, la lecture, les langues (français, anglais, espagnol, allemand, italien, l’économie domestique), les arts, etc.

Les études se déroulaient de septembre à juin. Les élèves ne voyaient leurs parents qu’au Nouvel An et à Pâques. Ces derniers pouvaient visiter leurs enfants, mais ils étaient séparés par une grille pour éviter de distraire les étudiantes.

L’Académie des Ursulines est la première école pour filles au nord du Mexique ; elles sont donc des pionnières dans l’éducation des jeunes filles. L’école existe depuis 1639. Elle comprenait auparavant les niveaux primaire et secondaire (1000 élèves au total), mais le volet secondaire a pris fin en 1998. Il y a encore des jeunes qui fréquentent l’école aujourd’hui (500 élèves).

Fait intéressant, « il y avait un langage des signes maison qui a été créé ici il y a plusieurs siècles pour communiquer puisque tout se faisait en silence et on connait encore ces signes aujourd’hui », explique Yohan Bonnette.

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