Pourquoi s’accrocher?

David Lemelin présente sa chronique Droit de citéDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

Par Mélissa Gaudreault

Faut-il qu’un chef ou une cheffe s’accroche? La question est sérieuse et mérite qu’on s’y attarde.

On voit, par exemple, Dominique Anglade, à la tête du Parti libéral du Québec, vivre un véritable calvaire, même avant que les élections ne soient déclenchées. Ces derniers jours, c’est devenu carrément intenable. On dirait une comédie.

Alors, la question : pourquoi s’accrocher?

À Québec, on a un exemple tout aussi pathétique : Éric R. Mercier est « chef » de Québec 21, mais n’est plus chef de la deuxième opposition depuis que ses deux collègues ont décidé que leur union avait assez duré.

Pour rappel : Mercier essayait de confirmer son leadership et ses deux « équipiers », Jean-François Gosselin et Bianca Dussault, ont plutôt fait en sorte qu’il perde le titre de chef qui confère certains avantages, notamment en ce qui concerne le temps de parole au conseil municipal.

Aujourd’hui, il n’est chef de Québec 21 qu’aux yeux de la loi. Dans les faits : il s’est fait jeter en bas de son trône.

Alors, la question : pourquoi s’accrocher?

Pour une question d’égo? D’honneur? Sans doute. Mais, attendez un peu…

Dans le cas de Mercier, on parle de critiques à son endroit qui le dépeignent comme quelqu’un qui a « de la misère à lire trois mots » (remarquez que j’ai moi-même écrit justement sur le style pour le moins lourd et pénible de celui-ci) et qui, surtout, le présentent comme quelqu’un qui ne travaille pas, qui ne se prépare pas et qui brille essentiellement par son absence. Cette manie avait également été critiquée alors qu’il était délégué général du Québec à Mexico, de 2014 à 2017.

Les commentaires de son ex-directeur de cabinet, Richard Côté, étaient assassins : il a parlé de « chef fantôme » qui travaille « à peu près 10 % du temps ». Lui qui a été conseiller municipal pendant 18 ans dit n’avoir « jamais vu ça ». En gros, pour lui, Éric R. Mercier n’est pas passionné, n’a pas de leadership, n’a pas d’envergure ni de rigueur et encore moins de talent de rassembleur. De son côté, Jean-François Gosselin affirme que Mercier n’aurait plus grand monde de son bord.

Pourquoi s’accrocher? Pour sauver quoi? Les apparences? Il est trop tard!

Évidemment, quand on décide ou qu’on accepte de devenir chef, c’est qu’on croit posséder les qualités requises. Perdre sa place est, en quelque sorte, prouver le contraire.

Or, un leadership est, souvent, un phénomène passager, un alignement des astres qui donnent des ailes et qui, quand il se dissipe, fait en sorte que la personne s’écrase au sol. C’est souvent une question de goût du jour, de tendances, d’envie de changement. Et, en politique, c’est une chose qui ne change pas : le changement, c’est tentant.

Dans les deux cas cités précédemment, Anglade et Mercier, il faut ajouter que lorsqu’on atteint le pathétique, voire le ridicule, il y a tout lieu de trouver ce masochisme particulièrement futile. Ça ne les sauvera pas.

C’est surtout qu’ils oublient la règle première et la plus importante du leadership : on ne peut pas le simuler. On l’a ou on ne l’a pas. Quand on ne l’a plus, on ne peut pas se battre pour le conserver, car il faut l’avoir pour pouvoir l’exercer.

C’est dur? C’est cruel? Oui. Mais, on ne peut pas faire semblant d’inspirer les troupes. Quand on n’inspire plus personne, il faut avoir le minimum de décence de quitter la scène, pendant qu’il est encore temps.

Sinon, on s’accroche, comme on le voit présentement. Et le bilan est catastrophique à tous points de vue.

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