Julien Roy s’implique pour la cause du vélo utilitaire

Velo Roy equipeJulien Roy et ses deux compères dans la boutique. (Photo : Martin Claveau)

Julien Roy est un citoyen engagé doublé d’un commerçant qui n’a pas froid aux yeux. Propriétaire de la boutique Vélo-Roy-O, qui se spécialise dans la confection de vélo sur mesure sur la Rue Saint-Jean depuis 2011, ce résident de Sillery milite ardemment pour la cause du vélo utilitaire. Président de la Société de développement commercial (SDC) du Faubourg Saint-Jean-Baptiste, il en est aussi temporairement le directeur général. À travers un horaire digne d’un jeu de Tétris, il trouve tout de même le temps de siéger sur les conseils de quartier de Saint-Jean-Baptiste et de Sillery. Même s’il n’est âgé que 37 ans, M. Roy possède ainsi une feuille de route bien remplie et se distingue par sa grande connaissance des enjeux urbains. Nous avons discuté en compagnie de cette véritable dynamo, qui rêve d’une piste cyclable sur la rue Saint-Jean, entre deux ajustements de freins hydrauliques.

Par Martin Claveau

Parle-nous un peu de toi et de ton parcours, tu es originaire de quel endroit?

Je suis né à Sainte-Foy, mais notre famille est rapidement déménagée du côté de Cap Rouge.  Ensuite, en raison du travail de mon père, nous avons quitté la région pour nous établir à Saint-Jean-sur-le-Richelieu. J’ai fait mes études collégiales à Montréal, au cégep André Grasset, puis j’ai fréquenté l’UQAM en administration et en commercialisation de la mode.  

C’est un peu surprenant et ça me semble à des années lumières de ce que tu fais maintenant non?

Oui, mais ça n’a pas été inutile, loin de là, puisque j’ai appris plein de choses qui me servent tous les jours.  

Tu habites dans quel quartier maintenant?

J’habite Sillery avec ma conjointe Annie Audet et ses trois enfants.  Annie est incidemment la directrice générale de la coopérative Roue-Libre de l’Université Laval.  Le vélo est donc très important chez nous comme tu peux le voir.

Pour quelle raison es-tu revenu dans la région de Québec après avoir fait tes études à Montréal?

J’avais de la famille dans le coin et je m’y sentais bien, alors je me suis installé et j’aime bien la qualité de vie que nous avons ici.

D’où te vient cette passion que tu as développé pour le vélo au point d,en faire une carrière?

Durant ma jeunesse je suis rapidement devenu un adepte du vélo pour me déplacer.  Par la suite, j’ai travaillé pour l’entreprise « Ça roule à Montréal » durant mes études et j’ai vraiment aimé ce boulot. Je faisais de la location, du service au comptoir et de la mécanique, un peu de tout quoi. C’est un peu à ce moment que ça s’est précisé dans ma tête.

Depuis quand es-tu propriétaire Vélo-Roy-o?

Depuis 2011, à l’époque, nous avons en quelque sorte repris le commerce des mains de l’ancien propriétaire de Muséo-Vélo qui avait annoncé sa fermeture. Nous ne pouvons toutefois pas dire que nous avons racheté l’entreprise en bonne et due forme, mais nous avons conclus une entente pour reprendre une bonne partie de ses stocks. Ça nous a grandement aidé au démarrage.

Tu dis « nous », mais n’es-tu pas le seul propriétaire de l’entreprise?

Je parle de mon associé du au départ, Marc-André Déhayes qui a quitté depuis, mais il travaille encore dans le domaine du vélo.

Tu as combien d’employés présentement chez Vélo Roy-O?   

À part moi, deux employés à temps plein, mais nous augmentons jusqu’à onze en période estivale. La réparation des vélos nous tient plus occupé à ce moment que durant le reste de la saison. 

Tu es aussi propriétaire d’une entreprise dans le domaine du vélo à Montréal depuis peu de temps, peux-tu nous en parler?

Je suis en effet propriétaire de la boutique Vélodidacte Montréal qui est située au coin des rues Brébeuf et Mont-Royal. C’est un endroit comparable à ce que nous avons ici surface, mais la surface de vente est plus grande.

Tu aurais pu faire autre chose dans la vie et quand même te déplacer à vélo alors qu’est-ce qui t’as incité à avoir un commerce dans le domaine?

Au départ, j’aimais bien l’idée d’avoir une entreprise saisonnière, car ça me permettait de prendre de belles vacances (rires), c’est une chose que j’apprécie. Récemment, par contre, mes vacances sont plus courtes depuis que j’ai accepté le poste de dg par intérim de la SDC de Faubourg. Alors disons que mes vacances ont été sont plus courtes cette année.

Justement, expliques-nous comment tu t’es retrouvé-là. C’est un peu inhabituel que le président du Conseil d’administration d’une SDC se retrouve au poste de directeur général non ?   

En effet, ce n’est pas commun, mais il faut préciser que je suis présentement dg par intérim. C’est à la suite du départ en maladie de notre ancienne directrice générale que j’ai dû relever ce défi. Ça s’est passé un peu rapidement. Au départ, ça devait être temporaire pour assurer le suivi des dossiers, mais depuis elle a démissionnée du poste pour de bon, alors j’ai dû prolonger mon intérim.

Est-ce que ça représente un lourd fardeau pour quelqu’un qui est commerçant comme toi de diriger les destinées d’une SDC?

Mon boulot me permet une certaine latitude, particulièrement durant la saison hivernale. Je consacre environ 25 à 30 heures par semaine à cette occupation, alors, avec mon entreprise, ça me fait de bonnes semaines.   

Sais-tu pourquoi il y a autant de roulement dans les postes de directions des Sociétés de développement commerciales?

Je ne sais pas trop, mais, en général, le dg moyen de SDC demeure en place 18 mois, alors c’est certain qu’il y a du roulement.  La tâche n’est pas évidente et il faut être polyvalent pour la faire. L’idéal serait d’avoir une équipe en place dans chaque SDC et que le dg prenne les décisions, mais ce n’est pas le cas présentement, alors ça demeure ardu pour les directeurs généraux. Ils doivent gérer des événements, faire de la comptabilité ainsi que pas mal de représentation. La pénurie de main d’œuvre ne fait rien pour améliorer la situation.

Tu es particulièrement engagé dans la cause mobilité durable, pourquoi est-ce que ça te tient aussi à cœur?

Je veux que les choses changent! Je crois profondément que l’avenir est aux transports actifs dans les milieux urbains.  En matière de mobilité active, je trouve que la société progresse, mais ça ne va pas assez rapidement à mon goût. La pandémie nous a amené à percevoir les villes autrement, alors il y a du positif, mais tellement de choses restent à faire, alors j’essaye de faire ma part.

Tu es donc favorable aux artères piétonnes et à la création de d’avantage de voies cyclables?

Oui plutôt, je crois que les bénéfices sont nombreux. Je crois aussi que la plupart des commerçants qui ont pignon sur rues auraient avantage à ce que les rues soient fermées plus souvent et sur de plus longues périodes. À mon avis, il y a beaucoup à y gagner pour les commerçants. Je comprends que quelqu’un qui vend des piscines, par exemple, a besoin de stationnements pour ses clients, mais ce genre de commerce ne se retrouve pas souvent sur une artère commerciale comme la rue Saint-Jean.

Une Rue Saint-Jean piétonne et cycliste, est-ce que ça se pourrait éventuellement?

Nous sommes en processus d’évaluation de cette question à la SDC et au conseil de quartier. Ça demeure assez complexe et ça nous prendrait idéalement une piste cyclable protégée. Il y a plusieurs enjeux. Le transport en commun en est un qui doit être considéré. Ça demeure important pour plusieurs et de restreindre l’accès aux autobus n’est pas évident. Il y a aussi l’éternel enjeu du stationnement et du passage des camions de livraison, alors ça ne se fera pas demain matin. Il y a beaucoup de consultations à faire avant, mais je crois c’est très bien d’analyser les pour et les contre d’un tel projet.

Un cycliste urbain comme toi pense quoi du vélo montagne ?   

Je n’ai rien contre, mais je trouve bien drôle la blague qui circule selon laquelle les fabriquant de VUS sont toujours très contents quand il se vend un vélo de montagne, car il se vend souvent aussi un VUS pour le transporter par la suite. Sérieusement, le problème c’est souvent que la plupart des gens qui en font vivent souvent loin des sentiers et doivent utiliser leur véhicule pour y accéder. Ça demeure une belle activité, mais nous manquons d’organisation dans les transports pour se rendre là.

Quel genre de vélo vends-tu le plus ?

Je dirais que ce sont les bons vieux vélos hybrides qui ont la cote chez-nous, Nous les confectionnons sur mesure selon les besoins des usagers. Nous vendons aussi beaucoup de montures conçues pour le cyclotourisme. La marque Surly est un gros vendeur pour nous car ce sont d’excellent vélos et nous sommes pratiquement les seuls à en vendre dans la région.  

Tu penses quoi du phénomène des vélos électriques?   

Je crois que c’est bien et même pertinent dans un secteur comme Saint-Jean Baptiste. Par exemple, pour quelqu’un qui aurait un vélo cargo et qui désirerait circuler dans le coin, c’est pratiquement indispensable. Après tout un vélo, même à assistance électrique est préférable à une voiture.  

Selon toi, qu’est ce qui nous manque dans le domaine du Vélo? 

Nous aurions besoin d’un meilleur réseau cyclable évidemment, mais au niveau des services, je dirais qu’il y a de la place pour des ateliers de réparations de proximités. Les temps d’attente sont souvent très longs pour une simple mise au point dans certains cas, alors il y aurait de la place pour ça. Ceci dit, avec la pénurie main d’œuvre, ce n’est pas évident de démarrer.  Ici, je me considère d’ailleurs chanceux de compter sur des gens qui apprécient de travailler dans un petit atelier comme le mien.

Ta piste cyclable favorite dans la région, c’est laquelle?

Ma préférée pour me balader de manière récréative demeure le corridor Samuel de Champlain, c’est très agréable.  Par contre, je l’évite le week-end et je la préfère le soir.  

Fais-tu vraiment du vélo tout l’hiver ?

Mets-en et j’en suis même à mon 16e hiver!  Je dois avoir été un des premiers à le faire dans la région et je continue.  

Comptes-tu demeurer dg de la SDC encore longtemps?  

Non, nous engagerons quelqu’un très prochainement.  

Est-ce qu’on peut savoir qui sera l’heureux élu?

Tu consulteras notre infolettre pour le savoir (rire).

On peut discuter vélo et piste cyclable avec Julien Roy chez :

Vélos Roy•o
463 rue Saint-Jean
Québec, G1R 1P3
Téléphone:418-524-0004
Courriel: info@velosroyo.com
Site web : https://velosroyo.com/

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