In french, please!

Par David Lemelin

Fallait-il taper sur la tête d’un commerçant qui ne trouve pas d’employé francophone à Québec?

Taper, peut-être pas. Mais, s’en laver les mains, pas plus.

C’est un signal plutôt inquiétant et, aussi, une illustration de la réalité 2022. D’abord, pour la langue, parce que Québec, c’est tout de même LA capitale des francophones des Amériques. Ceux qui n’y accordent pas l’importance que cette situation mérite n’ont rien compris.

C’est drôle, mais j’ai lu, sur les réseaux, des messages laissant entendre que « la langue, c’est pu aussi important qu’avant ».

Drôle, parce que c’est écrit en français. Si tout le monde s’en sacrait comme cette personne, son message aurait été écrit en anglais. Exister, sur le plan culturel, c’est donc d’abord ça : pouvoir s’exprimer en français.

Sinon, faisons table rase des cultures du monde : aux poubelles les Ukrainiens, les Suédois, les Finlandais, les Mexicains, les Turcs, les Japonais, les Péruviens, les Marocains, au diable les 500 millions d’individus formant les peuples autochtones de la planète parlant au moins 7000 langues, toujours vivantes.

On efface tout ça et on devient tous Américains. On parle tous anglais. Une seule et même culture : celle des USA. Yeah!

Ah ouais…

Soudainement, c’est moins « cool » de se foutre de la langue. On réalise l’absurde de la déclaration…

La planète n’aurait effectivement plus de barrières. Il n’y aurait plus personne pour chanter dans sa langue la vie de son village ou faire un poème sur la pêche traditionnelle. Fini. La civilisation humaine n’aurait dès lors plus aucun intérêt.

Donc, quand on se sert de son cerveau deux secondes, on réalise que la survie du français à Québec n’est pas anecdotique : c’est notre devoir.

Même à Montréal, quand on me répond d’abord en anglais dans un commerce, ça m’écorche les oreilles. À Québec, il n’est pas question de faire du français une priorité quelconque.

Or, la pénurie de main-d’œuvre dans des secteurs commerciaux du genre n’est pas une vue de l’esprit, c’est un fait. Ce type d’emploi, souvent difficile et peu payant, n’attire pas la jeunesse en foule.

Alors, faut-il taper les doigts du commerçant ou l’aider? Évidemment, il y a les paresseux de la langue qui n’ont pas envie de faire rayonner le français. Suffit de voir les noms de commerce en anglais qui poussent comme des mushrooms, en bien des endroits. Ça me gosse.

Mais, le cas de ce restaurateur devrait plutôt raviver notre intérêt et notre flamme pour notre langue : mettons-y des sous et des efforts. C’est facile, sabrer la francisation. C’est souvent un réflexe chez nous, parce qu’on tient notre langue pour acquise. Or, ici, ce ne sont pas les immigrants qu’il faut pointer du doigt, mais les gouvernements.

Investissez dans notre culture. Défendez (vraiment) notre langue. Aidez celles et ceux qui choisissent le Québec comme maison.

Vous verrez, on pourra alors chanter, en français, les histoires de nos ancêtres, même dans 500 ans.

C’est le genre de lègue à nos enfants qui vaut bien plus qu’un Big Mac.

Right?

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