Grosse-Île, 1847 : un grand périple à travers le temps

La comédienne Sarah Villeneuve-Desjardins dans la pièce de théâtre Grosse-Île 1847La comédienne Sarah Villeneuve-Desjardins dans la pièce de théâtre Grosse-Île 1847. Photo : Nicola-Frank Vachon

La pièce Grosse-Île, 1847,  à l’affiche au théâtre La Bordée jusqu’au 19 novembre, est un voyage dans le passé, un véritable récit historique qui se base sur un texte fidèle aux archives de l’époque.

Par Marie-Ève Groleau

À travers l’écriture et la conception de ce spectacle dramatique et déployé, l’auteur Émile Proulx- Cloutier n’y est pas allé de main morte dans son travail de recherche d’archives.

«L’auteur et metteur en scène a conservé tous les mots qui ont été écrit dans les documents. Tout ce qui est prononcé par les acteurs a déjà été dit et écrit, dans les mêmes mots. Ce n’est pas une fiction ni un documentaire. Il s’agit d’un spectacle d’une facture contemporaine dans lequel les costumes sont les vêtements d’aujourd’hui d’une certaine sobriété et le décor minimaliste tient du théâtre nu. Le chant et la projection complètent le travail scénographique», a amorcé le directeur artistique du théâtre La Bordée, Michel Nadeau, qui a offert son soutien dramaturgique à l’équipe de création de Grosse-Île.

De leur jeu fin et juste, les acteurs d’expérience offrent au public leurs voix dans un chœur qui propulse la puissance dramatique.

« C’est une histoire humaine, épique et touchante. Les personnages de la pièce ont existé, comme le Dr. Douglas. Pour les personnages d’infirmières ou de religieuses par exemple, Émile y est allé avec un collage à partir d’informations ce qu’il a recueilli et de l’aide des archivistes collaborateurs», a-t-il ajouté.

La mise en lumière de la parole des témoins et de ceux qui ont vécu les évènements est appréciable, autant que les enjeux de société mis en scène. La pièce suggère la grogne et le conflit présent entre les Canadien-Français et les Irlandais à Québec, dans le quartier Saint-Roch, ainsi qu’à Montréal.

Le quartier Saint-Roch, impliqué dans les problèmes de contamination de l’épidémie, « a été le théâtre de comportements humains qui étaient peut-être plus sauvage à l’époque et quand même comparables à aujourd’hui. Par exemple, l’acharnement à l’égard d’un groupe bouc émissaire.»

«Il s’agit d’abord d’une crise sanitaire, sociale et d’une crise du capitalisme par en dessous. C’est un hommage aux aidants au front qui ont, pour certains, payé de leur vie», a présenté le directeur.

Art sonore

Les effets sonores dosés enveloppent le discours narratif des comédiens. L’ensemble visuel et musical composé de projections et de douces notes au violon sont amalgamés aux sons amplifiés, produit à l’aide d’objets naturels. Les éléments comme le bois, l’eau, la terre ont été choisis, évoquant l’environnement et le climat parfois hostile.

Plus l’action évolue et plus le spectateur assiste aux échanges dynamiques entres les acteurs qui délaissent progressivement la narration.

Devoir de mémoire

Même si les liens évidents que l’on puisse tisser entre la crise de 1847 à Grosse-Île et la pandémie, le spectacle n’a pas été idéalisé ni conçu dans ce contexte.

« La résonnance avec le vécu de la pandémie n’était pas prévu au départ. C’est toutefois essentiel de se rappeler de l’histoire afin d’entrevoir nos perspectives sociales et politiques. L’histoire parle aussi d’aujourd’hui », a conclu M. Nadeau.

Avec Vincent Champoux, Nicolas Drolet, Hugues Frenette, Érika Gagnon, Marie-Hélène Gendreau, Elie St-Cyr, Véronika Makdissi-Warren et Sarah Villeneuve-Desjardins.

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