Publicité
Publicité pour la résidence La Champenoise

Chronique : “Une politique de durs à cuire”

Jayman : Ces choses que je ne comprends pas!Jayman nous dit ce qu'il pense de l'entente sur la biodiversité. (Photo : Archives Carrefour de Québec)

Par Jay Man

Cher journal.

À peu près une fois par jour, je me dis que je vais me lancer en politique. J’aime l’idée d’haranguer les foules pour brasser la cage du statu quo avant de devenir amer et de me rendre compte que la politique ne change rien. Et puis, mon esprit passe à autre chose quand je réalise que je suis trop pauvre et paresseux et asocial pour me lancer en politique.

Mais ces jours-ci, avec les politiciens qui reçoivent des menaces de mort, on dirait que l’idée de faire de la politique est moins reluisante. Je ne sais pas trop pourquoi, mais pour moi, faire de la politique, ce n’est pas être entouré de policiers à toute heure du jour ou de la nuit. C’est plutôt d’être entouré de plein de gens qui me disent “Oui, monsieur le Premier Ministre, vous avez tout à fait raison”.

Les partis peuvent bien avoir de la difficulté à recruter des faces à mettre sur les poteaux. D’après moi, aux prochaines élections, les seules personnes pour qui on va pouvoir voter, ce sera Kim Clavel, Georges Saint-Pierre, et deux ou trois anciens “goons” du Canadien de Montréal.

En même temps, ça pourrait être cool, la période de questions de l’Assemblée Nationale, si ça vire en bataille générale, parce que un a demandé à l’autre “Allez-vous finir par vous enlever les doigts du dedans de votre nez pis les créer, vos maudites places en garderie que ça fait 3 ans que vous dites que vous allez les faire pis que ça se passe pas, maudit cave!?”.

Mais je m’égare.

Dans son excellent article paru dans La Presse, Henri Ouellette-Vézina estime qu’une des raisons qui mène à tant de violence envers les élus serait l’effritement du lien de confiance entre la classe politique et la population.

Je ne sais pas si c’est vrai, mais si ce l’est, je vois deux choses.

Déjà, les politiciens l’ont peut-être un peu cherché! Parce que si on regarde l’histoire moderne de la politique, on se rend compte que ça fait au moins minimalement depuis le début de l’humanité que les politiciens dirigent avec un mépris absolu de la population.

Ce pourrait-il que ça ait contribué à cet effritement du lien de confiance?

Si ton “chum” ou ta blonde ignore tous tes besoins et te trompe à tour de bras, on s’entend qu’on pourra lui dire “tu l’a un peu cherché” quand tu vas faire le saut vers le célibat.

Ensuite, j’ai de la difficulté à voir comment la présence policière accrue va contribuer à régler la situation.

T’essaieras de serrer la main de quelqu’un qui est entouré par la police. Ça fait moins “invitant”, et ça mène à une interaction qu’on pourrait qualifier de “froide” et “distante”.

En plus, en ce moment, on dit qu’il manque 450 policiers à Montréal pour mettre fin aux fusillades de gens dont le seul crime a été de prendre une marche dans le quartier.

Mais on en a assez pour entourer chaque politicien d’une douzaine de policiers en permanence!

Re-imagine ton chum ou ta blonde qui te dit ne pas avoir assez d’argent pour payer sa part de loyer, mais qui s’achète un nouveau iPhone à chaque mois! Le sent-tu, le respect?

Et comme si tout ça n’était pas suffisant pour nourrir le mépris réciproque entre politiciens et population jusqu’à l’obésité morbide, j’ajouterai ceci : à quel point la classe politique se pense-t-elle meilleure que le restant de la population pour se protéger en premier?

Penses-y.

Elle est où, l’escorte policière de la mère de famille qui reçoit des menaces de mort de la part de son ex violent?

Elle est où, l’escorte policière du gai qui se fait tabasser à la sortie d’un bar simplement parce qu’il est gai?

Oh, et on peut pousser la réflexion encore plus loin, au point de se demander “Qu’est-ce qui va empêcher les politiciens de se servir du prétexte de leur sécurité pour éloigner les personnes qu’elles estiment indésirables?”.

Et c’est déjà peut-être un peu arrivé.

Dans l’article mentionné plus haut, au Saguenay, la police a éloigné d’un rassemblement un groupe de mères-de-famille-avec-des-p’tites-pancartes-demandant-un-débat-sur-l’environnement.

Oui oui! Ces méchantes mamans qui ont à cœur l’environnement. Tout le monde sait qu’elles sont une menace à la sécurité de nos politiciens. Et en plus, elles osent demander un débat, comme s’il n’y avait absolument rien de plus dangereux pour une société démocratique que de débattre d’idées!

Bref, regarder ça aller et ne pas être complètement désabusé de la politique, c’est un peu comme si tu regardais pour la centième fois “Le Seigneur des Anneaux” et que tu étais encore surpris d’apprendre que “Sauron, c’est un pas fin!”.

Ah oui, j’allais oublier le cas intéressant d’Éric Duhaime, qui se targe de ne pas avoir besoin d’escorte policière, lui. Parce que personne ne lui fait des menaces, lui.

Comme il dit, “On n’a pas besoin de gardes du corps, nous, parce que le peuple est avec nous!”.

Tu sais, mon Éric, si personne ne te menace, ce n’est pas parce que le peuple est avec toi. Ça veut juste dire que t’es du bord des gens qui profèrent les menaces.

Si t’arrêtais de faire des discours qui cherchent peu subtilement à amadouer la frange extrémiste du Québec, toi aussi, tu connaîtrais le monde merveilleux des menaces de mort!

Commentez sur "Chronique : “Une politique de durs à cuire”"

Laissez un commentaire

Votre courriel ne sera pas publié.


*


Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.