Chronique : Deux chaises vides plutôt qu’une pour la CAQ dans Jean-Lesage

Le chroniqueur Karim Chahine se questionne sur les raisons de l'absence de la candidate caquiste dans Jean-Lesage aux deux débats locaux. (Photo : archives Carrefour de Québec)

Lundi soir dernier se tenait un débat entre les candidats de la circonscription de Jean-Lesage au centre communautaire Mgr Marcoux. Deux jours plus tard, mercredi midi, un débat destiné principalement aux étudiants au Cégep Limoilou a aussi eu lieu. Ce qui aura sans aucun doute retenu l’attention à ces deux occasions, c’est l’absence de la candidate caquiste, Mme Christiane Gamache.

Par Karim Chahine

Plus de questions que de réponses

À la recherche d’une explication, j’ai contacté l’équipe de la candidate caquiste dans Jean-Lesage. On m’a alors indiqué que Mme Gamache ne pouvait être présente lors du débat tenu au centre Mrg Marcoux, sans plus de précision. Dans le cas du débat au Cégep Limoilou, le parti avait choisi de désigner la candidate Joëlle Boutin de la circonscription de Jean-Talon pour faire les débats dans les établissements d’enseignement supérieur de la région de Québec, mais les organisateurs du Cégep ont refusé cette proposition.

Du côté de l’association étudiante qui organisait le débat (AGEECL, Association générale des étudiantes et étudiants du cégep Limoilou), le changement de candidate a été refusé par soucis d’équité envers les autres partis et parce que la plupart des questions touchaient des enjeux spécifiques à la circonscription de Jean-Lesage.

Drôle de stratégie de la part de la CAQ dans ce cas précis, étant donné que Christiane Gamache a œuvré pendant 35 ans dans le réseau d’éducation, notamment comme enseignante et à titre de directrice d’école. Relancée afin de savoir pourquoi Mme Gamache n’avait finalement pas accepté de participer au débat après le refus des organisateurs de recevoir une candidate d’une autre circonscription, l’équipe de la CAQ n’a pas donné suite à mon courriel.

La question demeure donc : pourquoi s’absenter des débats locaux? C’est une stratégie pour le moins bizarre lorsque l’on souhaite ravir une circonscription à un autre parti. Si j’étais candidat, je n’aimerais pas qu’on me propose, voire qu’on m’impose une candidate d’une autre circonscription pour participer à ma place à un événement dans une institution aussi centrale et importante pour la circonscription. C’est d’autant plus étonnant pour Mme Gamache de ne pas y participer. Les débats sont des moments clés de la campagne. En tout cas, ils devraient l’être pour les candidats et les candidates!

Après s’en être tenu à lire ses fiches lors de la table ronde à ICI Québec-Radio-Canada, Christiane Gamache s’est-elle fait suggérer de ne pas participer à d’autres exercices de ce type? Il faut avouer que c’était passablement malaisant de la voir systématiquement s’accrocher à ses feuilles de notes pour y lire des réponses déjà écrites d’avance. Même au moment de défendre le 3e lien, le projet phare de la Coalition Avenir Québec dans la grande région de Québec, les téléspectateurs ont eu droit à une lecture intégrale de sa fiche.

Dans tous les cas, peu importe les raisons invoquées, cela lance un bien mauvais message aux électeurs. Au bénéfice des étudiants et des étudiantes, il aurait été primordial de pouvoir échanger avec la candidate locale, peu importe les stratégies déterminées par le parti et le calcul politique qui les sous-tendent. Les étudiants-électeurs de Jean-Lesage avaient sans doute envie de voir et de connaître Christiane Gamache, non pas Joëlle Boutin, et encore moins une chaise vide.

Les absents ont toujours tort

Du point de vue du caractère de la candidate, cet absentéisme est pour le moins problématique. Les électeurs sont en droit de se demander s’ils n’ont pas un avant-goût de l’implication de la candidate comme potentielle future députée. Si être en élection n’est pas un incitatif assez fort pour faire face aux électeurs, qu’en sera-t-il une fois élue? Aura-t-elle ce qu’il faut pour défendre la circonscription face aux grosses têtes du parti et au sein du caucus de la CAQ?

On conviendra que l’exercice du débat n’est pas simple, il est même incommodant d’une certaine façon, encore plus pour un ou une candidate provenant du parti au gouvernement. Mais il est central et essentiel dans un processus démocratique et c’est l’occasion de présenter sa vision et ses aspirations pour la circonscription tout en se faisant connaître de ses électeurs et électrices.

Au fond, peut-être que l’absence de la candidate caquiste nous en dit plus que n’importe quelles idées ou réponses à une question lors d’un débat.

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