Manœuvre électorale sur glace

Logo des Nordiques

Moi aussi, ça me tente. Moi aussi, j’aimerais ça. Le retour des Nordiques est un beau rêve que bien des citoyens de Québec (et d’ailleurs) partagent depuis 1995. J’aimais tellement nos Nordiques que c’était mon projet de vie professionnelle de couvrir leurs matchs. La politique, c’est presque venu par défaut, 1995 ayant bousillé mes plans…

Par David Lemelin

Je fais partie des chanceux qui ont assisté à des matchs où Sakic, Forsberg et compagnie étaient les acteurs vedettes. J’ai vu de mes yeux les frères Stastny, j’ai crié « Guy, Guy, Guy! » au Colisée pour encourager le Démon blond. C’était fascinant, magique et émouvant. Il est facile de comprendre qu’une équipe sportive peut avoir un effet sur la cohésion d’une ville ou d’une région. Quand on a vu les Nordiques porter le nom de notre ville aux quatre coins de l’Amérique, oui, on réalise que ce n’est pas rien.

Pourtant, quand j’analyse la question de leur retour, j’essaie de me servir plus de ma tête que de mon cœur. Il y a trop d’indices depuis trop longtemps qui prouvent que leur retour, s’il fallait qu’il y en ait un, ne sera pas pour demain. Ni après demain. Probablement plus pour jamais.

C’est pourquoi je me désole du temps que perd le ministre des Finances, Éric Girard, à aller courtiser Gary Bettman. On est ici dans un show de com sauce électorale à 100 %, pas dans la gestion d’un dossier capital pour la Nation. Pour preuve, remarquez les mots qui en sortent : « le retour des Nordiques est définitivement envisageable, du moins à long terme ».

Plus vague que ça, tu fais du surf.

Comme toujours, Bettman s’aménage une porte de garage de sortie chaque fois qu’il aborde ce sujet. Il a toujours fait exprès de garder vivant l’espoir, pour que les enchères servent ses intérêts. Toujours. C’est d’ailleurs ce qui explique la construction d’un amphithéâtre aux frais du public et offert en cadeau au privé. On voulait y croire.

Mais, bien qu’Ottawa et l’Arizona soient en difficulté, il faut néanmoins se servir de sa tête : c’est aux USA que ça se passe et c’est là que ça se passera. Et au Québec, le marché est largement occupé par le CH. Vous croyez que le propriétaire montréalais pousse dans le dos de Bettman à la faveur de Québec?

En réalité, Girard fait de la petite politique en ciblant un sujet plus rassembleur qui pourrait faire oublier (un peu) le poids électoral du troisième lien. Ce populisme manipulateur pousse un gouvernement à s’occuper de choses qui ne le regardent pas. Il y a beaucoup plus urgent et important pour les citoyens que les Nordiques. Et s’il fallait qu’il y ait un retour de nos chéris, ça devrait être une démarche du privé, financée à 100 % par le privé. Et on serait tous heureux d’aller les encourager. 

En somme, à quelques mois des élections, la CAQ ne semble pas avoir de limite, quitte à jouer avec notre cœur de partisan. Mais, quand je me sers de ma tête, c’est drôle, je vois clair. 

Très clair.

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