Tunnel Québec-Lévis : Marchand attend encore des réponses

Bruno Marchand en mêlée de presse au Centre des congrès de Lévis.Bruno Marchand en mêlée de presse au Centre des congrès de Lévis. (crédit photo : Simon Bélanger)

Le gouvernement Legault a sorti l’artillerie lourde pour présenter la version modifiée de son projet de tunnel autoroutier reliant Québec et Lévis, alors que les ministres François Bonnardel et Geneviève Guilbault étaient accompagnés de l’ensemble de la députation caquiste de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches. Si le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, semblait aux petits oiseaux face à la proposition, le maire de Québec, Bruno Marchand, doit encore se laisser convaincre.

Simon Bélanger

Les grandes lignes du projet avaient déjà fait l’objet d’articles et de reportages, mais le ministre des Transports, François Bonnardel, en compagnie de sa collègue responsable de la Capitale-Nationale, Geneviève Guilbault, a profité d’une journée pluvieuse pour annoncer les modifications prévues au tunnel Québec-Lévis, devant un parterre de journalistes, d’élus et de représentants du milieu économique, réunis au Centre des congrès de Lévis.

La révision du projet permettrait notamment de faire baisser la facture à 6,5 milliards, alors que la mouture du projet présentée il y a près d’un an pouvait s’élever à un montant pouvant frôler les 10 milliards.

En lieu et place d’un tunnel à six voies et à deux étages, qui aurait nécessité l’utilisation d’un énorme tunnelier, le gouvernement prévoit plutôt la construction d’un tunnel bitube de 12 à 15 mètres, qui permettrait notamment de diminuer les risques pendant la construction.

Le projet inclurait aussi une gestion dynamique des voies, mais aussi des voies réservées aux autobus seulement pendant les heures de pointe (le projet initial prévoyait des voies entièrement réservées au transport en commun).

Pour justifier la construction de cette infrastructure, M. Bonnardel rappelle que c’est un élément du Réseau express de la Capitale, et que tout ce nouvel aménagement s’appuie sur trois grands axes : « augmenter l’attractivité du transport collectif, donner une option additionnelle pour le transport de marchandises, ainsi qu’améliorer la fluidité et la sécurité du réseau. »

Le tracé relierait encore les deux centres-villes, avec une sortie prévue du côté de Lévis, puis quatre à Québec, avec certaines particularités :

  • Une sortie sur l’autoroute Laurentienne
  • Une sortie sur l’autoroute Dufferin-Montmorency
  • Un édicule sur la Colline Parlementaire (réservé au transport collectif, pour connecter au tramway)
  • Une sortie dans le secteur du Boulevard Charest (au Pôle Saint-Roch, réservée au transport collectif, pour connecter au tramway)

Un dossier d’affaires doit être déposé en 2025, dans lequel les détails du projet devraient être précisés. Les évaluations environnementales et un BAPE (Bureau d’audiences publiques en environnement) devront aussi se tenir dans les années à venir.

Pour l’instant, le ministre Bonnardel n’a pas voulu fournir de nouvelles études pour justifier le besoin d’un nouveau lien entre Québec et Lévis, citant notamment l’étude de faisabilité effectuée par l’ingénieur Bruno Massicotte en 2016, sur la possibilité de construction d’un nouveau lien à l’est.

M. Massicotte privilégie cependant toujours l’option d’un pont plutôt qu’un tunnel, possibilité écartée par M. Bonnardel, qui affirme que les impacts environnementaux sont moins importants pour la construction d’un tunnel que d’un pont. Il n’a pas été en mesure d’expliquer sur quelles études il s’appuyait pour justifier cet avantage présumé sur le plan environnemental.

Pour Geneviève Guilbault, c’est aussi l’occasion « d’avoir une très grande vision inclusive […]. Il n’y a jamais eu de développement et d’investissements de cette nature-là consacrés pour la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches. »

Le ministre des Transports, François Bonnardel, présente la nouvelle mouture du tunnel Québec-Lévis (crédit photo : Simon Bélanger)

Bruno Marchand pas encore convaincu, Gilles Lehouillier aux anges

En mêlée de presse, le maire de Québec, Bruno Marchand, a encore une fois exprimé des réserves face à ce projet et attend toujours des réponses de la part du gouvernement, sur plusieurs dossiers, notamment autour des questions d’étalement urbain, de l’avantage écologique d’un tunnel face à un pont, ou des impacts de cette infrastructure chez les résidents du centre-ville de Québec.

« Je ne suis pas sceptique, je reste à convaincre. On nous présente une vision. Maintenant, on veut en savoir plus et avoir des réponses à nos questions », affirme le maire de Québec, qui s’interroge aussi sur l’emplacement des sorties prévues dans la ville de Québec et sur la façon dont celles-ci seront bâties.

Le projet a été houspillé par plusieurs groupes environnementaux, par les trois principaux partis d’opposition à l’Assemblée nationale, ainsi que par la cheffe de Transition Québec, Jackie Smith.

« C’est un show de boucane, c’est encore un gaspillage de fonds publics pour un projet qui n’a pas plus de fondement scientifique », affirme Transition Québec, par voie de communiqué.

Malgré un préjugé favorable face à un troisième lien, Québec 21 reste aussi « sur son appétit » et déplore « l’imprécision concernant les sorties, le manque de détails concernant les impacts collatéraux du projet et l’absence de détails concernant le plan des banlieues ».

Quant à lui, le maire de Lévis était très satisfait.

« Je suis convaincu que c’est un excellent projet. Je suis convaincu que ce projet-là va aller chercher l’acceptabilité sociale. […] Sur le plan de la réalisation, c’est le meilleur projet. Je préfère beaucoup, entre les deux rives, un tunnel à un pont », s’est réjoui Gilles Lehouillier.

Il doute également que l’étalement urbain, une conséquence souvent évoquée chez les critiques du projet, soit quelque chose qui existe chez lui, et veut démontrer à son homologue de Québec qu’il ne s’en fera pas beaucoup.

« Une ville comme Lévis, il ne s’en fait pas d’étalement urbain. […] On va regarder pour démontrer au maire de Québec qu’il ne s’en fera pas tant que ça d’étalement urbain », affirme M. Lehouillier.

Il veut d’ailleurs « mettre au défi » certains professeurs de l’université Laval à faire un débat en public avec lui au sujet de l’étalement urbain.

Le projet d’affaires du tunnel doit être déposé en 2025 et son inauguration est prévue dans dix ans, en 2032.

Le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, en mêlée de presse au Centre des congrès de Lévis. (crédit photo : Simon Bélanger)

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