Les vaches à la télé

Un homme et une vacheUne capture d'écran du reportage de Radio-Canada intitulé "Des vaches enfermées toute leur vie".

Regarde ma chouette, il y a des vaches dans le champ. Où ça ? Ah, laisse faire, on ne les voit plus. Non, on ne peut pas arrêter, on est déjà en retard. On les regardera en revenant, elles n’ont pas l’air trop occupées, elles devraient être encore là.

J’avais toujours pensé que c’était la norme, quand on possédait des vaches, de les laisser aller dehors au gros minimum une fois de temps en temps. Puis j’ai vu le reportage de La semaine verte. Pas au complet, juste un extrait qu’on m’a envoyé par courriel. Je ne regarde pas La semaine verte, je n’ai rien contre, c’est juste que je ne regarde pas la télé. Non, les nouvelles non plus, même si des fois j’en pogne des petits bouts à cause de mon voisin d’en face qui laisse tourner RDI vingt-deux heures sur vingt-quatre. Les deux autres heures, ce sont ses enfants qui regardent des dessins animés. Alors les miens montent à la fenêtre pour visionner de loin de petits chefs d’œuvre comme la « Pat patrouille » et « Baby Shark ».

Bref, selon La semaine verte, près de 90% des vaches laitières des pays industrialisés ne vont jamais au pâturage. Et beaucoup d’entre elles sont même en « stabulation entravée », c’est-à-dire qu’elles sont toujours attachées en plus d’être toujours à l’intérieur. Les premières images du reportage montrent une vache portant un casque de réalité virtuelle, comme bientôt les enfants à la petite école, que j’ai dit à ma blonde.

Le casque sert à lui « faire miroiter des champs verdoyants », pour essayer « d’améliorer son quotidien ». De vache révoltée qu’elle était peut-être, peut-être en fera-t-on une vache apaisée…

– Qu’est-ce qui est le mieux, Monsieur l’éleveur ?

– Ça dépend. Est-ce que tu veux plus de lait, ou bien que ta vache soit libre, heureuse et en santé ?

Faites-moi plaisir, allez poser la question au ministre de l’Éducation pour voir.

AMOUR – Tout ça pour dire que lorsqu’on a croisé un troupeau en roulant sur la 132, on s’en allait voir un ami à Montmagny. Oh oui, il va plutôt bien, enfin jugez-en par vous-mêmes, il nous a appris qu’il est maintenant polyamoureux.

Ça se peut, être polyamoureux à Montmagny ?

La réponse, à mon sens, n’est pas claire. Il fréquente une fille de Québec, Audrey-Pier, et une autre de Trois-Rivières, Rosalie, et tout le monde est « cool avec ça ». Il y a aussi d’autres gars là-dedans, je ne sais pas si tout le monde se croise, j’imagine que ça doit arriver, en tout cas il nous a seulement parlé d’Audrey-Pier et de Rosalie, et surtout de Rosalie à bien y penser. Bref, il ne connait pas d’autre polyamoureux habitant Montmagny, mais comme c’est plutôt un état d’esprit qu’une communauté à proprement parler, c’est un peu difficile à dire.

Comme la conversation n’avançait pas vraiment, on a enchaîné sur les Canadiens, les enfants qui grandissent vite, et enfin la stratégie que nous devrions adopter pour protéger nos aubergines des écureuils l’été prochain. Une sorte de grillage ferait sans doute l’affaire, ou peut-être un répulsif à ultrasons ?

Le téléphone a sonné, mon ami a pris l’appel dans une autre pièce, puis il est revenu avec un air gêné, il devait partir, c’était urgent. Quelque chose à Trois-Rivières ça a l’air.

On l’a regardé partir, puis nous sommes remontés dans la voiture. Mon fils jouait avec sa petite auto verte, et ma fille avait les yeux rivés sur sa fenêtre. Malheureusement, les vaches n’étaient plus là.

G.C.

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