Les raccourcis

Cher journal,

Cette semaine, j’ai découvert qu’un raccourci, c’est un peu comme une discussion sur le futur de ta vie de couple : ça peut être long et pénible.

Pour comprendre ce qui est arrivé, il faut savoir que j’habite dans Lairet, proche de la 8ème avenue. Et ce qui est le “fun” avec la 8ème avenue, c’est qu’elle est coupée en deux par un chemin de fer et un boisé. Parce qu’apparemment, à Québec, on n’a pas les technologies nécessaires pour faire passer un chemin de fer sur une route, ni de couper des arbres! On ne fait jamais ça, à Québec, couper des arbres. Jamais. C’est jamais arrivé dans toute l’histoire de l’humanité de la Ville de Québec.


Fait intéressant, si les nouvelles tours à condos sont aussi hautes, c’est parce qu’elles ont été construites sur la cime des arbres!

Et là, bon, c’est tannant que la 8ème soit coupée en deux, parce que tout ce coin-là est clôturé, et le boisé est tout le temps en bouette. Donc, quand je reviens chez moi par la 8ème, je suis obligé de faire un long détour! Et, au risque de paraître bizarre, moi, j’aime mieux aller en ligne droite que de prendre des détours.

C’est plus efficace. Ça va plus vite. J’ai moins de chances de me perdre. Quoique maintenant, avec les GPS, si tu te perds, ce n’est pas que t’as un mauvais sens de l’orientation. C’est juste que tu sais pas suivre des instructions. T’es sûrement le genre de personne qui essaie de faire cuire son riz dans le congélateur.

Mais moi, j’aime ça aller en ligne droite, au point où j’investi beaucoup de temps et d’énergies dans une journée à étudier l’itinéraire parfait, le plus rapide, le plus droit possible. Bon, c’est certain que bien souvent, je n’ai nulle part où aller. Mais ce n’est pas grave. Je me dis que tant qu’à aller nulle part, autant y arriver rapidement.

Et bon, oui, j’avoue que ça peut avoir l’air contreproductif d’investir beaucoup de temps à trouver le chemin qui me fait économiser le plus de temps, mais au bout de la ligne, je gagne du temps. Je pense. Je ne sais pas, je n’ai pas fait le calcul. Mais je suis persuadé que oui. Pas mal persuadé, presque.

Parce que, dans la vie, on dit “le temps, c’est de l’argent, et il faut en dépenser pour en gagner”. Donc, je dois dépenser de mon temps pour gagner du temps. Et je ne vois pas pourquoi je remettrais cette idée-là en question. Elle est claire, facile à comprendre. Elle va droit au but. Elle est là, déjà ancrée dans mon cerveau. C’est donc la meilleure idée!

Tout ça pour dire que mardi soir, en revenant chez moi, je passe par la 8ème. Et je vois un banc de neige qui me permet de passer par-dessus le clôture, et de couper directement dans le boisé pour rentrer chez moi, puisque le boisé est recouvert de neige.

Je passe donc la clôture, je passe le chemin de fer, et j’entre dans le boisé.

Et, heu… cette année, il a neigé, han!

Il est tombé un nombre très élevé de flocons de neige.

Je ne les ai pas comptés, mais à vue d’oeil, je dirais qu’il en est tombé plus que “pas mal beaucoup”.

Admettons que tu penses à une quantité déraisonnable de flocons de neige, tu es loin de la réalité.

Et donc, plutôt que de marcher, je cale.

J’avance, mais à la verticale.

Je suis dans la neige jusqu’au nombril.

Et pas question de revirer de bord, parce que ce n’est pas vrai que je vais m’avouer vaincu face à de l’eau en flocons! Je ne m’avoue même pas vaincu face à des flocons d’avoine!

Je sors donc mon arsenal de techniques d’experts pour avancer dans “épais de neige”. Arsenal qui se limite à “essayer de marcher normalement, voir que ça ne fonctionne pas, puis essayer de marcher normalement et ainsi de suite jusqu’à ce qu’hypothermie s’en suive”!

Bref, je me suis rendu chez moi. Ça m’a prit une heure et quart de plus, mais j’me suis rendu. Tout ça pour dire, sortir des sentiers battus, c’est amusant. Assure-toi juste de le faire en raquettes.

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