Gouverner au pif

Le conseil municipal met la pression sur le gouvernement de la CAQ pour que le projet de tramway avance plus rapidement. Le chef de l’opposition, Claude Villeneuve, a même demandé que la CAQ « s’enlève les doigts du nez ».

Par David Lemelin

On sent la pression monter, ce qui n’est pas trop tôt, sachant l’effet du temps qui passe…

Mais, je vais préciser les propos du chef de l’opposition pour dire qu’en fait, la CAQ n’a surtout pas les doigts dans le nez. L’expression fait sourire et se veut efficace, mais la réalité est plus triste et déplorable.

Depuis le début, la CAQ fait sciemment tout ce qu’elle peut pour retarder le projet, se montre désintéressée, avec un « manque d’adhésion » évident, comme le soulignait Villeneuve. Rappelez-vous la ministre Guilbault qui refusait même de prononcer le mot « tramway », comme un enfant de 6 ans dans une cour d’école, qui joue à ni oui ni non, version transport collectif.

En vérité, le réseau structurant n’est simplement pas le style de la maison. Ça ne sonne pas assez chars, pas assez projets d’une autre époque, faits de béton, d’asphalte et de coupage de rubans avec poignée de main figée et sourire frais. 

Donc, au lieu d’avoir les doigts dans le nez, la CAQ fait beaucoup d’efforts pour que le projet de tramway s’étire, niaise, dorme, histoire de continuer de pousser les pions du ridicule projet de troisième lien, plus conforme à son style et sa vision duplessiste 2.0. 

Alors, la CAQ déploie un trésor d’imagination pour nous faire croire que c’est une bonne idée, malgré l’absence de données et de soutiens raisonnables. C’est pourquoi elle est prête à court-circuiter des étapes (comme sauter l’étude d’opportunité), que le gouvernement a le culot d’annoncer des « travaux préparatoires » au troisième lien, projet aux détails encore inconnus et qui n’a même pas été accepté. 

Comme s’il avait décidé de créer une réalité alternative.

Or, la tactique est évidente : on donne l’impression que le troisième lien se concrétise plus vite que le tramway en annonçant des travaux… pourtant prévus depuis 2012. C’est même Gilles Lehouillier, alors député libéral, qui avait annoncé ces travaux d’élargissement…

C’est fabuleux, non?

Certes, en politique, le réchauffé est fréquent. Mais, la mascarade a ici quelque chose de particulièrement cynique et révoltant. À force de laisser trainer le projet de tramway, on a fini par affecter l’adhésion des gens. Bien sûr, il y a d’autres facteurs qui ont largement contribué à la désaffection populaire, à commencer par les questions sans réponse du projet lui-même.

En revanche, la capacité d’action ou d’inaction d’un gouvernement peut être décisive et le cas du tramway le démontre bien. Quand un gouvernement y met du sien, ça avance. Quand il gouverne au pif, pour servir ses intérêts, les conséquences peuvent être graves.

Alors, tant mieux si la moutarde a monté au nez du conseil. Ça sent peut-être le début du commencement du projet…

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