100 premiers jours : Le bulletin de Bruno Marchand

Bruno MarchandLe maire Bruno Marchand, en point de presse le 22 février. Photo : Capture d'écran

Après cent jours à exercer la fonction de maire, Bruno Marchand est revenu sur les premières réalisations de son administration, et a rappelé ses principales orientations pour les prochains mois, comme c’est coutume de le faire.

Par Gabriel Côté

Vêtu d’un coton ouaté noir et d’un veston, le maire de Québec a remarqué le plus prosaïquement du monde que « ce n’est qu’un début ». 

Avec un peu de nostalgie dans la voix, il s’est rappelé les turbulences des premiers jours, encore si proches, et il a insisté sur ce qui s’est mis en branle depuis son arrivée à la tête de la vieille capitale. 

Le maire s’est félicité d’avoir fait ce qu’il avait promis à propos du tramway, en tenant un état des lieux à la fin janvier ; il a parlé des diverses façons dont son administration a essayé de venir en aide aux commerçants pendant une période trouble ; il a souligné le sommet des ainés qui s’en vient, et son engagement pris en campagne électorale d’investir dans chacun des quartiers ; surtout, il a mis de l’avant le fameux « changement de ton » dans la manière de mener les dossiers, se distinguant de son prédécesseur en faisant valoir « qu’à un autre temps conviennent d’autres mœurs ». « Le but, a-t-il dit, ce n’est pas d’être fleur bleue, c’est d’être adapté au temps présent », a-t-il glissé. 

Lorsqu’il se remet dans l’état d’esprit qui était le sien alors qu’il aspirait au poste qu’il occupe maintenant, Bruno Marchand constate que la distance entre ses attentes et la réalité n’est pas si grande que ça. « Le grand défi, explique-t-il, c’est de tenir compte des imprévus, d’équilibrer les urgences et aussi la vision à long terme. » 

Le maire reconnaît qu’il a encore beaucoup à apprendre, mais il attribue ses réussites en grande partie à son entourage. « Ces cent jours-là n’auraient pas été ce qu’ils sont sans l’équipe que j’ai autour de moi. C’est très facile de penser que c’est moi qui fait tout. Ce n’est pas le cas du tout », a-t-il lancé.

Le bulletin du Carrefour

Situation générale : A-

Cent jours plus tard, Bruno Marchand est dans une meilleure situation qu’au lendemain de son élection. L’opposition officielle était alors la formation politique ayant le plus d’élus à l’Hôtel de Ville, et on disait que cela rendrait peut-être la mairie de Bruno Marchand sinon plus instable, au moins plus difficile à manœuvrer.

De fait, dans les premières semaines suivant l’élection, on a eu l’impression que l’opposition menait le bal, et que le maire était souvent contraint de réagir.

Mais les choses ont changé, avec le départ de Steeve Verret, qui siège maintenant comme indépendant et qui en sa qualité de membre de l’exécutif se trouve de facto du côté de l’administration, et celui plus récent de David Weiser, qui a carrément rejoint le parti du maire.

Alors que les partis d’opposition semble un peu désorganisés et en quête de leur identité, les assises de Bruno Marchand, elles, se sont stabilisées. Le maire est clairement plus à l’aise dans son rôle, et il semble plus en maîtrise des imprévus.   

Reprise du dossier du tramway : A- 

Il n’y avait probablement pas trop de poussière sur les cartables du projet de tramway quand Bruno Marchand a pris possession de son bureau en novembre dernier. Comme l’ont observé certains, il doit en partie son élection à la position nuancée qu’il a adoptée dans les dernières semaines de la campagne à ce sujet, – chacun se rappelle du tramway « pas à n’importe quel prix ». 

Bruno Marchand savait à son entrée en poste qu’il héritait d’un dossier en déficit d’adhésion. La publication du sondage faisant état de ce déficit montre la volonté du nouveau maire d’être plus transparent que son prédécesseur. Les efforts de communication mis en place par l’administration Marchand sont nécessaires, et il s’est mérité les félicitions de l’opposition à cet effet. 

Il est tôt pour juger des résultats concrets qu’auront les démarches de la nouvelle administration sur la popularité du projet. Mais ne serait-ce qu’en raison de la complexité du dossier, – il s’agit d’une patate chaude laissée par l’administration précédente : un dossier déjà trop avancé pour pouvoir reculer, et pas suffisamment pour aller de soi – il convient d’attribuer un bon résultat à M. Marchand, avec la mention « bel effort ». 

Relations avec les autres paliers de gouvernement : B+

Le maire obtient encore ici un bon résultat, ce qui paraîtra surprenant aux yeux de certains vu la virulence des critiques de l’opposition officielle en cette matière. Il s’est trouvé par le passé des exemples de diplomatie « forte » qui se sont avérés efficace, et d’autres, inefficaces. Pour cette raison, le critère de l’opposition officielle pour juger le maire est vicié, parce qu’il se limite à une comparaison avec la façon de faire de la précédente administration, qui avait ses bons et ses moins bons côtés. 

Néanmoins, le maire ne peut pas obtenir une cote de « A », parce qu’il est trop tôt après cent jours pour déterminer si son approche sera véritablement efficace. Il convient de juger l’arbre à ses fruits, disait l’autre. Or, pour l’instant, les fruits ne sont pas mûrs, alors il faut se garder une petite gêne.     

Transparence / Relations avec les citoyens : B+

Le maire va à la rencontre des citoyens, en personne et sur les réseaux sociaux, et c’est très bien. Il n’a pas peur de s’exposer aux critiques, et il semble avoir l’échine assez solide pour vivre avec les commentaires négatifs qui, comme on dit, « viennent avec la job ». 

Les consultations sur le tramway sont nécessaires, mais plusieurs y voient quelque chose d’essentiellement cosmétique, qui rappellent un peu l’approche de la ville sous la gouverne de Régis Labeaume. Il faudra en faire beaucoup pour que les citoyens cessent d’avoir cette impression que la ville impose plus qu’elle ne propose

Transparence / Relations avec l’opposition : B+

Après quelques semaines de « lune de miel » et de jovialité, les relations se sont envenimées avec l’opposition officielle. Par moments, on a l’impression que l’opposition aurait pu être « mise dans le coup » par l’équipe du maire, notamment dans le dossier du nickel. Il se trouve donc des gens pour penser que le grand défenseur de la transparence devrait parfois être plus transparent vis-à-vis de ses collègues. 

Québec d'abord
Photo : Gabriel Côté

Sur le plan politique, il importe de remarquer que Bruno Marchand paraît souvent jouer avec quelques coups d’avance sur ses homologues de l’opposition officielle. Et s’il est critiqué parce qu’il a « beaucoup à apprendre », la chose est au moins aussi vraie pour la vaste majorité des élus du conseil de ville.

Les relations avec la deuxième opposition sont excellentes, et M. Marchand reçoit les louanges de Jean-François Gosselin pour son approche conciliante à chaque réunion du conseil de ville depuis l’élection. 

Déneigement : C

La question du déneigement est délicate, puisqu’il s’agit du service de la ville dont les citoyens de Québec sont en général le moins satisfaits. Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est encore probablement le cas cet hiver. Bien du monde n’est pas convaincu par les « expérimentations » des premiers jours. Mais M. Marchand a bien fait de se servir de la première année de son mandat pour faire ses expériences en cette matière, et il a plusieurs hivers devant lui pour faire oublier les gaffes de ses premières bordées de neige.  

déneigement
Photo : Gabriel Côté

Style vestimentaire : A

On fait grand cas des espadrilles de Bruno Marchand, mais il ne faudrait pas oublier l’impressionnante variété de ses habits. Souvent, le mélange veston – col roulé confère au maire l’apparence d’un homme qui tout en se souciant de son confort, ne néglige aucun effort pour se présenter sous son meilleur jour à ses interlocuteurs.

Si ce n’était de certains autres élus qui se démarquent en particulier par l’élégance et le naturel de leur style au conseil de ville, – pensons entre autres à Véronique Dallaire, à Maude Mercier Larouche et même à Jean-François Gosselin (qui a eu l’audace de se laisser pousser la barbe) – le maire se mériterait la meilleure note à ce sujet.

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