Les cinq livres de Benoît à découvrir pour le temps des fêtes

Le directeur de la librairie Pantoute sur Saint-Joseph, Benoît Vanbeselaere. Crédit photo : Sophie Williamson.

Les vacances de Noël s’annonçant plutôt tranquilles, nous avons discuté avec Benoît Vanbeselaere, directeur de la librairie Pantoute de Saint-Roch, qui nous recommande cinq livres pour le temps des fêtes, et pour après.

Nous en avons profité pour enquêter sur les tendances actuelles, les grands vendeurs et les livres à paraître.

Cinq oeuvres québécoises

I. Femme forêt

Femme forêt, le nouveau roman d’Anaïs Barbeau-Lavalette, est la première suggestion de Benoît.

« Alors on se penche sur l’extérieur, comme pour la première fois.  Dehors, une nouvelle langue se déploie. Celle des lucioles, des pins blancs et du mélilot.  Dehors, une cueilleuse d’asclépiades sauve la vie de soldats, un superhéros dompte les peurs à bord de son tracteur, un peintre japonais trace ses tableaux avec la sueur des amants. Dehors, tout redevient possible », peut-on lire dans la description.

« Tout le monde adore Anaïs Barbeau-Lavalette », lance Benoît. Selon une lectrice, « c’est un livre doux et magnifique qui raconte la vie, la famille, le passé, la nature, cette nature si bien décrite qu’on croirait y être ».

II. Ils mangent dans leur char

Ce nouveau livre de Simon-Pierre Beaudet est un recueil d’essais et de chroniques parus dans les cinq dernières années. Il aborde entre autres le tunnel Québec-Lévis, « la fin du monde », la gestion de la pandémie, Netflix, mais surtout « le monde qui a rendu possible le troisième lien ».

« Monsieur Dumont (libraire au Pantoute Saint-Roch) adore Ils mangent dans leur char, affirme Benoît en riant. Monsieur Dumont il n’a pas de permis, il habite dans une vieille maison à La Pocatière. Toutes les semaines, il fait l’aller-retour en bus, en Orléans Express. Il m’a expliqué qu’il lisait ce livre dans le bus et il riait tellement fort qu’il a dû s’arrêter de lire parce que c’était trop malaisant tellement le livre est drôle. »

III. Filles corsaires

Écrit par Camille Toffoli, Filles corsaires est un recueil de courtes réflexions sur des moments de la vie quotidienne qui dévoilent « les rapports de genre et les privilèges de classe ».

« Ça peut partir de pas grand chose, comme faire du vélo à Montréal ou se retrouver aux États-Unis dans un camping ou être au karaoké, pour donner lieu à une grande réflexion, explique Benoît. De plein de petites scènettes de vie, Camille Toffoli arrive à accoucher de belles réflexions sociales. C’est très accessible et sympathique. » 

IV. Là où je me terre

« Ce roman de Caroline Dawson a eu un grand succès en librairie, explique Benoît. C’est un roman autobiographique où Caroline raconte son parcours de l’Amérique du Sud jusqu’au Québec. Elle parle de sa vie à Montréal et de comment on passe d’une ancienne vie à la neige à tous les jours. »

La description est prometteuse : « Mais comment apprend-on à ne plus s’effacer? Peut-on embrasser une nouvelle culture sans renier ses origines? Lumineux et vivant, Là où je me terre sonde la possibilité d’aimer et de lutter sans ne plus avoir à fuir. »

Ce récit d’immigration a d’ailleurs fait partie des finalistes pour le Prix des libraires du Québec 2021. Selon une lectrice, il s’agit d’un « roman qui se lit rapidement vu l’intérêt qu’on porte à l’histoire ».

V. Chant(s)

« C’est un recueil de poésie qui m’a été recommandé chaudement par un collègue », explique Benoît. Chant(s) est d’ailleurs finaliste pour l’édition 2022 du projet Une ville, un livre.

« L’artiste wendat Andrée Levesque Sioui trace ici ce qui, du passé et du présent, demande à retrouver une voix et un souffle. Cette incarnation du chant témoigne de la nécessité organique et sacrée de rendre visible ce qui autrement nous échappe, de mettre en lumière l’histoire, la réflexion, la parole », peut-on lire sur le site du Pantoute.

Et le nouveau Houellebecq ?

L’éditeur Flammarion annonçait dernièrement que le nouveau roman attendu par les adeptes de Michel Houellebecq, anéantir, paraîtra le 7 janvier.

« Je n’ai pas de collègues qui sont fans finis de Houellebecq, débute Benoît. Mais quand un Houellebecq sort, il y a toute une organisation en sous-main : le distributeur, l’éditeur. Les informations sont données au compte-goutte. Ça se précise de plus en plus. Ils sont très forts au niveau marketing : ils construisent une attente et un hype autour de ça. »

Benoît est certain que ce sera un grand vendeur en janvier. Il raconte même que suite à l’annonce du titre, deux clients de suite ont téléphoné pour réserver leur copie. Selon lui, les gens « sont excités » lorsqu’un nouveau Houellebecq paraît.

« Mais on ne fait pas partie du cercle des dévoués de Houellebecq, désolé », lance Benoît rieur.

Que lisent les Québécois ?

« Il y a pas mal de demande autour de certains livres comme Femme forêt, Nauetakuan, un silence pour un bruit de Natasha Kanapé Fontaine et pour les livres de Michel Jean, l’indétronable », affirme Benoît.

Il raconte par ailleurs qu’il n’a pas lu les livres de Michel Jean, Kukum et son dernier, Tiohtiáke. « Je les ai fait lire à ma mère par contre, pour l’anecdote », relate-t-il en riant.

Un autre bon vendeur explique Benoît est le livre préfacé par la militante autochtone Natasha Kanapé Fontaine, Ce qui nous lie, et co-écrit par dix députés de Québec Solidaire.

« Les gens ont vraiment un Noël politique à coeur », propose Benoît.

Il remarque en effet un intérêt marqué pour des livres politiques, engagés, pour en somme de la littérature militante. « Les gens s’intéressent à l’actualité et cherchent à aller plus loin, poursuit-il. Il y a une envie d’écoute et d’en savoir plus. On est contents d’être les intermédiaires. » 

Nous avons donc demandé à Benoît s’il n’y avait pas chez les lecteurs un délaissement de la littérature davantage classique ou des oeuvres du passé.

« C’est sûr qu’il y a toujours des classiques à la mode, genre Dune, répond-t-il. Il y a beaucoup de gens qui se tournent vers la littérature québécoise. Les gens ont envie de voix et d’expériences nouvelles. Ils sont tannés parfois de l’éternel homme blanc qui écrit. » 

Il explique par contre qu’il y a une pluralité de clients au Pantoute Saint-Roch.

« On peut avoir un client qui nous demande du Mathieu Bock-Côté et celui d’après qui nous demande du Fred Dubé et c’est saint dans une démocratie de faire lire des choses avec lesquelles on est pas d’accord, affirme-t-il. C’est sûr qu’on a un rôle un peu politique parce qu’on a une ligne éditoriale et on met certains livres de l’avant. Il n’y a pas de censure, mais on fait toujours des choix en accord avec nos principes, sans discriminer pour autant. » 

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