Le chef de cabinet de Gosselin sort de ses gonds

Le chef de cabinet de Québec 21, Richard Côté.Le chef de cabinet de Québec 21, Richard Côté. Photo : Gabriel Côté

Il s’est produit un évènement pour le moins inattendu mercredi matin lors d’un point de presse tenu par Jean-François Gosselin. Son chef de cabinet, Richard Côté, était visiblement ému et il a pris la parole pour défendre le projet de métro-léger, lancer des critiques corrosives à Bruno Marchand et à Marie-Josée Savard, et enfin pour déplorer le traitement accordé à Québec 21 par les membres des médias.  

Par Gabriel Côté

La prise de parole de M. Côté est survenue alors que Jean-François Gosselin répondait à des questions au sujet de l’ultimatum lancé à ses deux principaux adversaires dans la course à la mairie, Bruno Marchand et Marie-Josée Savard, de publier la liste de leurs donateurs.

Lundi, M. Marchand avait soutenu qu’il n’était pas certain que cela respectait les règles établies par le directeur général des élections. M. Gosselin a évoqué l’article 659 de la loi sur les élections et les référendums dans les municipalités, qui stipule que les contributions de plus de 50$ ont un caractère public et que rien n’empêche de les dévoiler.

M. Gosselin doute en particulier des montants que Bruno Marchand dit avoir récoltés, qui tournent autour de 130 000 $.

« C’est impossible, 130 000$. Qu’il dépose sa liste, on verra. Je lui donne le bénéfice du doute, je vais être bon joueur », a soufflé le chef de Québec 21.

Selon l’expérience de son chef de cabinet, l’exploit prétendu de M. Marchand dépasse les bornes de la raison, du moins sans qu’il y ait plusieurs prêts de 5000 $ dans la cagnotte – ce qui n’est pas contre la loi, soit dit en passant.

« J’ai été dans Équipe Labeaume. On s’entend-tu que pour Équipe Labeaume, ramasser de l’argent, ce n’était pas trop difficile. J’ai jamais vu ça. »

Qui plus est, M. Côté s’est montré inquiet que M. Marchand se retrouve avec les mains liées par ces prêteurs de 5000 $.

« On a le droit de prêter 5000 $ à un candidat qui se présente. Donc il a peut-être ramassé 130 000$, mais ça veut dire que des donateurs de 5000 $ qui ont prêté de l’argent au parti. On veut savoir c’est qui. »

M. Gosselin a dévoilé mercredi la liste de ses donateurs. Aucun prêteur de 5000$ n’y figure, mais il y en aurait six, selon M. Côté, montant qui s’ajoutent donc à ceux qu’a rendu publics Québec 21.

Sur la défensive à propos du projet VALSE

Quelques minutes plus tard, le ton de la conférence de presse a drastiquement changé quand les journalistes ont commencé à poser des questions à propos du projet de métro-léger.

Calmement, M. Gosselin a esquivé les questions en réitérant l’ultimatum lancé à M. Marchand et à Mme Savard de publier les détails de leur version respective du projet de tramway. « Surtout, la dernière mouture du tracé se rend jusqu’à D’Estimauville. Ce que les gens doivent savoir, c’est où passe le tracé. Comment va-t-il tourner au coin de la 4e Rue et de la 4e Avenue, parce que ça tourne assez serré. Les gens posent des questions à ce sujet, et je ne peux pas leur répondre, car les plans n’ont pas été dévoilés », a déclaré le chef de Québec 21.

M. Gosselin a aussi expliqué que les modifications au projet proposés par M. Marchand ne tiennent pas la route, entre autres en raison de l’hiver québécois.

Enfin, le candidat à la mairie a déploré que le comportement des médias semble différent à son égard, et vis-à-vis de ses adversaires. « Moi, je comprends que c’est deux poids, deux mesures. Eux n’ont pas besoin de vous donner le niveau de détail de ce qu’ils avancent avec leur tramway 2.0, mais moi il faut que je vous donne un niveau de détail qu’eux n’arrivent même pas à vous répondre », a glissé M. Gosselin.

Par ailleurs, le chef de Québec 21 assure qu’il a un étude « étampée par un professionnel, et certifiant que le projet de métro-léger se tient ». À la question de savoir pourquoi cette étude n’a pas été rendu publique, M. Gosselin a dit qu’une présentation technique pouvait être faite pour les journalistes. Ces derniers ont alors demandé que cette présentation ait lieu dans les meilleurs délais. Le chef de cabinet de M. Gosselin a dit que ça pouvait se faire, mais que la présentation « durerait deux-trois heures », et qu’il fallait « seulement vérifier les disponibilités du professionnel ». Il s’agit donc d’un dossier à suivre de près dans les prochains jours.

Pressé de question sur son projet, M. Gosselin a déclaré que « ça fait des semaines » qu’il répond « à toutes les questions qui lui sont posées », avant de céder sa place devant les micros à Richard Côté.

On a alors appris que des doutes subsistent dans le projet de métro-léger quant à un segment sur la rue Holland. M. Côté a aussi ouvert la porte à la possibilité qu’une « dizaine d’arbres » soient coupés, alors que Québec 21 maintient depuis plusieurs semaines qu’aucun arbre ne sera coupé pendant les travaux pour l’implantation du métro-léger.

Puis, Richard Côté a dit sans détour que les médias chercheraient à détruire le projet de Québec 21. « La vérité, je m’excuse, c’est que vous voulez (…) démontrer que ce qui est dans notre projet ne tient pas la route. Mais c’est tellement bien fait : on a même des phases 1A, des phases 1B, avec un tunnel, deux tunnels », a dit M. Côté. « J’essaie de comprendre pourquoi dans cette élection-là, la transparence et l’équitabilité ne sont pas pareils (pour tous les candidats). J’essaie de comprendre », a-t-il ajouté.

Des attaques virulentes  

La gronde de Richard Côté s’est ensuite dirigée vers Bruno Marchand et Marie-Josée Savard. Selon le chef de cabinet de Québec 21, M. Marchand serait un « produit de marketing ». Quant à Marie-Josée Savard, il s’agirait tout simplement, selon lui, d’une incompétente.

Nous reproduisons ici pour les lecteurs l’argumentaire de M. Côté, dans ses propres mots.

« Vous savez qu’en politique, j’ai fait quelques campagnes. Des fois quand on a un bon candidat, on va jouer sur la qualité et l’expérience de ce candidat. Quand on a un candidat qui n’a pas d’expérience, on va jouer sur le marketing. Moi je regarde la campagne aller : M. Marchand, c’est un produit de marketing. D’après moi, on est à veille de voir des bobbleheads de M. Marchand dans les dépanneurs, parce que dans le fond, lui, il essaye de vendre une image de marque. Pourquoi je dis qu’il n’a pas d’expérience. Premièrement, il a commencé avec les taxes, on ne reviendra pas là-dessus, il va falloir qu’il apprenne, parce que ça ne fonctionne pas. Puis, il a dit, nous autres on va mettre plus de gens dans les garderies, plus de garderies, ça n’a aucun rapport avec le municipal. Il faudrait peut-être que quelqu’un lui dise. Après ça, il a dit qu’il allait faire une Table pour la pénurie de main d’œuvre. M. Marchand, ça a été fait en 2017, c’est le rapport St-Gelais, dont les conclusions ont déjà été transmises au provincial. Ça ne concerne pas le municipal parce qu’on parle de fiscalité et d’immigration : aucun rapport avec le municipal. Il a aussi dit que sous son administration, les trottoirs seront déneigés autour des écoles. C’est déjà fait ça aussi (…). Je m’excuse, moi je ne lui confierais pas ma ville à ce gars-là, un qui n’a pas d’expérience, et deux qui vise sur le marketing », a-t-il tonné, visiblement en colère.  

À propos de Mme Savard, M. Côté n’a pas mâché ses mots, en rappelant qu’ils ont siégé sur l’exécutif ensemble.

« Madame Savard, je peux vous en parler, j’ai travaillé quatre ans avec elle. Elle avait un dossier au comité exécutif. Les aînés. Qu’est-ce que les aînés ont eu pendant ces quatre années-là ? C’est dommage, je n’ai pas de page blanche avec moi pour l’illustrer (…). Et quand on parle de l’anglais, moi j’ai accompagné Régis Labeaume à Boston, où il a fait un speech extraordinaire (…). Est-ce que vous pensez vraiment qu’un maire peut ne pas être bilingue. Je m’excuse, c’est impossible. Je vais terminer en disant que Mme Savard était vice-présidente de l’exécutif dans les dernières années, responsable de trois dossiers : le patrimoine, la gestion du territoire et l’urbanisme. J’ai eu 18 rapports de vérificateurs général dans ma vie. C’est la première fois de ma vie que je voyais qu’un vérificateur général osait dire qu’il y a eu un manque de leadership dans un dossier comme le patrimoine, c’est elle qui en était responsable. Quand on parle de gestion de territoire et de l’urbanisme, la grogne est incroyable, il y a des paquebots qui poussent partout. Madame Savard était responsable de quatre dossiers à l’exécutif, elle en a moffé quatre sur quatre, et on veut lui donner les clés de la ville », a lancé M. Côté avec une certaine hargne.

Le bon porte-parole ?

Il est significatif que ces attaques ne soient pas venues de la bouche de M. Gosselin, mais de celle de son directeur de cabinet. Si certains pourraient voir dans cette situation un problème, voire un signe que M. Gosselin laisse les membres de son équipe s’occuper de dire ce qui est difficile à dire, M. Côté a simplement souligné que « ça fait du bien parfois qu’un message soit véhiculé par une autre personne ». Il considère que comme il « fait partie de l’équipe », les électeurs peuvent considérer que ses propos sont endossés par les autres membres de son parti.

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