Déplacer le problème

Évidemment, je n’allais pas crier victoire ni lancer des bravos.

L’abandon de la sortie autoroutière du troisième lien dans le quartier Saint-Roch allait de soi. Mais, ça ne règle pas le problème de fond. Ça ne fait que le déplacer.

Le problème, quel est-il? C’est que nous n’en avons pas besoin.

Qu’elles arrivent plus loin, près de l’amphithéâtre, n’enlève rien au fait qu’il y aura, à cause de ce lien autoroutier, une augmentation du nombre de véhicules en ville. Et, même si on fait semblant de ne pas comprendre, ajouter des voitures ne règlera pas la congestion : elle s’aggravera.

En sortant un peu plus loin, les voitures seront néanmoins toujours plus nombreuses à circuler dans les quartiers les conduisant au centre-ville. Elles passeront donc par Limoilou, par Vanier… des secteurs qui verront alors leur qualité de vie diminuer d’autant, avec les enjeux de santé, de pollution, de sécurité, etc.

Certes, plusieurs se sont félicités de la décision du gouvernement qui a choisi le recul. La chaleur est effectivement intense dans le centre-ville et il est sans doute difficile de trouver des résidents de Saint-Roch enthousiastes à l’idée de se faire envahir (encore plus) de voitures. J’ai souri, il est vrai, en entendant tous les candidats à la mairie prétendre qu’ils ont été entendus.

Non. C’est pas grâce à vous. La CAQ a fait ses calculs et conclut que son entêtement au centre-ville lui coûterait trop cher, politiquement. Alors, elle cherche l’acceptabilité sociale.

Alors, on dit que seul le bus pourrait sortir dans Saint-Roch, si quelque chose sort dans le secteur. Sauf que ce projet, qu’importe la poudre de com lancée à nos yeux, ne change pas d’objet : c’est un projet d’étalement urbain et d’augmentation du trafic autoroutier. On le sait : la science et la pratique nous montrent déjà qu’une infrastructure comme celle-là aura des conséquences néfastes. Ce n’est surtout pas un projet de transport collectif.

Si je peins mon Hummer en vert, ça n’en fait pas un véhicule vert, tsé!

Stratégiquement, il faut admettre que les choses vont se corser encore davantage pour le gouvernement Legault. Au Fédéral, on peut difficilement douter de l’appétit écologique du nouveau ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault. S’il fallait que l’Agence d’évaluation d’impact du Canada débarque dans le dossier, elle qui prend plus de temps et va plus à fond sur ces questions que le BAPE… ça pourrait faire mal au portefeuille du Québec. Qui plus est, en choisissant les Conservateurs lors de la dernière campagne, l’imprudent premier ministre pourrait trouver le temps long à essayer de convaincre le ministre des Infrastructures, Dominic LeBlanc.

Pourquoi diable devrait-il lui dire oui?

À l’heure où les changements climatiques sont devenus une urgence, où les pays s’apprêtent à se rencontrer pour se parler dans le casque d’environnement, on se demande bien ce qu’ira faire Legault à la COP26 à Glasgow.

Peut-être quelque chose comme : « avez-vous vu mon tunnel? J’ai peint toutes les chars qui s’entassent dedans en vert. C’est full écolo, non? »

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