Des questions plus intéressantes que les réponses

Justin TrudeauPhoto : Courtoisie, page Facebook du Parti libéral du Canada

Le deuxième débat des élections fédérales avait lieu hier soir à Radio-Canada et il m’a paru plus intéressant que le premier débat diffusé à TVA. Cependant, les moments plus intenses se sont faits rares et on a somme toute eu droit à un exercice de communication plutôt qu’à un débat.

Collaboration spéciale, Karim Chahine

Bien que la formule était un peu plus lente, le duo formé par Patrice Roy et Noémie Mercier s’est révélé être en plein contrôle pour intervenir dans les moments qui tombaient un peu à plat. La palme va cependant à la journaliste Hélène Buzzetti, même si elle n’est intervenue que pour quelques minutes auprès des cinq chefs. À la suite de ses questions principales, elle a su habilement relancer les chefs avec un ton sec et tranchant sans être le moindrement complaisante. C’est souvent ce qu’il manque dans ce genre de débat : quelqu’un qui se fait un peu la voix du public qui se sent impuissant face aux passepasses rhétoriques des politiciens. Plusieurs téléspectateurs ont certainement souhaité son retour à plusieurs moments au cours de la soirée. Les autres intervenants ponctuels, Paul Journet de La Presse, Guillaume Bourgault-Côté de L’Actualité et Marie Vastel du Devoir, on aussi bien fait avec des questions très pertinentes. La formule permet de varier le ton des interventions et de poser des questions spécifiques à chacun des chefs.

Justin Trudeau a sans contredit élevé d’un cran son intensité. Sur la question de la vaccination obligatoire, on a vu un Justin Trudeau hausser le ton face au chef conservateur. Même chose lorsque Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois, l’a attaqué sur son identité québécoise avec sa désinvolture habituelle. Trudeau a semblé être piqué au vif par la remarque. Cela a donné une véritable profession de foi nationaliste de la part du premier ministre : « Je suis québécois M. Blanchet, vous oubliez constamment que je suis fier québécois, que j’ai toujours été québécois, que je serai toujours québécois ». « Vous m’accuserez pas d’être pas [sic] québécois monsieur! », a-t-il conclu dans un style qu’on lui connait. Malgré tout, lorsque les autres chefs tentaient de l’interrompre, Trudeau gardait le cap habilement pour s’assurer de compléter ses réponses. Clairement, Trudeau a pris la décision d’occuper plus de place en étant plus direct avec tous ses adversaires. À la fin du débat, il avait un peu plus de trois minutes de temps de parole supplémentaire sur chacun des quatre autres chefs.

Ce débat fut l’occasion pour Annamie Paul, la cheffe du parti vert, de s’illustrer auprès des Canadiens. Cette dernière était absente lors du premier débat de TVA puisque ce parti n’a aucun élu sur le territoire québécois. Cependant, sa présence aura finalement plus servi à Jagmeet Singh qu’à son propre parti. Le chef du NPD a su rebondir sur plusieurs de ses déclarations pour marteler ses lignes de communication. Étonnamment, la cheffe du parti vert ne s’est pas illustrée sur les enjeux environnementaux, ce qui est étonnant, puisqu’elle a un bien meilleur français que sa prédécesseur, ce qui lui aurait permis de prendre plus de place.

Jagmeet Singh a réussi à mieux paraître à de nombreux égards. Les questions du public lui ont bien servi. Fidèle à lui-même, il adoptait un ton amical pour entamer ses réponses. Après cette soirée de débat, le chef conservateur Erin O’Toole m’apparaît être le grand perdant. S’il a réussi à passer les grandes lignes de son programme, il serait étonnant qu’il ait réussi à convaincre quelqu’un d’autre qu’un électeur conservateur. Il était relativement effacé durant la deuxième moitié du débat et les contre-attaques de Trudeau contre lui ont atteint leur cible.

Dans le contexte électoral où nous sommes, les débats peuvent faire la différence entre un gouvernement minoritaire et majoritaire. À l’exception de Trudeau, qui veut à tout le moins conserver le statu quo, les autres chefs – particulièrement O’Toole – ont pourtant tout à gagner à être un peu plus audacieux pour faire pencher la balance. Il ne reste que le débat anglais du 9 septembre pour le faire. On entrera ensuite dans la dernière ligne droite vers le jour du vote du 20 septembre.

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