Veille électorale : District de Robert-Giffard

Le secteur d'Estimauville fait partie du district Robert-GiffardPhoto : Gabriel Côté

À l’approche des élections municipales, Le Carrefour va à la rencontre des gens dans les 21 districts électoraux de la ville pour leur demander quelles sont leurs préoccupations, leurs désirs et leurs attentes. On s’est rendu d’abord dans le district de Robert-Giffard, situé dans l’arrondissement de Beauport.

Par Gabriel Côté

Traversé par l’avenue Royale, le district de Robert-Giffard longe au sud la baie de Beauport et est enclavé au nord et à l’est par l’autoroute Robert-Bourassa, à l’exception d’une excroissance à Charlesbourg dans le quartier de Bourg-Royal.  

Il s’étale donc sur trois quartiers, – le Vieux-Bourg, le Vieux-Moulin et Bourg-Royal – et comporte un total de 21 969 électeurs, ce qui le place en 5e position à ce chapitre dans l’ensemble de la ville. 

Quand on y entre à partir de Limoilou, on est accueilli par ce qu’il est maintenant convenu d’appeler « l’écoquartier » D’Estimauville.  Là, des constructions récentes s’avoisinent à des chantiers encore en cours, ce qui déjà donne l’impression d’un secteur en mutation. 

D’un seul tour de tête, on peut admirer le bâtiment de l’Institut universitaire en santé mentale de Québec (autrefois appelé l’hôpital Robert-Giffard), le terminus Beauport, quelques restaurants dont on se demande spontanément s’ils sont encore ouverts, et d’immenses immeubles vitrés, qu’on devine aussi vide même en milieu de semaine que les vastes stationnements qui se trouvent derrière ceux-ci. 

Dans ce décor, on ne saurait trop dire si l’axe d’Estimauville-Canardière est vivant, ou simplement achalandé, mouvementé, pris dans une agitation perpétuelle. 

Les organismes communautaires

Une fois qu’on a franchi d’Estimauville, on sent assez rapidement qu’on se trouve dans l’arrondissement historique de Beauport. Pendant quelques kilomètres, on voit à notre droite les traces d’un passé industriel relativement récent ; à gauche, la paroisse Saint-Ignace-de-Loyola, où foisonnent les organismes communautaires.

« Le communautaire est très important dans le Vieux-Bourg et dans le Vieux-Moulin, explique Manon Chouinard, directrice générale du Centre d’action bénévole Aide23. C’est l’un des secteurs les plus âgés et les plus pauvres de la ville. Côté vulnérabilité, on est vraiment gâtés. » 

Or, la transformation qui s’est opérée à la Ville de Québec dans les dernières années est venue compliquée les choses pour les acteurs du milieu communautaire de ces quartiers, selon Daniel Régimbal, le directeur général de la banque alimentaire Entraide Agapè.   

« Depuis 2013, nos demandes auprès de l’administration municipale font partie du grand bassin qui regroupe l’ensemble des organismes communautaires sur tout le territoire de la ville. Avant ça, il y avait une enveloppe juste pour Beauport, et c’était beaucoup plus facile d’obtenir du financement. »

Mais s’il déplore les difficultés que lui ont causé ce changement, M. Régimbal ne se plaint pas. « Je comprends la ville, et je ne lui reproche rien. Il faut dire aussi que nous n’avons jamais eu de problème dans nos échanges avec le municipal, et que nous avons toujours trouvé des solutions facilement avec [le conseiller du district] Jérémie Ernould. »

Un district en deuil de son conseiller

M. Ernould a annoncé le 10 juin dernier qu’il ne briguerait pas de troisième mandat à titre de conseiller municipal. Face à cette nouvelle, le sentiment prédominant dans le district, tant chez les citoyens à qui nous avons parlé que chez les organismes communautaires, semble en être un de déception.

Jérémie Ernould
L’actuel conseiller municipal du district de Robert-Giffard, Jérémie Ernould.

« On espère que la personne qui rempalcera Jérémie sera aussi dévouée qu’il l’était lui-même. Il avait l’écoute facile, et il semblait toujours touché par les réalités qui sont les nôtres. Je trouve ça triste de le voir partir », dit le directeur général d’Entraide Agapè.

Manon Chouinard est du même avis. « Jérémie était présent dans son district, il a toujours été là pour nous. Nous avons bien apprécié son travail et nous sommes déçus de le voir partir », fait-elle valoir. 

Un homme rencontré dans un parc à qui nous avons appris le départ de M. Ernould a déclaré que ce sentiment est aussi le sien. « Je l’ai déjà vu, et je connais son nom, c’est pour dire ! Ça fait plusieurs années que j’habite ici, et je ne serais pas capable de nommer les conseillers municipaux qui m’ont représenté, sauf lui. Ça dit quelque chose, non ? »

Considérations électorales

Le départ de M. Ernould laissant un siège vacant à l’Hôtel de Ville, la course s’annonce serrée dans Robert-Giffard, où déjà trois personnes ont décidé de se porter candidat. 

Isabelle Roy en compagnie d'un magicien, le 3 août dernier.
Isabelle Roy en compagnie d’un magicien, le 3 août dernier. Photo : Gabriel Côté

Celle qui peut-être se trouve en tête du peloton en ce début de campagne est l’ex-directrice générale des Grands Feux Loto-Québec, Isabelle Roy, d’Équipe Marie-Josée Savard. Elle peut se présenter comme celle qui poursuivra le travail de Jérémie Ernould, et elle jouit de son appui. 

« En politique, j’ai une approche de service à la clientèle. Je veux m’impliquer auprès des gens, et apporter des améliorations au district en restant dans la continuité de ce que fait l’administration actuelle. Les choses vont bien, il s’agit de garder le cap et de faire quelques ajustements. On est vraiment choyés à Québec », explique-t-elle. 

Le candidat de Québec Forte et Fière Maxime Dion est issu du milieu syndical et semble très sensible aux questions qui touchent les organismes communautaires, ce qui pourrait jouer en sa faveur, s’il fait une bonne campagne sur le terrain. M. Dion dit aussi vouloir se porter à la défense du patrimoine. 

Maxime Dion est candidat dans le district de Robert-Giffard
Maxime Dion sera le candidat de Québec Forte et Fière dans le district de Robert-Giffard, à Beauport. Photo : Courtoisie

« Nous sommes au cœur de l’arrondissement historique. Québec Forte et Fière veut dynamiser les rues, et une bonne façon de le faire serait de développer un projet de rue marchande sur l’avenue Royale. Ça permettrait de valoriser le patrimoine bâti, et aussi d’attirer des visiteurs. » 

En outre, c’est Lyne Girard qui portera les couleurs de Démocratie Québec dans le district. Lors de l’annonce de sa candidature, Mme Girard a misé sur l’importance de l’accès au fleuve et a notamment proposé la conversion de l’autoroute Dufferin-Montmorency en boulevard urbain.  

Jean Rousseau, Lyne Girard et Daniel Guay de Démocratie Québec
Jean Rousseau, chef de Démocratie Québec, à l’endroit où « heureusement le projet Laurentia n’aura pas lieu ». À sa gauche, Mme Lyne Girard et Daniel Guay. Crédit photo : Sophie Williamson

Enfin, il ne se trouve plus de conseil de quartier dans le district de Robert-Giffard. Si M. Dion et Mme Girard ont la volonté de relancer ce type d’organisation, Mme Roy soutient quant à elle que l’initiative devra venir des citoyens. « Un conseil de quartier, est-ce absolument nécessaire, si le conseiller municipal est accessible et ouvert ? », se demande-t-elle. 

Et les citoyens ?

De leur côté, les citoyens que nous avons rencontrés répondent positivement à l’ensemble de ces engagements. Toutefois, ils ont certains souhaits qui ne se retrouvent à l’heure actuelle dans aucune plateforme. Ces désirs ne concernent aucun grand projet, aucune « vision » de la ville, mais sont au vrai très concrets. 

« Moi, j’aimerais ça avoir plus de bancs publics, raconte Jean-Pierre. Je prends des marches des fois, et j’aimerais ça m’asseoir, mais il faut toujours que j’aille un peu plus loin avant de pouvoir me reposer. Ça fait que j’y pense deux fois, avant de sortir marcher. » 

Lorsque nous avons rencontré Isabelle Roy, elle nous a elle aussi mentionné que les citoyens du secteur aimeraient voir plus de bancs sur les rues et dans les parcs. « Les aînés ont été confinés longtemps, et ils doivent demeurer actifs pour rester en bonne santé. Alors il faut qu’on les accompagne là-dedans. Ça passe par l’installation de bancs de par et de salles d’eau accessibles », souligne la candidate. 

Des engagements qui refont surface

En réalité, l’ensemble de ces préoccupations ne date pas d’hier. En 2003, la Ville a entamé des démarches pour revitaliser l’Avenue Royale et pour en valoriser les maisons patrimoniales. 

Un peu avant les fêtes du 400e de Québec, on disait que cette artère serait bientôt un haut lieu du tourisme à Québec, de même par exemple Cartier et Maguire. 

En attendant, comme l’écrivait François Bourque dans le Soleil l’automne dernier, l’ancien chemin Royal a subi une transformation contre-nature. Il s’agit d’une route étroite et sinueuse, mais qui est actuellement une grande artère de circulation.

Le secteur est bruyant à cause des camions et des Métrobus qui passent constamment sur cette Avenue où il n’y a parfois de trottoir que d’un côté de la rue, et où le développement urbain ne semble pas toujours se faire avec un souci de préserver le cachet historique des lieux. 

Comme dans le secteur d’Estimauville, on a par endroit l’impression d’un secteur en transition, déjà loin d’une époque révolue depuis longtemps mais qui demeure éloigné de sa destination. 

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