L’enjeu (fédéral) du troisième lien

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

La campagne fédérale est lancée, sans enthousiasme aucun. Déjà, nos poteaux sont envahis et ils seront littéralement masqués lorsque ceux du municipal s’y ajouteront. Un joli bordel publicitaire.

En dépit du fait que les électeurs ne semblent pas avoir d’appétit pour l’urne fédérale en ces temps de variant Delta, il reste que certains enjeux sont cruciaux et méritent notre attention. Du lot, je m’attarde particulièrement à celui-ci : le troisième lien.

Que faire?

Si vous êtes pour, le dilemme est le suivant : conservateurs ou bloquistes. Si vous êtes farouchement pour, les conservateurs s’imposent (puisqu’ils peuvent prétendre au pouvoir) et qu’ils sont limpides à cet égard, alors que le Bloc adopte l’inconfortable posture de la « neutralité ». Quand on met de côté la cohérence pour les petits calculs, c’est ce qui arrive…

Si vous êtes contre, vous avez le choix : le NPD ou les Verts. Le parti libéral n’est « ni pour ni contre, au contraire », il s’engage à ne financer que la partie « transport collectif » du projet. En vérité, si les libéraux tiennent promesse, le projet de troisième lien est pratiquement mort, puisque Québec devra financer l’ensemble de l’œuvre. Ce sera probablement trop au goût de ses électeurs.

Donc, si vous êtes farouchement contre, le NPD ou les Verts. D’accord, mais vous connaissez le système électoral uninominal à un tour. C’est une trappe. C’est un piège à ours contre le progrès. La division du vote est un effet direct qu’on ne peut nier, ce qui explique que, bien souvent, les gens votent « contre » ou encore pour le « moins pire des choix ». Oui, parce qu’on a tous, ou presque, un objectif en tête, un enjeu qui prime sur les autres. 

Ça se complique, donc. Parce qu’une division du vote fera passer des conservateurs pro-troisième lien. Si vous vous y opposez, vous êtes coincés. Vous pouvez vous entêter à faire semblant que ça n’a pas d’importance, mais vous le savez : voter stratégique dans un système comme le nôtre, c’est pas bête du tout, malheureusement. 

Trop souvent, on voit une circonscription dont le total des voix est plus fort que celui du gagnant, indiquant clairement que les électeurs penchent majoritairement d’un côté qui n’est pas celui du vainqueur. Mais, le système électoral s’en fout. Si 70 % des électeurs s’opposent au troisième lien, mais qu’un conservateur passe avec 30 %, la pépine est déjà sur le terrain.

Si vous êtes à l’aise à gaspiller 10 milliards dans un trou qui n’est appuyé d’aucune étude ni aucun expert, libre à vous. Mais, si vous tenez à la cohérence environnementale, à l’aménagement durable du territoire, si les bonnes pratiques et la science vous guident, si vous aspirez à mieux pour votre collectivité que des bouchons, de la pollution et de l’asphalte, la saison des calculs électoraux et du grattage de tête est commencée. 

Sondages en main, votre objectif prioritaire à l’esprit, vous vous direz : mais… pour qui voter?

Commentez sur "L’enjeu (fédéral) du troisième lien"

Laissez un commentaire

Votre courriel ne sera pas publié.


*


Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.