L’écologisme du Bloc

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

N’en doutez pas : je suis souverainiste. Je crois sincèrement au Québec, à son peuple, à sa soif de vivre, d’exister, à la valeur de sa culture, de sa langue. J’y crois fermement et j’en suis fier. Je ne soutiens pas l’abus des structures et pour moi, le Canada est une structure de trop, un pays qui joue la comédie à faire semblant d’être uni et cohérent. 

Par David Lemelin

J’estime que l’on tend à mieux prendre soin des nôtres, à mieux représenter nos intérêts et à mieux faire les choses à petite échelle, d’abord locale puis, parce qu’il faut bien traiter des questions plus larges, dans un État de la taille du Québec. Cela me suffit. 

C’est pourquoi vous vous dites : lui, il soutient le Bloc québécois!

Sauf qu’Yves-François Blanchet mêle mes cartes. Solidement. 

Pour lui, le troisième lien peut être écologique. Il dit ça, sans rire, avec son ton de chroniqueur télé qu’on lui connait, la pose de voix et tout. Ça sonne presque convaincant. 

Sauf que c’est bête et mensonger.

La politique réussit le miracle de faire de l’oxymore un outil du quotidien. Un oxymore, c’est employer deux termes (un nom et un adjectif) qui sont contradictoires. Par exemple, un bruit silencieux, un illustre inconnu, un républicain sensé. Vous voyez? Ici, l’oxymore bloquiste est le suivant : un troisième lien écologique.

C’est fort. 

Tel un Louis Cyr de la contorsion intellectuelle qui plie la matière la plus robuste sous la force de sa volonté de fer. C’est presque beau.

Ça n’a pourtant aucun sens. Les vertus écologiques du troisième lien ne sont défendues par aucun expert, aucun urbaniste, aucun spécialiste, ni aucun chercheur sérieux. Personne.

Les seuls personnages « officiels » qui se hasardent à aligner ces mots qui n’ont aucun sens sont des politiciens en plein calcul électoral. C’est tout. 

Car, oui, la stratégie est claire : le Bloc se colle le plus possible sur la CAQ pour profiter de sa popularité et de sa force. Avant, il se collait au PQ. Maintenant, il se colle à Legault, quitte à faire une jambette au passage à ses prétentions souverainistes. C’est-ti pas beau, ça?

Pourtant, si vous jetez un coup d’œil à la plateforme bloquiste, je vous jure qu’il y a des passages sérieux concernant l’environnement. Pour vrai! Au point 25, on y parle de transition écologique et de lutte aux changements climatiques! Juré! 

Ça vous les scie, hein?

Mais, on annihile le tout avec cette position incohérente qui n’a rien d’écologique. Le troisième lien, pour résumer, c’est un projet d’étalement urbain qui augmentera la congestion, la pollution et qui avalera au passage des terres agricoles. Le transport n’est que le joujou électoral.

Pourtant, naïvement sans doute, j’estime que la politique doit éventuellement faire preuve de grandeur, de cohérence et de pertinence. Ce choix n’est ni l’un ni l’autre. Bassement électorale, cette position fera en sorte que des souverainistes convaincus, comme moi, vont commencer à magasiner.

Quand je parlais de la saison de grattage de tête…

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