Dans la cour, l’injustice

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Ma fille fréquente l’excellente école Saint-Fidèle de la 12e Rue à Limoilou. Elle adore cet établissement, ses amies et bien sûr, son enseignante Mme Catherine. En fait, il n’y a pas grand-chose qu’elle n’aime pas de cette institution qu’elle fréquente depuis la maternelle. 

Pour cause, l’école Saint-Fidèle jouit d’une belle réputation. Pas trop grosse, pas trop petite, elle compte sur une équipe de professeurs et d’éducateurs dévoués.  Tout est parfait de ce côté-là. 

Pour ce qui est de l’état physique des lieux par contre, on ne peut pas en dire autant. Le bâtiment a certes de la gueule, mais il est vétuste et son gymnase ressemble à une veille salle des chevaliers de Colomb. La cour est bien aménagée, mais elle est minuscule et les 300 enfants qui la fréquentent y sont à l’étroit. 

Quand nous faisons des promenades à vélo en famille, nous avons pris l’habitude de nous arrêter dans les cours d’écoles des autres quartiers pour y jouer. Presque chaque fois, nos arrêts représentent un petit choc pour ma fille. Elle est sidérée de découvrir à quel point les cours de certaines écoles sont vastes et bien aménagées. Elle n’en revient pas de constater à quel point certains profitent de beaux milieux pour jouer avec leurs amis. Nous sommes, la plupart du temps, à des années lumières de ce à quoi elle est habituée. 

Bien sûr, aucun module de jeux ou terrain de soccer synthétique ne remplacera jamais de bons professeurs et un personnel compétent, j’en conviens. N’empêche que ce n’est pas juste. Ça ne semble pas empêcher ma fille de s’épanouir que de n’avoir qu’un semblant de cour d’école, mais ça me frustre de constater à quel point certains sont plus favorisés que d’autres en matière d’installations. Mon ami Guy me faisait récemment remarquer que c’est normal qu’il en soit ainsi, car nous restons en ville et qu’il y a moins d’espace disponible. Ce n’est pourtant pas le quartier qui fait la cour selon mes observations. Une école comme celle de Notre-Dame du Canada, à Vanier est en ville, mais sa cour est immense et remplie d’équipements. C’est la même chose pour des écoles comme Dominique-Savio à Maizeret ou Saint-Michel à Sillery, pour ne nommer que celles-là.  À certains endroits, c’est même pire que chez-nous malheureusement. 

Il y a du positif cependant, puisque notre secteur aura bientôt son académie ultramoderne grâce au Lab-école Stadaconna qu’on érige présentement. Il sera cependant trop tard pour ma fille et sa génération car leur cours primaire sera terminé. Juste comme ça, au lieu de mettre des millions dans des bâtisses neuves « top notch » qui ne serviront qu’à une poignée d’enfants, on devrait peut-être mieux répartir tout ça dans les écoles qui en ont le plus besoin. 

Quand je réfléchis toutefois, les choses ne sont jamais aussi dramatiques que je les crois. On apprend tout plein de choses dans la cour de notre école primaire. On y apprend à se défendre et à se faire des amis. Maintenant, certains y apprennent aussi que le monde est injuste.

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