Que penser des rues piétonnes?

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Je ne sais pas trop quoi penser de la tendance à faire plus de place aux piétons et aux vélos en ville. Quelle tête dois-je me faire sur cette disposition à fermer les rues aux voitures, à retirer des espaces de stationnements, à élargir les trottoirs et à ajouter des bouts de pistes cyclables? Est-ce que c’est bon ou pas? Je ne sais pas non plus s’il existe un vocable précis pour désigner le phénomène, alors j’appellerai ça l’européanisation de la chaussée. 

Personnellement, je marche et je roule pas mal. Donc, je serais le public visé et je devrais m’en réjouir. Le problème, c’est que je n’ai jamais eu l’impression de manquer de place pour marcher ou rouler, depuis le temps que j’habite en ville. Alors, est-ce vraiment nécessaire de faire tout ça? Selon que je me trouve en voiture ou à pied, je module aussi mon point de vue. De la manière dont je perçois ça, le problème tient davantage à la qualité des espaces dont je dispose pour m’exécuter, qu’à leur nombre. Je serais donc, sans doute, con de me plaindre qu’on me donne plus de place pour marcher… 

Le problème est aussi que cet espace, que je ne réclame pas tant que ça et qu’on me donne, on l’enlève aux autres. Les autres qui, souvent, sont en voiture et sont, ma foi, assez nombreux. Dans la vie, c’est bien connu, les gens qui gagnent des trucs sont généralement contents, alors que ceux qui en perdent sont tout le temps mécontents. 

Ce que je trouve déplorable, quand je circule sur les trottoirs de Québec, c’est de constater à quel point ceux-ci sont souvent maganés, pas qu’ils ne sont pas assez larges ou nombreux. Quand elle était petite et qu’elle commençait à parler, ma fille désignait les trottoirs par l’amusant vocable de «crottoirs».  Nous avons beaucoup ri, moi et ma blonde, de voir à quel point une enfant pouvait, par un lapsus involontaire, tellement bien résumer la problématique des endroits où nous marchions ensemble. Ma fille avait raison, sans le savoir, car souvent les trottoirs étaient effectivement de la «crotte» dans notre secteur. Son lapsus se conjuguait au sens propre, car nous contournions souvent de la crotte de chien sur l’accotement, mais au sens figuré également. Les trottoirs étaient souvent tellement endommagés que c’était de la «crotte» aussi. Ça n’a pas vraiment changé depuis. Les trottoirs que j’arpente depuis des années arborent souvent des pentes si prononcées, que pour les utiliser, il serait préférable que j’aie une jambe plus courte que l’autre… Je veux bien que l’on aménage des espaces de qualité aux handicapés, mais les gens comme moi ont aussi besoin de trottoirs. Alors, souvent je préfère marcher dans la rue, quand je peux le faire, pour avoir les deux pieds au même niveau. 

Dans le même ordre d’idée, ce que je trouve affligeant quand je roule à vélo sur des pistes cyclables, c’est de rouler entre les bouches d’égout, dans des espaces bourrés de trous et de «patchs» d’asphalte. Ça me donne toujours l’impression de jouer dans les restants de table de la circulation. Je ne parle pas ici des pistes exclusives comme celle de la rivière Saint-Charles, qui est fantastique. Je parle de celles qui ont été installées sur des côtés de rues, qui servaient jadis de stationnement et qu’on a données aux cyclistes pour les faire taire.  

Certains sont convaincus, quasi religieusement, que d’européaniser la chaussée est la bonne chose à faire, alors que d’autres s’y opposent farouchement. Pour d’aucuns, il faut libérer la ville et redonner son espace à ceux qui l’habitent. Moi qui habite en ville, j’ai pas mal l’impression qu’il est déjà à moi l’espace et que c’est à moi de m’en servir, mais bon… Alors, je ne sais pas trop quoi penser de tout ça. Je ne sais donc pas si on doit absolument donner plus d’espace aux piétons et aux cyclistes. Toutefois, il me semble qu’on devrait peut-être privilégier la qualité et commencer par leur donner des trottoirs et des pistes cyclables qui ont du sens. Ça serait déjà ça de pris.

1 commentaire sur "Que penser des rues piétonnes?"

  1. J’aime bien la conclusion de votre article !

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