Sauver notre patrimoine

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

Non, on n’a pas d’argent pour tout. On ne peut pas tout sauver. 

Mais, il faut avoir la vision et la volonté d’analyser ce dont nous disposons pour en évaluer les mérites et, le cas échéant, les sommes et l’énergie à consacrer au sauvetage de telle ou telle pièce de notre patrimoine.

À Québec, c’est surtout une question d’humeur. Faut qu’on ait le goût.

Or, une vision patrimoniale doit pouvoir échapper aux humeurs du moment, aux envies passagères, aux hallucinations spontanées. Elle doit s’inscrire dans une vision globale sérieuse, rigoureuse, qui inclut la connaissance précise de nos marges de manœuvre financières. 

On perd le compte des églises, maisons historiques et autres qu’on laisse à l’abandon, sans doute dans une stratégie visant à se servir d’un argument aussi facile qu’irresponsable : «Ah! Ça s’est trop détérioré au cours des dernières années, on n’y peut plus rien! Ça va coûter trop cher, maintenant, le sauvetage». 

Bin oui. 

On a laissé le temps gruger le bâtiment, en se frottant les mains…

En parallèle de cette stratégie morbide, on assiste à une partie de pingpong consistant à rejeter la faute dans le camp adverse. «C’est pas à moi de débourser, c’est au gouvernement du Québec» …et vice versa.

C’est mauvais. 

Le cas de la maison Pasquier, une des plus vieilles maisons au Canada (fin XVIIesiècle, quand même!) est un autre bel exemple d’une succession de décisions mal avisées. 

Remarquez, la ministre de la Culture aurait pu intervenir au lieu de s’en laver les mains, car, si la maison relève de la Ville, il reste que l’intérêt patrimonial, lui, concerne la collectivité au grand complet. 

Rangez la cuvette et le savon. Au lieu de les laver, serrez vos mains et trouvez un terrain d’entente! 

Le ministère n’y voit pas d’intérêt national. Il est vrai, le ministère a une liste de critères. Mais, ce n’est pas tout de cocher des cases. Encore faut-il se servir de son jugement…

Il n’y en a pas 2 000, des maisons ancestrales comme celle-là. Ni avec cette histoire à son pedigree, aussi locale soit-elle. Et statue ou pas, il fallait agir! Or, on a choisi de pointer les villes du doigt.

C’est commode : ça élimine un item dans la colonne «dépenses»…

La Ville devrait prendre le leadership? Oui, surtout qu’elle peut invoquer la loi (article 76) pour prendre en charge le sauvetage. Mais, elle ne l’a pas fait. À cause d’un vide de provisions à cet égard… 

Ça, c’est de la vision!

Et la Ville non plus n’a pas pensé ajouter la maison Pasquier à sa liste de trésors à protéger. Il n’y a pas eu d’avis public pour la démolition, on s’est contenté du catimini. 

Business as usual

Alors, seule la ministre pouvait renverser la vapeur. Elle a préféré le pingpong. Visiblement, les critères servent davantage à se dégager de ses responsabilités, en renvoyant la balle chez le voisin qui n’a pas les ressources dont l’État québécois dispose! 

Ainsi, on n’a pas cru bon protéger une maison de plus de 300 ans. Ni à Québec ni pour Québec. 

Ça vous prend quoi, alors?

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