Avancez en arrière!

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

La Ville du futur. En 2050. Une ville écolo, qui gère efficacement l’eau, l’énergie, qui recycle, une ville densifiée qui s’adapte à la croissance démographique, une ville technologique qui utilise ce qu’il y a de mieux, une ville agricole, qui fait de la proximité du jardin une nécessité, dont les toits sont verts, où les déplacements sont surtout orchestrés autour du transport en commun, où l’aménagement rime avec proximité.

C’est joli, non?

Comment expliquer, alors, la vision à 180 degrés qui transpire du contexte politique actuel? Le pétrole, le char, le pipeline, le troisième lien? Vraiment?

C’est pas comme si on n’avait pas déjà essayé. On s’est cassé les dents, dans le passé. On a appris. La science, l’expertise, le savoir ont énormément évolué.

Il fut un temps où l’urbanisme faisait dans l’étalement, le bitume, avec une vision axée sur la voiture. Le rêve américain : le char, la maison, la piscine, le gazon, les magasins au loin, rassemblés dans un centre commercial.

C’est bien. Mais, on est rendu ailleurs.

Avec la croissance démographique, avec le développement, il a fallu gérer de nouveaux problèmes : congestion routière, pollution, santé publique, coûts astronomiques d’entretien, etc. On a réalisé qu’il ne suffisait pas de s’étaler sans fin. Qui plus est, avec le vieillissement de la population, penser proximité et convivialité a fini par s’imposer.

Ça, c’est la sagesse qui nous permet de bien préparer l’avenir. Désormais, on pense plus pratique, plus proche, plus accessible, idéalement à pied ou en transport en commun. On pense trottoirs, parcs, parce que c’est bon pour l’environnement et le moral. Ça crée de la vie, des échanges. Comme dans ces villes qu’on aime parce qu’on peut les marcher, explorer, flâner…

Ça, c’est l’avenir.

On connait les gains qu’on peut tirer de cette vision : diminution de la pollution, gain pour l’environnement, la santé publique, l’activité physique, pour lutter contre la sédentarité, le surpoids, le stress, la dépression… sans compter les pertes de productivité causées par les bouchons de circulation.

Cette vision ne rejette pas l’auto, mais permet toutes les options. Elle partage la route, replace les priorités dans le bon ordre. Parce qu’on a appris du passé…

Elle ne rejette pas la maison unifamiliale non plus, mais s’occupe au mieux de l’ensemble : densifier avec doigté, pertinence et clairvoyance.

Et pourtant, en 2019, il s’en trouve encore pour tenir le discours de 1950. C’est à la fois étonnant et inquiétant.

Oui, on sait : en politique, c’est plus facile et réconfortant de vendre des trucs qui ne demandent aucun effort. Changer des habitudes, c’est pas vendeur.

Que faire pour « mettre un frein à l’immobilisme », comme disait Coluche? Comment empêcher le retour en arrière, malgré le savoir, malgré l’expérience, malgré la science?

On peut tergiverser comme on veut, mais pensons à ceci : les changements climatiques n’ont rien à foutre des campagnes électorales. Si on ne fait rien, quand il sera trop tard, on va tous y goûter. Salement.

Et ça, peu importe pour qui on aura voté.

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