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Claude Bernatchez : Fidèle au poste 

Claude Bernatchez : Fidèle au poste Photo: Marie-Claude Boileau

Québec — Claude Bernatchez est à la barre de Première Heure sur les ondes de Radio-Canada depuis 12 ans. Curieux et avide de connaissances, son métier lui permet de rencontrer toutes sortes de gens plus intéressants les uns que les autres. Dès le 22 juin, il quittera le confort de son studio pour l’Europea, un voilier néerlandais datant de 1911. Il voguera de Boston à Charlottetown où il réalisera des reportages. Le Carrefour s’est entretenu avec l’animateur (et apprenti matelot!) pour en savoir plus sur sa carrière.

Par Marie-Claude Boileau

Qu’est-ce qui vous a amené vers la radio?

C’est un hasard de la vie. J’avais terminé un bac en sciences politiques à l’Université Laval. Je devais aller en droit, mais je suis parti dans l’Ouest parce que je voulais faire autre chose et voyager. Je travaillais dans une petite communauté francophone du nord-est de l’Alberta. Puis, il y a un gars qui faisait de la radio communautaire qui cherchait du monde. J’ai joint son équipe. Il m’a tout montré. J’ai vraiment aimé ça. Dans les mois qui ont suivi, un poste s’est affiché pour Radio-Canada Service français à Edmonton pour une émission jeunesse. Je l’ai eu.

Pendant combien de temps êtes-vous restés à Edmonton?

Durant 9 ans. J’y ai fait de la radio et de la télévision. Après je suis déménagé à Toronto toujours pour Radio-Canada Service français où j’y ai travaillé pendant 5 ans. J’ai fait de l’animation et du journalisme. Puis, ils ont ouvert un bureau à Trois-Rivières. Ils m’ont demandé d’aller faire de l’animation là-bas où ç’a duré 2 ans et demi avant qu’on me demande de faire l’émission du matin ici en 2005.

Êtes-vous natif de Québec?

Oui. Dans un appartement de la rue Belvédère. J’étais le 4e enfant. C’était trop petit. Mon père a donc acheté un bungalow à Charlesbourg où j’ai surtout grandi. On avait un chalet au lac Saint-Augustin. J’ai passé beaucoup de temps là-bas parce que je suis allé au Séminaire Saint-François. Puis, j’ai étudié au Cégep Sainte-Foy et à l’Université Laval.

Qu’est-ce que vous aimez dans votre travail?

J’aime apprendre. Je trouve ça très stimulant. Je suis obligé de me tenir au courant. Ça t’oblige à ne pas être paresseux, à lire les journaux et être à l’affût, mais aussi à comprendre et à être un citoyen mieux éclairé. J’ai l’impression que ça m’enrichit beaucoup de cette façon. J’aime que ce soit une émission généraliste. Aussi, j’aime travailler en équipe. Je suis avec un groupe de gens que j’aime beaucoup. Il y a une convivialité, une amitié, un amour sincère qui s’est développé entre nous avec le temps. C’est extraordinaire d’avoir un tel milieu de travail.

N’est-ce pas un travail exigeant puisque ça exige d’être polyvalent?

Oui, mais en même temps, ça me ressemble. Je ne suis pas un spécialiste de rien, mais je connais un petit peu de tout. J’aime ça. Des fois, je parle à des gens qui ont un travail où ils vont passer des mois et des mois à travailler sur un document de 50 pages à peaufiner, raffiner et je leur dis comment vous faites pour rester plongé dans un travail si pointu pendant une si longue période. Je pense que je viendrai à m’ennuyer si j’étais dans cet environnement-là. Cette polyvalence et cette diversité, je l’aime beaucoup. Des fois, c’est frustrant parce que c’est un peu en surface et on passe vite à autre chose, mais dans l’ensemble ça me convient.

En écoutez-vous beaucoup de la radio?

Oui, mais moins qu’avant. Chez moi, en préparant le souper par exemple, j’allume la radio. Dans l’auto aussi, mais je ne roule pas beaucoup. Ce n’est plus aussi systématique. Avant, elle était tout le temps allumée. Maintenant, je peux être quelques heures sans l’écouter. Ça me fait du bien aussi, ça m’aide à me vider l’esprit un petit peu.

Arrivez-vous à décrocher?

Oui. Dans une journée classique, quand je pars du bureau en fin d’avant-midi, je retourne chez moi et je fais une sieste. L’après-midi, je rallume mon ordinateur. On a parfois des échanges de courriel ou je reçois des plans d’entrevue soumis par des recherchistes qui travaillent de jour. Je vais lire les fils d’actualité. Avec le temps, j’ai appris que si je n’avais pas le temps de le faire en après-midi, je pouvais me rattraper. Si la fin de semaine, je n’ai pas lu le journal, je suis capable de me reprendre. Avec l’expérience et la confiance que tu as, j’arrive à pouvoir fermer ça de temps en temps.

À quoi ressemble une journée type?

Je me lève à 3h30. J’arrive au bureau vers 4h15. L’émission commence à 5h30. Entre 4h15 et 5h20, c’est surtout de la lecture de journaux. Juste avant l’émission, on s’installe dans le studio avec les membres de l’équipe de même que la recherchiste et la réalisatrice et l’on discute de ce qu’on avait planifié la veille et pas planifié parce qu’on laisse de l’espace dans notre feuille de route pour pouvoir improviser le matin et s’ajuster en fonction de l’actualité du matin. Donc, on discute un peu, on prend des décisions sur les invités qu’on aimerait avoir ce matin-là et eux font leur travail en régie pendant que moi je commence l’animation avec l’équipe. Je fais l’animation jusqu’à 9h. Après, on a une réunion en avant-midi. Et je pars d’ici entre 11h et midi. Je fais une sieste l’après-midi, puis je consulte mes courriels pour voir comment l’actualité a changé. Lorsqu’on finit l’émission et qu’on passe à celle du lendemain, on regarde les affectations, on essaie d’anticiper les sujets pour le lendemain, mais parfois, le sujet vient vite. Souvent, il y a des sujets qui éclatent en cours de journée. Donc, notre défi c’est de rester à l’affût.

Ça fait maintenant 12 ans que vous animez Première heure. Avez-vous peur d’être trop confortable? Comment faites-vous pour vous mettre au défi?

Ça peut être un risque, mais en même temps l’émission a beaucoup changé en 12 ans. Des gens qui étaient présents au début autant en régie qu’en studio, il n’en reste que deux, moi et Martin Boucher qui faisait la circulation à la première année et qui est passé aux nouvelles après. On a eu des périodes avec et sans sport. Martine Côté est avec nous depuis deux ans. C’est un nouvel élément. Notre façon de travailler a changé aussi. Comme nous sommes dans la routine des gens le matin, il faut que tu respectes un peu leurs habitudes. Mon défi, je le trouve dans les entrevues. J’aime varier, j’aime qu’on arrive avec des sujets diversifiés. Chaque année, on fait de petits changements. L’émission est vraiment différente de ce qu’elle était il y a 12 ans, mais en même temps, il n’y a pas eu de cassure. Ça s’est fait naturellement. On a ajouté des collaborateurs il y a 2 ans qui sont encore là. L’année prochaine, il y a en aura un nouveau et ça va changer un petit peu.

Est-ce que vos enfants vous écoutent?

Ma fille qui a 18 ans oui quand elle se lève le matin. Elle est au Cégep donc elle se lève parfois tard. Mon gars qui a 22 ans, un peu moins. Mais ils ont été longtemps des auditeurs. À Trois-Rivières, je faisais l’émission du matin. Ma fille était à la maternelle à ce moment-là et mon gars en 2e année. Mes enfants ont presque juste connu leur papa morning man.

De quoi êtes-vous le plus fier?

Je me rends compte que cette émission-là fait partie du paysage de Québec. On a de bons résultats de sondage qui se sont confirmés encore dans les derniers. Je me dis que «wow, on a vraiment bâti quelque chose sur une longue période». Quand on m’a demandé de venir à Québec, je n’avais jamais travaillé plus que 2 ou 3 ans dans la même chaise. Je pensais que ça serait la même chose. Il y a eu des moments où j’étais fatigué et où j’avais envie de faire autre chose. J’ai continué quand même pour toutes sortes de raison. Après 12 ans d’animation, les gens sont encore avec nous et on fait partie des incontournables à Québec pour plusieurs personnes. Ça me fait plaisir.

Avez-vous un moment cocasse à raconter?

La première fois que j’ai animé une émission du matin, j’étais à Edmonton. Je venais de commencer en septembre à animer une émission jeunesse qui était une heure par semaine. Au mois de novembre, l’animateur de l’émission du matin tombe malade. J’ai 22-23 ans, le patron me fait venir dans son bureau me disant qu’il pense que je suis capable de faire ça. J’arrive très nerveux et intimidé la première journée. Puis, viens le moment de commercer l’émission. On est en studio. En régie, il y a un technicien et le réalisateur qui sont deux frères et deux airs bêtes. L’émission débute et je dis bonjour, blablabla… Puis, les deux pèsent en même temps sur le piton pour le talk back «Allume ton micro tabar…» C’est donc comme ça que j’ai entamé ma carrière de morning man en n’allumant pas le micro et en me le faisant crier dans les oreilles. C’était la nervosité. Après, ça a bien été.

Vous êtes un joggeur. Quelle place occupe le sport dans votre vie?

Je suis blessé présentement au genou. Je cours encore, mais je suis en récupération. J’ai toujours été un sportif. Jeune, je jouais au hockey comme tout le monde. Mais mon sport de jeunesse et d’école, c’était le basketball. Je suis un joueur de tennis aussi. Je me suis mis à faire moins de sport avec le temps. J’ai joué au golf, couru aussi, mais je n’aimais pas tellement ça. J’ai recommencé à courir il y a 6 ans et là, ça a marché. La course a pris beaucoup de place au cours des dernières années. Je ne pensais pas en faire dans ma vie, mais j’ai couru des marathons et fais de la course en sentier. Je suis allé à Chamonix en France où j’ai fait un marathon en montagne avec un 2000 mètres dénivelé. La course est devenu mon sport de prédilection. Ça me permet d’évacuer. J’aime ça m’inscrire à une course organisée parce que ça me force à avoir un programme et à le suivre.

Prochainement, vous allez embarquer sur un voilier dans le cadre du Rendez-vous 2017. De quoi s’agit-il?

Oui, c’est mon projet de fin d’année. Il y a 40 grands voiliers qui vont arriver à la fin juillet. On m’a proposé de faire un tour sur un de ces grands voiliers avant qu’il arrive à Québec. Donc, le 22 juin, je vais monter à bord de l’Europa, un bateau néerlandais. J’embarque à Boston et je fais le trajet jusqu’à Charlottetown. Après, ce bateau continue et arrive à Québec. Je vais vivre l’expérience d’apprenti matelot comme plusieurs autres personnes. Je suis en train de préparer des reportages. Il y a un site web qui a été lancé, une page qui s’appelle le Carnet de bord de Claude Bernatchez où il y aura le contenu que je prépare pour ce voyage. J’aurais un téléphone satellite pour faire des interventions dans l’émission du matin, de Catherine (Lachaussée) ou d’autres. Je pars avec de l’équipement qui en théorie va me permettre de transmettre de la vidéo et des photos pendant l’expédition. L’idée est de raconter ma vie de matelot et le quotidien à bord du bateau pour donner le goût aux gens de participer à Rendez-vous 2017.

Vous partez durant combien de temps?

Du 22 juin au 1er juillet. Environ 8 jours en mer. La première partie sera une course. À 8h le 22 juin, il faut être à bord. Quelques heures après on part.

Avez-vous hâte?

Ça me fait tripper parce que c’est une expérience unique de monter à bord de ce grand voilier comme celui-là. C’est un bateau de 1911, un trois mats. C’est comme une expérience communautaire. Il y a des gens d’un peu partout. Des Américains, des Canadiens des Européens qui veulent vivre cette expérience-là. C’est le genre de projet que j’aime. Je suis d’autant plus chanceux, je le fais dans le cadre de mon travail.

1 commentaire sur "Claude Bernatchez : Fidèle au poste "

  1. Bonjour Madame Boileau,

    Depuis quelques années, nous publions à l’intention de nos membres une série d’articles sur des personnalités publiques descendantes par les femmes de l’ancêtre commun des familles Kirouac en Amérique du Nord. Comme notre association de famille prépare un article sur monsieur Bernatchez, nous nous demandions si vous nous autoriseriez à utiliser la photo publiée par Le Carrefour de Québec en date du 21 juin 2017. Bien sûr toutes les références requises seraient mentionnées.

    Si vous nous autorisez à utiliser cette photo, vous serait-il possible de m’en faire parvenir une en haute résolution.

    Merci à l’avance de l’attention que vous porterez à la présente demande.

    François Kirouac
    Association des familles Kirouac

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