P-A Méthot : Un comique au grand coeur

P-A MéthotPhoto: Courtoisie David Cannon

Québec — P-A Méthot n’a pas l’impression de travailler lorsqu’il monte sur scène puisqu’il a trop de plaisir. Après une première animation à la barre d’un gala du ComediHa!, l’humoriste récidive le 9 juin au Grand Théâtre. Une marque de confiance qu’il apprécie. Le Carrefour a voulu en savoir plus sur ce comique au grand coeur.

Par Marie-Claude Boileau

Comment as-tu commencé à faire de l’humour?

C’est un accident de parcours. J’avais commencé un deuxième bac en relation industrielle. Je faisais de l’impro avec la Fédération universitaire de l’humour qui faisait des shows à l’Université Laval, dont du théâtre invisible. J’avais du fun à faire ça sans plus. À un moment donné, il y a eu un concours d’humour durant le festival de sciences et génie que Laurent Paquin animait. Je m’y suis inscrit. Il fallait déposer un numéro une semaine avant. J’ai écrit quelque chose que j’ai déposé et je suis allé faire le concours. Je n’ai pas terminé dans les trois premiers. Je suis sorti de là un peu détimé, mais je l’ai essayé. Sauf que Mario Grenier qui animait les lundis du Grand Rire au Dagobert était là. Il m’a dit : «tu t’en viens au Dag et tu essaies ça. Si tu es bon, je vais te faire revenir». J’y suis allé et ça a bien été. J’ai reçu un cachet pour la première fois en novembre 96. Depuis ce temps-là, je n’ai jamais arrêté.

Tu souviens-tu de ton premier numéro?

Oui, très bien. J’expliquais pourquoi j’étais gros. Souvent en humour, tu vas parler des choses qui sont plus près de toi. Maintenant, je n’en fais plus de joke de gros parce que tout le monde le sait.

Tu as été soutenu par Peter Macleod et Jean-Michel Anctil. Qu’est-ce qu’ils t’ont appris?

Ils m’ont montré que l’humour c’est sérieux parce que tu as une responsabilité. Tes propos vont être entendus et jugés. Il faut que tu fasses attention. Si tu assumes de blesser des gens ou de rire de quelque chose, ça t’appartient. Il te faut aussi une routine comme se coucher, manger bien, concilier la vie de famille et de tournée. Peter m’a surtout montré que la scène, c’est chez eux. C’est lui qui mène. Au début, j’entrais toujours sur le stage avec l’appréhension que les gens m’adoptent. J’attendais le rire ou la première réaction, le moment où je pouvais me dire OK, ils m’ont adopté. Maintenant, je n’ai plus cette crainte-là. Je suis plus confiant avec mon matériel et surtout de ce que je suis capable de faire.

Prendrais-tu des jeunes de la relève sous ton aile à ton tour?

Non, pas vraiment. J’aime tout le monde. Je suis comme un nounours. Je serais toujours dans les bras du monde. Souvent, ils sont nerveux avant un show et moi, je regarde si leurs tempes sont mouillées. À ce moment-là, autant ils auraient besoin d’un conseil, autant ce n’est pas ce que je veux faire. Je veux les prendre dans mes bras et les serrer fort. Ça me rend émotif de dire ça parce que l’humour est un milieu difficile. Il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. J’ai toujours eu le rêve utopique que dans la vie on est tous des amis. C’est un milieu compétitif parce qu’il y a beaucoup de produits sur le marché. Je suis quelqu’un de très familial et j’ai besoin de materner et d’être materné. J’aime que les gens se sentent bien.

Est-ce la raison pour laquelle tu as écrit un livre sur ton parcours et que tu donnes des conférences aussi sur la bipolarité?

C’est une idée de mon gérant. Au début, ça ne me tentait pas. Je trouvais que ma vie ne méritait pas ça. Mais il a réussi à me convaincre en me disant que ça serait plus sur mon parcours, sur le fait que j’en ai arraché, que je suis bipolaire, que j’ai pensé mourir, mais que je m’en suis sorti. Ce n’est pas une biographie au sens du terme. Ç’a été une expérience épouvantable même si j’étais dans le confort incroyable des mains de Gabrielle Dubé qui a écrit le livre et qui a été pour moi une planche de salut. Ça m’a demandé d’aller tellement creux, de revivre des affaires que j’avais oublié et dont je ne voulais pas y repenser. Je peux te dire un secret : je n’ai pas fini de le lire. Il n’y a pas de punch! Je suis content de l’avoir fait parce qu’il y a des jeunes qui m’ont fait des témoignages. Ce n’est pas une honte d’avoir une maladie mentale, même si ce n’est pas une fierté.

Comment ça s’est passé ta première fois à l’animation d’un gala ComediHa!?

C’était écœurant. On avait fait un beau vidéo d’intro. On avait repris la bande-annonce de Fifty Shades of Grey en faisant Fifty Shade of Gras. On avait ben du fun à faire ça. C’est surtout encore cette année comme l’an dernier un gala qui est basé sur le stand-up. La plupart des invités en feront. Ils me font ben gros confiance. Ils n’ont plus de crainte avec moi. Autant que ça a été mon karma pendant longtemps, tout le monde craignait P-A.

Comment ça?

Je fais partie de ceux qui s’amusent beaucoup. Ce n’est pas une job. Des fois, je me sens coupable d’être payé pour faire ça. J’ai du fun. Quand j’ai du fun, des fois, j’oublie le reste. Mais dans des galas télés, il y a des restrictions parce qu’il y a du temps d’antenne. On me disait «tu as deux minutes», et je pouvais faire 12-15-20 minutes. Tout le monde s’inquiétait : vas-tu faire ton temps à soir? Maintenant, ils le savent que je suis plus sérieux. Je respecte mon temps, mais je me laisse gâter. Des fois, le producteur dit «je ne sais pas ou couper. T’en as ben trop dit». Ils me font confiance. Avec l’équipe de ComediHa!, ça fait longtemps qu’on a une belle relation, depuis 2003. Chaque année, ça a très bien été. Ça fait deux ans que j’en anime un. Ils me font confiance et en même temps je leur donne raison. Sont assez fins de me donner carte blanche même s’il y a certaines restrictions.

Quelle est ta contribution au gala? Peux-tu choisir qui en fait partie?

Non. J’ai appris mes artistes cette semaine et elle n’est pas complète. Je sais que François Massicotte, Mike Ward et Jean-Claude Gélinas, Mélanie Couture et Stéphane Fallu. C’est basé sur le stand-up. J’étais content qu’il me redonne l’animation d’un gala. Cette année, il faut qu’on aille un peu plus loin.

En quoi consiste ton travail pour l’animation? Tu écris des numéros pour faire la transition entre les artistes?

J’écris des numéros exclusifs. Chaque année, pour tous les galas que je fais, je fais un numéro exclusif. Ce sont des numéros qui ne se trouveront jamais dans mon spectacle. Le monde dit que je suis fou parce que je me mets une charge de travail sur les épaules. Oui, peut-être, mais moi, ça m’énerve de payer 50$ et d’avoir vu la moitié du show à la TV. Si tu viens voir mon show, il n’y a rien que tu vas avoir vu à la télévision.

C’est une belle attention pour le public.

Oui, et en même temps, les gens ont l’impression de toujours entendre du nouveau de moi. Je commence à en avoir des numéros qui ont eu de bons succès. Les gens sont surpris. Les gens me suivent. J’ai un public fidèle. Mon public est pas mal plus vieux que ce je pensais. Je m’attendais à aller entre 20 et 40 ans, mais mon public a entre 45 et 60 ans.

Est-ce que ça change quelque chose à ce que tu fais?

Ça ne change rien à l’approche, mais ça change dans la dynamique. Les gens de 45 à 60 ans sont des gens qui vont rire plus, qui vont réagir beaucoup, mais qui ne vont pas crier des affaires comme les 20 ans. C’est une autre dynamique.

Quel est le défi principal dans l’animation d’un gala?

C’est surtout une grosse charge de travail. Tu as des équipes qui travaillent en périphérie, ceux qui font le pacing du show. Ils me demandent s’il y en a que je veux ou pas. C’est rare que je dise ceux que je ne veux pas. Je veux tout le monde. Que tu aies fait l’école nationale de l’humour ou l’école de théâtre, que tu sors de chez vous, si tu me fais rire, tu me fais rire et je m’en fou de ce que tu as fait. Une grosse charge de travail parce que c’est beaucoup de numéros solos à écrire, dont le numéro d’intro et le numéro d’intro de la deuxième partie. Ça demande beaucoup de gens. Il faut donc coordonner les horaires. Ça devient difficile à monter un show comme celui-là. Les deux jours avant le gala ça court à gauche et à droite. D’autant plus que je suis le premier gala de la semaine. C’est moi qui donne le coup d’envoi. Tous les journalistes sont là. Habituellement, ils sont contents.

Participes-tu à d’autres galas?

Oui, je suis sur le gala de Mario Jean et Billy Tellier. Je fais un solo et un numéro de groupe aussi. C’est un gros secret. Les gens vont être surpris.

En rafale

  • Quand tu as de la visite, où les amènes-tu manger? La Bête et chez Enzo.
  • Quelle ville aimerais-tu visiter? Prague en Ukraine.
  • As-tu le temps de voyager? Non, pas en ce moment. À la fin de mes trois one-man-show, j’ai le goût de décoller quelques mois pour aller voir ailleurs.
  • Sur quoi aimes-tu chialer dans la vie de tous les jours? Je mène un combat contre l’intolérance en général : les gens qui chialent dans les files d’attente, les automobilistes qui t’accotent en arrière et qui klaxonnent. On vit tous sur la même planète, il y a assez d’espace, pourquoi, on commencerait à se plaindre que tout le monde est trop proche de nous autres.

Pour des informations sur ComediHa et le gala de P-A Méthot, visitez leur site Web.

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