Promesses et démocratie

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

Un gouvernement doit-il réaliser ses promesses à tout prix? Jusqu’à quel point doit-il réaliser un projet impopulaire?

Ces questions profondes se posent dans un contexte qui l’illustre bien : pensons au projet Laurentia, au tramway ou au gazoduc de GNL-Québec.

L’appui à ces projets est relatif, voire difficile, ce qui pousse à s’interroger sur le pouvoir politique, tant électoral que citoyen.

Il y a deux visions qui s’opposent ou se marient, selon les circonstances. Il y a d’un côté ceux qui s’appuient sur la légitimité électorale et de l’autre ceux qui favorisent la démocratie citoyenne.

Il est vrai que le pouvoir politique est fondamental en démocratie. Avec l’élection, le citoyen offre une « procuration » à l’élu qui l’autorise à parler et décider en notre nom. Le jeu démocratique est fondé là-dessus et plus le processus est ouvert et transparent, plus grande est la légitimité politique.

C’est ce que nous avons chez nous. La légitimité de nos élus est forte.

Cela leur donne la capacité de prendre des décisions, même impopulaires, pour de bonnes ou mauvaises raisons. La raison d’État peut primer lorsque l’élu l’estime nécessaire, ou encore il optera pour un mauvais projet pour des motifs obscurs (conflit d’intérêts, corruption, stupidité…).

Cependant, on sent que les citoyens ont de plus en plus le goût de parler, de s’impliquer, de collaborer (ou même de surveiller) avec les élus. Des politiciens se montrent parfois agacés, mais la tendance est lourde et ne changera sans doute pas.

Ça m’apparait non seulement sain, mais souhaitable.

Aussi, le concept qui prend du galon, bien qu’il occupe l’espace public depuis toujours, est celui de l’acceptabilité sociale.

On peut le résumer ainsi : quel est le niveau d’acceptation du projet par la population concernée?

Quand c’est fort, le projet roule à 100 milles à l’heure. Quand l’acceptabilité est faible, ça se complique. Quand elle est nulle, le projet est mort.

L’ennui, c’est qu’elle est difficile à mesurer avec précision. On est dans le registre des perceptions.

Comment fait-on pour mesurer une perception? Un sondage? Un vox pop? Une soirée publique? Les réseaux sociaux?

C’est là que l’élu doit faire preuve de jugement, de sens de l’écoute et de l’analyse, pour bien apprécier la situation. Il tranchera ultimement, au terme de sa réflexion. Et la population tranchera, elle, le moment venu des élections (ou du référendum).

Mais, je pense que nous profitons collectivement de cette participation citoyenne. À plusieurs, on est plus fort, plus intelligent, plus connaissant, plus cohérent. Plus c’est large et pas seulement l’affaire de petits groupes plus habitués et plus la participation citoyenne devient incontournable. Ça n’enlève pas la valeur des avis d’experts ou du point de vue des politiciens. La démocratie en santé est celle qui arrive à les faire cohabiter, ou mieux, à co-construire, afin de prendre les meilleures décisions.

Puis, cette collaboration permet à l’élu de savoir quand il doit oublier une promesse, corriger un projet ou aller de l’avant comme prévu.

Et c’est très bien ainsi.

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