La vision en ces temps troubles

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

Pas facile. 

Le contexte actuel de pandémie fragilise des idées et projets qu’on croyait casés jusqu’à la réalisation. Le tramway se fait brasser le réseau depuis un bon moment, victime de l’impatience collective et des impressions boiteuses que le télétravail remplacera la vie de bureau.

Bon. 

Mais, il reste qu’on parle d’un contexte qui changera et reviendra à la normale. Quand ce sera le cas, la normale sera probablement… assez normale. Et alors, on aura besoin de la vision à long terme, de la réalisation de projets pertinents, adaptés aux besoins actuels et, surtout, futurs.

Or, les coûts augmentent. Non, explosent. Conséquence : on « flush » le trambus à la faveur d’un métrobus articulé. Ça va dégager 700 millions $ pour le tramway dont les coûts sont passés de 2,35 milliards à 3,1 milliards pour la « colonne vertébrale » de 22 km. 

Wow.

Et l’argument? Outre le coût (l’implantation du trambus roulant sur une plateforme particulière est plus chère que le métrobus qui roule sur les surfaces existantes), l’offre dépasse la demande en Basse-Ville. Le trambus offre trop de places pour rien (150 passagers pour le biarticulé du trambus contre 105 passagers pour le métrobus articulé. Et le tramway, c’est 260), comprend-on. 

Vraiment?

La demande actuelle, peut-être. Dans un contexte engourdi de pandémie, sans aucun doute. Mais, dans 10 ans? Dans 15? 

C’est là où la vision doit rester claire, malgré le climat, malgré les embûches. Surtout que ce que l’on a « vendu » à la population n’est pas un projet tronqué, à capacité réduite, fût-elle plus apte à répondre présentement aux besoins. Ce qu’on a vendu, c’est une vision d’ensemble, la réalisation d’un réseau en mesure d’attirer des utilisateurs, en mesure de s’adapter à la croissance prévisible de la demande. 

Les gens des quartiers centraux sont déçus, et ça se comprend. C’est comme si on leur disait : vous n’êtes pas assez volontaires pour entrer dans la danse.

Bien entendu, on comprend l’argument : que répondre pour justifier le recul? L’argument du « il manque de demande » apparait le premier, comme évident.

Mais, la vision proposée était une force réelle en mesure de convaincre que l’auto en solo est d’une autre époque. Il fallait faire le bond en avant. 

Oui, il faut trouver des solutions, que les gouvernements discutent. Surtout qu’on ne cesse de dire que plus jamais nous ne serons comme avant, sur le plan environnemental. Les gens veulent qu’on en fasse une vraie priorité. C’est du moins ce que disent les sondages.

C’est l’occasion de le démontrer. 

Autrement, on reviendra à la normale. Une normale qui ne tenait justement pas suffisamment compte de la réalité environnementale et sociale (santé, déplacements, trafic, etc.). 

Et on se dira qu’on aurait donc dû. Mais, réparer et corriger coûte beaucoup plus cher que de réfléchir et de poser les bons gestes dès le départ. 

Et ils le savent.

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