Une priorité prioritaire

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

LE dossier qui retiendra l’essentiel de l’attention et de l’énergie de l’appareil municipal, tant politique qu’administratif et technique, au cours des prochaines années, c’est sans aucun doute la mise en place du réseau structurant. D’accord. 

En ces temps où la critique est facile, où le gérant d’estrade se confond joyeusement avec le populiste démagogue, il devient difficile de garder le cap sur l’essentiel et la tête froide, d’être en mesure de distinguer l’erreur de l’anecdotique. On peut crier au scandale à chaque modification, chaque pépin, chaque erreur, mais il y a une seule chose de parfaitement prévisible dans la réalisation d’un si long et vaste chantier: il y aura des imprévus.

Ici, l’idée n’est pas de fermer les yeux ou de ne plus réagir, mais de garder la tête froide. Ça le dit : ça veut dire réfléchir avant de parler, ça veut dire se servir de sa raison, de son jugement. C’est difficile, parce qu’on parle de nos rues, nos milieux, notre argent. Néanmoins, déchirer sa chemise à la moindre occasion, outre coûter cher en chemises et en crédibilité, n’apporte strictement rien.

Pour avoir travaillé de près pendant quatre ans avec des ingénieurs et des urbanistes au municipal, il est assez rare qu’une équipe d’ingénieurs ou d’urbanistes se dise, un matin : « tiens, faisons exprès de se tromper! »

Au contraire, j’ai vu des professionnels dévoués et compétents à qui on demande, bien souvent, de faire « fitter un carré dans un rond », tout en voulant dépenser peu et en exigeant un résultat optimal, chic et de bon goût. La quadrature du cercle, en ingénierie, c’est pour eux un peu comme leur boîte à lunch. Classique.

Pour la suite des choses, ça prend du sérieux, de la compétence, de la rigueur et une grande concentration pour suivre le dossier pas-à-pas. Voilà ce qu’on doit attendre de tous ceux qui sont engagés dans ce chantier aussi stimulant que vertigineux, tant des politiciens que de la fonction publique, des partenaires, des professionnels, etc. Certes, il FAUT être exigeant, il faut demander des comptes et exiger des communications fréquentes. Les citoyens doivent se sentir inclus, écoutés et respectés.

En parlant à un collègue, il m’apprenait qu’il avait eu un dépassement de coût quand il a réalisé les pièces de son sous-sol. On imagine alors que sur 3 milliards $ dans les cartons, pour un projet déployé sur des années, les éléments qu’il faut pouvoir garder sous parfait contrôle sont autrement plus nombreux et complexes que quelques panneaux de gypse et des deux par quatre. Il y aura des ajustements, c’est inévitable.

Or, dès que le vent souffle un peu fort à Québec, les choses s’emballent. Le pont Laporte est obstrué quelques heures et voilà que le troisième lien devient aussi vital que l’air qu’on respire.

Du calme. On respire.

Et on garde les yeux fixés sur la cible. 

Exigeons du sérieux, de la rigueur, du jugement. Mais, exigeons-nous la même chose, en retour…

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