Émilie Clepper : Des splendeurs déchirantes

Émilie ClepperPhoto : Renaud Philippe

Émilie Clepper et La Grande Migration nous révèlent un versant inattendu de l’artiste québéco-texane. Émilie, pour cette incursion en chanson francophone, a ajouté un accent aigu à la première lettre de son prénom, et des accents graves dans sa voix déjà vibrante qui s’inscrit dans la lignée des Nina Simone.

Par Susy Turcotte

Ta grande complice dans cette aventure est Sara Garneau pour la collaboration aux textes.

Émilie Clepper : Nous sommes devenues amies à l’âge de cinq ans, à l’école primaire, et avons toujours partagé ensemble un univers créatif. Nos temps libres étaient consacrés à des activités artistiques : photographie, écriture, cadavres exquis, etc.  Au secondaire, on participait à des soirées littéraires dans les cafés. Pour mon album, on a construit un univers commun après vingt-cinq ans d’amitié.

Est-ce que tu te sens comme un oiseau entre deux destinations chéries?

É.C. : La migration fait partie de ma vie depuis que je suis toute petite. Par la force des choses, j’ai dû être un oiseau. J’ai dû apprendre à voir la poésie de la migration, parce que le biculturalisme faisait partie de ma vie, de mon identité. Il y a toujours une part de notre identité qui nous manque et on passe notre vie à migrer entre ces deux morceaux d’individualité.

Ciseler ton empreinte sonore a exigé des recherches.

É.C. : Des chanteuses comme Barbara, Piaf, Brigitte Fontaine et Juliette Gréco incarnaient l’émotion brute qui me touchait. Ces sons que j’aimais me faisaient sentir que la langue française était à l’apogée de sa beauté. C’est ainsi que je voulais interpréter la langue de Molière.

Autant j’étais émue par l’insoutenable tristesse qui teintait tes albums folk, autant je trouve bouleversantes tes chansons francophones qui plongent avec acuité vers la souffrance.

É.C. : J’ai eu une vie assez rocambolesque dès mon jeune âge. J’ai perdu beaucoup de gens que j’aimais et je pense qu’on peut sentir ça dans mes chansons : la perte, la douleur… Il n’y a rien de plus douloureux que de perdre ceux qu’on aime.

On remarque l’absence de la guitare, cet instrument que tu étreignais dans ta vie folk.

É.C. : Je voulais qu’il n’y ait aucune guitare sur l’album parce que je voulais qu’on se dépayse. Je ne voulais pas retomber dans le folk ni dans le son de la musique américaine. Je désirais une cassure pour ce passage vers le français. Je m’abandonne davantage à la voix, au chant, avec la sensation de me mettre davantage à nu.

«La chanson du monde» qui clôt l’album donne l’impression d’un envol.

É.C. : Cette pièce est une douceur. Sur l’album on aborde la folie, le deuil, la solitude, la dualité intérieure, des réalités avec lesquelles les gens ne sont pas toujours à l’aise. Et cette chanson arrive comme un cadeau, un apaisement, un hymne à la beauté du monde et de la vie. Elle évoque l’entente instantanée avec quelqu’un, l’amour salvateur.


Émilie Clepper fera son nid au Théâtre Petit-Champlain le 18 octobre pour laisser éclore ses nouvelles œuvres.

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