Jean-Michel Blais : Classique 2.0

Jean-Michel BlaisPhoto : Julie Bourassa

Montcalm — C’est devant un public extrêmement diversifié et décontracté, dans une salle Octave-Crémazie qui affichait complet, que s’est produit hier le jeune pianiste de 34 ans, Jean-Michel Blais. Celui-ci entame une tournée qui le mènera un peu partout au Canada et aux États-Unis, en plus de quelques dates en Europe.

Par Julie Bourassa

Après un accueil chaleureux et animé de la part des spectateurs vendus d’avance, la posture de Jean-Michel Blais, assis devant son piano dans une pose introspective, appelait au silence. La foule disciplinée s’est tue et la magie a pu débuter. Se rendant bien compte que personne n’osait même respirer, Blais a lancé «sentez-vous à l’aise d’exister!». C’est qu’il a l’habitude des bruits ambiants, ceux-là mêmes qui viennent ponctuer de vérité et d’humanité plusieurs de ses chansons : des pas, un bruit de toux, un klaxon.

Avec pour unique décor son piano ainsi que des éclairages sobres, pointés vers lui, l’éclat et les étincelles émanaient de sa musique et de sa personnalité si chaleureuse et attachante. Sachant que l’album «Dans ma main» a été enregistré la nuit, cette atmosphère me donnait l’impression de marcher dans la rue la nuit et d’être attirée par une lampe allumée éclairant à travers la fenêtre d’un appartement et d’assister presque secrètement à ce concert envoûtant.

Tel un DJ devant sa console, il manipule les boutons de son mini-ordinateur avec maîtrise, lui permettant d’ajouter cet enrobage électronique qui teinte si bien l’album de sonorités rappelant celles des années 80 et 90, un peu à la Stranger Things. Ce qui pouvait légèrement m’agacer à l’écoute du disque rend les pièces extrêmement dynamiques sur scène maintenant notre attention du début à la fin de ce court, mais très bien rempli, spectacle. La pièce qui a d’ailleurs été la plus chaudement applaudie présentait les sonorités électroniques les plus énergiques. Au risque de me tromper (Jean-Michel saura assurément me pardonner), je crois que c’était la pièce Hypocrite, tirée de l’album Cascades.

Cette passion, voir obsession de superposer les sons, de mélanger les genres lui est venue dès son plus jeune âge alors qu’il jouait de l’orgue, lequel captait aussi la radio qui venait se superposer aux pièces qu’il interprétait. Cherchant à repousser les limites de son piano, à l’utiliser à son plein potentiel, il n’hésite pas à pincer et à gratter les cordes afin de produire des sons plus graves, allant à l’encontre des codes de la musique classique qui, visiblement, ne s’appliquent pas à lui.

Charmeur

Avec son humour si naturel, il a su charmer son public à chacune de ses interventions, simplement en étant lui, ce musicien passionné et volontaire, prêt à embarquer son public dans son univers musical. Très heureux et touché par ce si bel accueil, Blais a remercié à plusieurs reprises son public. Les gens étaient d’ailleurs fort nombreux à aller lui faire un brin de jasette après le spectacle, lui qui s’est rendu disponible alors que les dernières notes du spectacle résonnaient encore dans la salle.

Si sa musique lui permet de contrôler ses tics nerveux provenant du syndrome de Tourette dont il souffre depuis son très jeune âge, elle a également sur nous un effet apaisant, quasi thérapeutique. On s’y abandonne sans même y réfléchir, faisant confiance à cette aventure qui nous est proposée.

Supplémentaire

Le Grand Théâtre de Québec a déjà annoncé une supplémentaire de ce spectacle qui se tiendra le 19 février 2019. Le 17 septembre prochain, Jean-Michel Blais aura également l’honneur de jouer au gala du Polaris Music Prize. Le pianiste se trouve parmi les 10 finalistes en lice.

Commentez sur "Jean-Michel Blais : Classique 2.0"

Laissez un commentaire

Votre courriel ne sera pas publié.


*


Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.