Sophie Faucher : Célébrer la vie

Sophie FaucherPhoto : Caroline Laberge

Sophie Faucher est totalement imprégnée de l’œuvre de Frida Kahlo. Elle avait déjà saisi de l’intérieur cette femme quand elle l’a incarnée dans une pièce portant sur la vie de la peintre mexicaine, «Apasionada ou La Casa Azul», dont Robert Lepage avait signé la mise en scène. Le Musée national des beaux-arts du Québec l’a invitée à créer une performance il y a quelques années. «Frida Kahlo Correspondance» a jailli du même geyser qui nourrit Sophie Faucher depuis plus d’une décennie. Ce spectacle témoigne d’une soudure invisible entre Sophie et Frida, s’ancrant aux mots de l’icône mexicaine.

Par Marie-Claude Boileau

Cette carte blanche que vous offrait le Musée était une nouvelle occasion de retrouvailles avec Frida, révélant sa merveilleuse écriture. 

Sophie Faucher : Je ne désirais pas présenter une lecture de ma pièce, je préférais inventer autre chose. La correspondance avait été éditée. J’ai lu tout ce que Frida a écrit. J’ai proposé un montage de textes. J’ai fait une recherche musicale, je tenais à faire entendre ce que Frida écoutait à l’époque, la musique traditionnelle de Frida.

La lecture de ses écrits intimes, ses correspondances, fut une révélation.

S.F. : Lire son journal intime paru en 1995 aux éditions du Chêne a été un grand choc, choc qui se perpétue. Frida se livrait dans ces pages avec vérité et ardeur. Elle écrivait merveilleusement, et parfois alors même qu’elle récupérait de certaines interventions chirurgicales. Donc, on peut imaginer facilement qu’elle était sous emprise de morphine ou de drogue. Mais peu importe, elle avait une vraie plume. Et surtout si l’on aime les dessins, on perçoit le parfait équilibre entre l’image et les mots. Tout d’un coup, il y a une tache d’encre qui apparaît sur la page, et avec Frida, ça devient d’un côté un oiseau, ça devient des pas qui s’éloignent, ça devient des formes bizarres, étranges, inquiétantes parfois.

S.T. : Vous avez laissé libre cours à votre créativité.

S.F. : J’ai fait bâtir le cadre avec les rétroprojections. Depuis la création à Québec, j’ai fait signe aux mariachis. J’ai aussi fait confectionner un costume à Mexico, pour avoir les vraies broderies.

S.T. : La présence des Mariachis Figueroa porte quelle résonance?

S.F. : Je voulais ce «clash» musical. Cette musique m’a toujours fait rire. C’est si fort, et en même temps, ça devient irrésistible quand on commence à bien connaître ce que font les mariachis, leurs voix, leur tonus, leurs costumes. Ils y vont à pleins poumons. J’adore ça. On est dans ce pays de contrastes où tout se juxtapose : la vie, la mort, la joie, la peine. Ils sont très honorés que je leur raconte une icône de leur pays.

S.T. : Vous racontez que ce que Frida vous a infusé, c’est beaucoup l’élan de vie et le courage.

S.F. : Le courage de faire face, le fait de ne pas se laisser crouler au moindre souci, à la moindre contrainte, à la moindre douleur. Et puis une conscience aiguë qu’on est de passage sur terre, que tout ce tourbillon-là, ça va s’arrêter. Il importe de profiter au maximum de l’existence. Aujourd’hui, il fait beau, c’est le printemps, le ciel est bleu. L’air est bon, on saisit ce moment, car on ne sait jamais ce qui peut arriver. Il y a cette fragilité de la vie qui s’allie à la force, et qui me plaît bien chez Frida. Sa vitalité me touche.


Une pensée habite constamment Sophie Faucher : «Si Frida vivait et qu’elle venait voir ce que je présente sur elle, est-ce qu’elle serait contente?» Multiple et changeante, la comédienne fera vibrer la parole puissante de Frida Kahlo le 20 avril au Théâtre Petit-Champlain et en supplémentaire le 20 octobre. Elle sera aussi de passage au Salon du livre les 12 et 13 avril, à titre d’auteure de deux livres jeunesse consacrés à Frida; elle sera accompagnée de l’illustratrice Cara Carmina.

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