La patinoire des rêves brisés

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

La semaine dernière, je suis allé patiner avec ma fille et ma blonde. Nous avons profité de l’occasion pour visiter la nouvelle patinoire de la place Jean-Béliveau. Il fait doux, nous venons de souper, c’est samedi soir et le Carnaval débute. Nous partons en voiture, car de la 3e Rue, le site est un peu loin pour une enfant de cinq ans.

Après avoir viraillé durant quinze minutes, car les indications pour se stationner sont inexistantes, nous arrivons sur les lieux. Constat : l’endroit est désert. Il est 19h15 et de poétiques petits flocons nous chatouillent le nez. Aucun employé ne semble sur place et l’immense vestiaire des patineurs est vide. Ce n’est pas des farces, ça en est presque gênant. C’est à se demander si nous ne sommes pas dans l’illégalité, tellement la place est tranquille.

Nous enfilons nos patins et nous sortons à l’extérieur, où nous découvrons deux autres personnes assises sur des chaises, près des foyers au gaz. Nous sommes cinq à nous partager la glace de la place Jean-Béliveau. Le puissant système de son crache à tue-tête la musique et les pubs de Rouge FM, au point que nous avons peine à nous entendre. Après un moment de ce bonheur pas si paisible, ma fille se tanne et nous retraitons vers le vestiaire. Celui-ci est toujours aussi vide que la colonne des profits du centre Vidéotron. Ah! Je vois enfin un employé de la ville, qui est attablé dans un bureau et qui n’a d’yeux que pour son iPhone. Il porte des écouteurs, si bien que je dois m’adresser à lui trois fois, en crescendo, pour qu’il me réponde. Je le dérange visiblement. Je lui demande s’il y a toujours si peu de gens? «Effectivement, il n’y a pas beaucoup de monde, me répond-il, mais c’est seulement la première année que nous sommes ouverts», précise-t-il avant de retourner à son addiction.

Si à la première année de la patinoire, après autant de publicité, on n’attire personne, qu’est-ce que ce sera dans quatre ans?, me dis-je. «Une chance que le cerf de la statue de Cooke Sasseville voit son reflet, car il se sentirait bien seul, le pauvre, au milieu de la patinoire», que je ne peux m’empêcher de philosopher.

Pour ceux que ça intéresse, la patinoire de la place Jean-Béliveau est très belle et la glace y est de qualité. Elle me semble plus grande que celle de place d’Youville. Nous y sommes même retournés le lendemain en matinée et une dizaine de personnes y évoluaient à ce moment. Ça ne se compare toutefois aucunement à ce qu’on peut observer à place d’Youville, à la Pointe-aux-Lièvres ou sur les Plaines, comme fréquentation. Ma ville aurait-elle accouché d’un autre éléphant blanc? J’espère que non et l’avenir seul le dira. N’empêche, il est encore temps. Alors un petit coup de cœur. Québécoises, Québécoises et les autres, enfilez vos patins et rendez-vous nombreux sur la patinoire de la place Jean-Béliveau. Vous éviterez ainsi à nos élus l’odieux d’avoir encore une fois dépensé des centaines de milliers de dollars pour rien.

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