Un train pour nulle part

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Je suis plutôt favorable au SRB. En fait, je trouve que c’est un projet pertinent et, même si je préfère souvent marcher plutôt que de prendre l’autobus. J’y vois du positif. Après tout, l’avenir n’est-il pas au transport en commun?

Le problème du SRB, c’est que même les gens qui sont pour comme moi ne le sont pas tant que ça. Et c’est à cause du tracé complètement pas rapport qu’on souhaite lui faire emprunter. La plupart des observateurs -et selon la logique Vulcaine- auraient souhaité que les tracés Métrobus du RTC se transforment résolument en SRB sur plusieurs années sans qu’on défigure la ville pendant huit ans. Pourtant, ce n’est pas ce qui va se passer.

Notre «tram-trottobus» passera par la basse-ville et le boulevard Charest et il le fera souvent dans des zones où personne n’habite comme en bas de la côte Saint-Sacrement. Je ne sais pas trop comment définir ça, mais notre bon maire et ses acolytes font une obsession de revitaliser des secteurs où il n’y a pas un chat qui miaule. Rien de mal là-dedans… pour une ville qui se développe comme Jakarta ou Ouagadougou. Le problème ici est qu’avec notre croissance de population anémique ça risque de faire en sorte qu’on développe de nouveaux pôles au détriment de ceux qui existent déjà. Encore une fois, on va déshabiller Emerick pour habiller Pierrick, mais on va laisser inchangé le compte de taxes d’Emerick. À la longue, ça devient une spécialité pour notre ville qui se croit toujours plus grosse qu’elle ne l’est de faire des gestes stériles qui ne donnent en fin de compte… Rien.

Je comprends les vœux des élus de vouloir récolter plus de taxe en créant de nouvelles zones de construction. Par contre, vous en connaissez beaucoup vous des gens qui vont choisir leur futur lieu de résidence en fonction d’un SRB qui va y passer dans 12 ans? La plupart des experts s’entendent tout comme les chroniqueurs dans les journaux. Le public comme moi est perplexe, mais on s’obstine à vouloir faire passer le SRB par le néant. Au lieu de vouloir refaire le visage de la ville, on aurait pu y aller par étape et simplement isoler un parcours du RTC dans des corridors fait avec de simples blocs de béton, pour voir si la formule obtenait un tant soit peu l’adhésion de la population. Mais non, ça nous prenait un projet pharaonique qui va mécontenter les gens en plus de leur vider les poches.

Mieux vaut peut-être en rire? Alors, je me prépare déjà des blagues de mononcle que je pourrai lancer au conducteur du SRB quand je serai à la retraite et que je prendrai place à bord pour une première fois en 2037 : «Chauffeur svp! Amenez-moi donc nulle part!»

Commentez sur "Un train pour nulle part"

Laissez un commentaire

Votre courriel ne sera pas publié.


*


Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.