L’art de mettre la charrue avant les boeufs

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Cet automne, je me suis rendu à trois reprises sur le futur site de la place Jean-Béliveau. Je suis allé y faire un tour avec ma fille, même si c’est un peu loin de chez moi. Il y avait des jeux pour enfants pas très entretenus, qui tombaient en lambeaux. Ma fille adore les parcs et je voulais lui montrer celui-là avant qu’il ne disparaisse sous les pics des démolisseurs pour renaître sous la forme d’un méga parc avec statue, patinoire, marché public, etc. Toujours est-il que nous étions seuls à nous y amuser. Pas l’ombre d’un chevreuil ne s’y est pointée… Normal, me suis-je dit en observant autour de moi, personne n’habite proche.

Quand on s’y arrête, l’endroit est bordé par une autoroute à l’ouest, une «track» de chemin de fer au nord et le terrain à moitié vague près du Patro Roc-Amadour à l’est.

En fait, il n’y a qu’au sud qu’on trouve de «vrais» habitants. Et encore, puisqu’une bonne partie de cette zone est tamponnée par des installations commerciales. Pour accéder au parc, les résidents devront traverser le boulevard Hamel qui, fût-il urbain, demeure un boulevard pour accéder à l’endroit qu’on nous promet grandiose. Il faudra faire des efforts et les efforts, c’est bien connu, les gens n’aiment pas en faire. Malgré ce constat, plutôt incontestable, le désir d’animer les alentours du centre Vidéotron obsède notre administration au point que ça défie la logique. On souhaite que l’endroit devienne achalandé comme les plaines pour justifier la construction d’un aréna dont on n’avait moins besoin que d’un troisième pont.

La plupart des gens ne voient absolument pas la pertinence d’établir un marché public à cet endroit. Les marchands n’en voient pas la pertinence. Les habitants du coin n’en voient pas la pertinence. Les magasineurs de banlieue n’en voient pas la pertinence. Ça fait du monde en «mautadit» qui doute. En fait, il n’y a qu’à l’hôtel de ville où l’on trouve des gens qui y voient du bon. Le maigre parc qui existait avant était toujours désert alors il serait surprenant que les masses se garrochent là dans le futur.

Alors que la Ville s’apprête à engager des millions dans une aventure qui selon toute vraisemblance risque de la doter d’un autre éléphant blanc, il est peut-être temps qu’on mette la pédale douce sur cette initiative, dont le seul but est de créer de l’animation autour du centre «vide». C’est comme si l’on n’apprenait jamais de nos erreurs, mais il me semble qu’on place encore une fois la charrue avant les boeufs. D’habitude dans la vie, on crée un parc, où on le refait quand ça devient nécessaire parce qu’il est fréquenté. Je sais, ce n’est peut-être pas très sexy, mais au moins, ça nous laisse de l’argent pour que les trottoirs soient déneigés.

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