Le prix de la fierté

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Je suis un modeste propriétaire d’immeubles depuis un moment déjà. N’ayant pas de fonds de pension, je tente ainsi d’assurer mes vieux jours et ceux de ma famille. Malgré ce que mon ami Régis maintient quand il est de bonne humeur, j’affirme que le marché immobilier ne va pas si bien que ça dans les quartiers centraux de Québec.

En tant que propriétaire, je me suis toujours efforcé d’entretenir mes logements pour qu’ils soient propres et décents, mais depuis quelques années, je sens un important ralentissement du marché locatif. Lorsqu’un de mes appartements se libère, il est désormais libre plus longtemps. La qualité des locataires laisse souvent à désirer et certains ne paient carrément plus au bout de quelques mois. C’est alors un véritable chiard de les mettre à la porte. Bien sûr, j’ai quelques bons locataires, mais ceux-ci ne sont pas légion. La Régie du logement avantage les mauvais payeurs et ses délais leur permettent de demeurer environ trois mois dans un appartement avant qu’on puisse les expulser.

Pourtant, la valeur des immeubles augmente sans arrêt. Par exemple, le duplex que j’habite est passé successivement de 139 000$ à 186 000$, puis à 244 000$ avec les trois rôles précédents. Ce qui a entraîné de fortes hausses de taxes. Sa valeur est maintenant estimée à 294 000$, soit une augmentation de plus de 155 000$ depuis son acquisition en 2009. À l’époque, je l’ai payé et je le paie encore, car il est hypothéqué (bien sûr!) à 200 000$. Pourtant, si je désirais le vendre maintenant, je ne vois pas comment je pourrais vraiment en obtenir plus de 230 000$ sur le marché actuel.

Mon quartier est fortement pollué et je considère que la ville surévalue les propriétés dans ce secteur. Ma maison date de 1890, je l’entretiens le mieux possible, mais ça coûte cher et on ne fait pas du neuf avec du vieux…

La surabondance de logements sociaux fait en sorte que plusieurs locataires désertent les appartements bas de gamme, pour des neufs qui coûtent le tiers du prix parce qu’ils sont subventionnés. Chaque fois que j’entends des politiciens promettre plus de logements sociaux, je rage. Pour aller chercher des votes, on s’immisce dans un marché fragile et on complique la vie des petits propriétaires comme moi. Je passe ici outre les centaines de condos qui ne trouvent pas preneurs et que les constructeurs se résolvent à louer ce qui complique également la tâche des propriétaires de logements.

Pourquoi les évaluations municipales augmentent-elles à ce point depuis six ans? On nous a servi que c’était pour refléter la réalité du marché, mais maintenant c’est le contraire. À peu près plus personne ne vend une propriété au prix de son évaluation, souvent c’est bien en deçà de cette valeur.  Il faudrait peut-être en tenir compte dans le prochain rôle non?

C’est vrai, j’oubliais, on a un bel aréna tout neuf qui fait notre fierté à payer. Il faut bien que la ville prenne son argent quelque part pour assumer sa part.

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