Perdus dans l’espace

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Je suis un enfant de la banlieue. J’ai grandi à Loretteville et j’y garde de bons souvenirs.

Toutefois, quand je repense à cette époque bénie, je me rappelle que sur le terrain avant de notre maison de cette rue qui s’appelle maintenant Louis IX, on ne faisait pas grand-chose. Bien sûr, comme tout le monde, on ramassait les feuilles et l’on tondait notre gazon, mais rarement s’assoyait-on sur notre galerie avant qui était pourtant immense. Résidant maintenant au centre-ville, je me demande à quoi sert le terrain avant d’une maison de banlieue?

Chaque fois que je rends visite à mes amis qui habitent Beauport, Charlesbourg ou Sainte-Foy, je suis sidéré de voir à quel point cet espace est gaspillé. Prenez Lebourgneuf avec ses nouveaux développements à la mode. Chaque habitation est stratégiquement placée à 5 ou 8 mètres de la chaussée. Que d’espace perdu, quand on considère que le terrain avant d’une maison de banlieue n’a généralement qu’une fonction décorative. Les habitants de la demeure n’y font généralement pas grand-chose, comme nous, à l’époque.

La plupart des gens préfèrent vivre derrière leur maison et on les comprend. C’est là qu’on retrouve généralement les piscines, les terrasses, les barbecues et les jeux pour les enfants. Les gens sont aussi moins gênés de se promener en bedaine.

Tout ça pour dire que les devantures de maisons en banlieue sont un incroyable gaspillage d’espace. En faisant un calcul qui n’a rien de trop scientifique, je conclus que si on rapprochait les maisons de la rue, comme c’est le cas en ville, on n’aurait pas besoin d’avoir une ville aussi étendue. Les terrains avant de banlieue sont souvent très léchés, avec des arrangements floraux et de l’interbloc, mais à part d’avoir une fonction décorative, ou de démontrer la richesse du propriétaire, ils n’ont pas vraiment d’utilité.

Mon ami, Alex, me faisait remarquer qu’on peut y souffler la neige l’hiver, mais d’après moi, ça coûte quand même plus cher de déplacer de la neige sur des kilomètres et des kilomètres de banlieue que de la mettre dans des camions au centre-ville sur une distance plus courte.

J’ai un autre ami qui passe son temps à arracher des pissenlits sur son terrain avant pour ne pas le «laisser aller», comme il dit. Dans la rue des Anciens-Canadiens, où il habite, si un propriétaire n’entretient pas son terrain adéquatement, il risque d’être mal vu par les autres.

Étrange aussi de constater que les gens de la ville sortent souvent s’asseoir sur leur balcon qui est souvent tout petit, alors que ceux qui vivent en banlieue n’utilisent pratiquement pas les immenses terrains avant dont ils disposent. Morale de l’histoire : on apprécie probablement beaucoup plus l’espace quand on n’en a pas que quand on en a trop.

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