Du 20 au 31 décembre, La Vierge folle présente Peter Pan (de poche) dans les voûtes de la Maison Chevalier. Une création intime, inventive et chaleureuse, pensée pour les enfants… et parfaitement assumée pour les adultes qui les accompagnent.
À l’heure où le Petit-Champlain s’éveille encore sous la neige, les Voûtes de la Maison Chevalier accueillent un public inhabituel : des enfants installés au premier rang, des parents en retrait, et des gâteaux partagés pour bien commencer l’histoire. L’ambiance est immédiatement chaleureuse, presque domestique… C’est une parfaite matinée de vacances où l’on se rassemble pour écouter un conte.
La Vierge folle, qui célèbre cette année son 15e anniversaire, propose une adaptation “de poche” du classique de J.M. Barrie. Un format fidèle à sa signature : proximité, humour, poésie et grande attention à la relation scène-public.
Une distribution complice autour d’un coffre à trésor
Le cœur du dispositif repose sur une simple malle posée au centre de la salle. Les interprètes y puisent costumes et accessoires pour faire surgir la famille Darling, les Garçons perdus, les pirates ou Nana, incarnée par une paire de chaussettes d’hiver. Tout se joue à vue : les comédiens glissent d’un personnage à l’autre, sous les yeux amusés du jeune public.
Sarah Villeneuve-Desjardins assume la narration avec une grande douceur, tandis que Steven Lee Potvin passe du père Darling à un Peter Pan vif et attachant. Valérie Laroche, d’une finesse remarquable, alterne entre la mère tendre et un Capitaine Crochet exubérant qui déclenche des éclats de rire et aussi un peu la peur. Leur complicité donne au spectacle son énergie première : celle d’un jeu collectif où chacun invente, improvise, rebondit.
Des chansons originales et une atmosphère artisanale
Les mélodies de Frédéric Brunet, interprétées avec des instruments simples (xylophone, flûte, guitare acoustique), ajoutent une touche de délicatesse. Loin d’être anecdotiques, elles rythment les scènes, soutiennent les transitions et participent au climat lumineux du spectacle.
Cette économie de moyens, assumée et maîtrisée, devient un véritable moteur d’imaginaire. Une planche à roulettes permet de nager en pleine mer, une lumière au bout d’un pouce devient la fée Clochette, un chapeau suffit pour redevenir enfant. Les spectateurs, jeunes comme adultes, sont invités à combler les interstices. Le théâtre retrouve ici sa forme la plus simple : un espace où l’on joue pour raconter.
Un public partie prenante de l’histoire
Le quatrième mur est quasi inexistant. Les imprévus sont accueillis avec humour, les adresses au public sont fréquentes et les enfants participent activement. L’un des moments forts s’annonce lorsque Peter Pan demande à la salle si elle croit en Clochette. Et les enfants y croient. Clochette sera sauvée. Un moment touchant, qui rappelle que l’imaginaire collective est l’une des plus belles forces du théâtre jeunesse.
Grandir, un thème abordé avec nuance
Si la mise en scène adopte un ton ludique, elle n’élude pas les thèmes centraux de Peter Pan : la fin de l’enfance, la nostalgie, les premiers élans amoureux. Wendy, ici, apparaît comme la figure du passage, prête à grandir là où Peter refuse de céder au temps. La mère et Crochet incarnent, chacun à leur manière, le monde adulte qui attend les enfants au détour d’un baiser ou d’une décision.
Le charme des productions sans grands moyens
Dans un paysage culturel où les superproductions dominent souvent la saison des Fêtes, Peter Pan (de poche) rappelle la puissance d’un spectacle minimaliste. La magie n’y vient pas de machineries costaud ni d’effets spectaculaires, mais du plaisir simple de raconter ensemble une histoire connue. Cette approche artisanale capte mieux qu’aucune overdose visuelle l’essence même du conte : la transmission, l’écoute, l’imaginaire partagé.
La Vierge folle signe un spectacle tendre, drôle et intelligent, qui respecte pleinement le jeune public tout en offrant aux adultes une véritable expérience théâtrale. Une belle manière de renouer avec la magie de l’enfance, sans artifice inutile.

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