Un bon ami m’appelle et me demande, direct : « c’est-tu moi où c’est la campagne la plus sale qu’on a jamais vue à Québec? »
Une chronique de David Lemelin
Tout de suite, j’ai répondu : « non ». Je lui ai expliqué qu’en 2013, j’étais au cœur de l’affaire et que ça jouait extrêmement dur. En somme, ça joue toujours très très dur en campagne électorale.
De fait, quand on est derrière un candidat ou un parti, qu’on y croit plus que les fois précédentes, le jugement est sans doute différent. On a probablement toujours le sentiment que c’est plus sale que jamais. Mais, en réalité, les campagnes sont toujours dures. Des pancartes arrachées, des affiches salies au feutre noir... c’est malheureusement courant, au municipal, au provincial, au fédéral. On pourrait remonter loin dans le temps et rappeler qu’à une certaine époque, on vous menaçait physiquement à l’entrée des bureaux de vote…
Mais, revenons à 2025. Ce qui frappe et qui est différent, c’est l’intensité sur les réseaux sociaux. Ça, faut l’avouer : on est ailleurs.
Ce n’est pas unique à Québec. Ce qu’on constate, depuis quelques années, c’est une tendance qui se dessine. Avec les réseaux sociaux, le niveau d’attaques personnelles dépasse ce qu’un humain normal peut endurer. On le voit : ils sont de plus en plus nombreux à quitter la politique municipale (maires ou conseillers) avant même d’avoir terminé. Plusieurs ne se représentent pas À CAUSE des attaques sur les réseaux sociaux et la pression des médias. Et combien vont simplement refuser de se présenter pour éviter de se taper tout ça…
C’est là qu’on est rendu. C’est brutal, c’est incessant, c’est personnel.
Les idées? Euh… ouais, euh… hein, quoi?
Si internet nous donne plus facilement que jamais accès aux informations, il est paradoxalement plus difficile de se faire une tête froidement. Sur les réseaux, les opinions sont tranchantes, on mitraille les insultes contre l’autre camp… c’est pas beau.
C’est de plus en plus difficile de débattre sereinement des idées ou même de débattre tout court. C’est comme si, d’un côté, on s’attendait à des combats de gladiateurs avec du sang quand il y a un débat entre les candidats (on lit des trucs du genre sur les réseaux ou les médias : « c’est plate, y’a pas eu de K.O.! ») et de l’autre, alors qu’on essaie de se concentrer sur les idées, on va voir l’attention déviée vers des histoires personnelles qui n’ont pas l’intérêt qu’on voudrait bien nous faire croire.
Finalement, oui, c’est sale. Comme toujours. C’est plus intense sur les réseaux, c’est indéniable. En cela, je salue, une fois de plus, le courage et l’engagement de celles et ceux qui osent se présenter, en dépit de tout ça. Mais, il y a quand même des moments de bonheur pendant cette campagne, à commencer par plusieurs publications vidéo de candidats qui sont franchement positives et inspirantes. On y dévoile des engagements, on précise des idées, on parle au monde… on aime!
Une mention spéciale à Jackie Smith qui croit à l’indépendance du Québec, sans détour, sans niaisage. Une anglophone, les amis, qui nous regarde dans les yeux et qui nous dit que nous sommes rendus à nous doter d’un pays…
Ça m’a ému.


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